Nouvel envol pour Slimane déployant ses « Chroniques d’un Cupidon ». Un disque d’amoureux de l’amour au sens large aussi intense que dévastateur. Un artiste visant les coeurs à coup de ballades poétiques et hits fédérateurs autour de ce sentiment universel déclinable à l’infini. Chronique musicale.

Slimane - Chroniques d'un Cupidon - Sentimental -

À la folie, pas du tout…

Un million d’exemplaires à son actif et une incroyable success-story pour l’album « VersuS» en duo avec Vitaa. Mais c’est à nouveau seul que Slimane revient livrer ses « Chroniques d’un Cupidon ». « ça y est j’ai des tubes mais j’repars à zéro, prête-moi ta plume pour revenir en solo » s’exclame d’ailleurs cet « Enfant de la lune » sur l’air d’une célèbre comptine. Avant d’entrer dans le vif du sujet avec « La recette » poignante d’un couple tourmenté. La sienne reste la même. Un peu de hits radiophoniques, beaucoup de poésie interprétée passionnément. Un Dieu de l’amour livrant sa propre vision du sujet tout en racontant magnifiquement des histoires fédératrices. Un angelot visant les âmes à coup de flèches familiales, amicales et charnelles avec parfois son lot de déception et douleurs. Sans pour autant être répétitif que ce soit dans les thèmatiques ou sonorités. Un grand « Sentimental » tirant dans le mille avec cette tendre déclaration romantique. « J’te f’rai pas d’bobo laisse moi dodo, pose toi dans mes bras j’suis là » murmure-t-il d’un air réconfortant. Cueillant délicatement « Les roses du Bois de Boulogne» d’une ballade acoustique sur ces travailleuses du sexe rêvant elles aussi à l’âme sœur. Passant d’un piste à l’autre de la couleur passion à la noirceur de ses tourments amoureux. Des maux encore à vif dont il se libère derrière son piano tout au long du déchirant « Toi ». « On s’fait du bien, puis on s’fait du mal, On s’fait la cour puis on se fait du sale, J’pensais pour deux non j’pensais plus qu’à ma gueule, Tu m’a mis le feu pour me laisser tout seul » clame-t-il avec intensité sur cette pépite passionnelle emprunt de spleen. Avant de lancer une « Mise à jour » complète, totalement abattu par les allers et venues d’une ancienne histoire. Un(e) ex auquel il s’adresse avec désarroi et poigne dans une ambiance orageuse. « C’est juste une mise à jour, Mais tu m’as mis à mort, Regarde-moi mon amour, Cupidon est mort » bouleverse-t-il. Se demandant si sa nostalgie est partagée sur le doux « Si je m’en allais ». Finalement résolu à « Claquer la porte » au nez de cet éternel recommencement. Bien décidé à dire « Bye Bye » aux ruptures, tromperies et désillusions en arrachant les restes d’épines de son coeur anciennement fané.

Slimane - Chroniques d'un Cupidon -

L’amour avec un grand A

Un artiste qui fend « L’armure » à travers des chansons plus personnelles que jamais. À l’instar de cette déclaration dédiée à sa sœur. Un grand frère et fils protecteur rendant un hommage bouleversant à sa maman atteinte d’une maladie lui faisant perdre la vue. « Dans ma tête je prends des photos, J’les range comme un dernier cadeau, Que j’servirai sur un plateau, Le jour d’après » raconte-t-il effrayé à l’idée de la savoir un jour «Dans le noir » total. Un album photo familial déjà bien rempli de clichés de sa fille Esmeralda à qui ce jeune papa comblé envoie « Des milliers de je t’aime ». Un bébé bonheur qu’il berce de cette pépite piano voix des plus saisissante. « Plus besoin de chercher, plus besoin je t’ai trouvée, C’n’est rien, tout le mal qu’on m’a fait, je t’ai trouvée, Je pensais tout savoir de l’amour, mais ce n’est pas vrai, Si je les aimais fort, toi, c’est beaucoup plus fort » lui adresse-t-il enfin apaisé par cet amour sincère et infini. Désormais d’avantage convaincu que malgré les épreuves « La vie est belle ». « J’ai des océans dans les yeux, Depuis petits, j’suis pas comme eux, Mais quand tu m’dis qu’la vie est belle, Je sais, c’est toi qu’as raison, maman » reconnaît-t-il en duo avec Soprano. Protégeant les siens du mauvais œil en faisant la « Khamsa », symbole de la main représentant un cinq.
Des racines auxquelles il se reconnecte au cours du fraternel « Chez toi » où Claudio Capéo et lui se remémorent leurs souvenirs de jeunesse et rêves d’artiste. Des confessions plus positives et légères traduites par des sonorités entêtantes rythmants ces trois autres collaborations féminines. Que ce soit « Les amants de la colline» qu’il incarne au bras de La Zarra, une légère « Maladie » d’amour qui met en lumière Lyna Mahyem une jeune révélation ou « Zina » au refrain en arabe avec la chanteuse marocaine Manal.
Un éternel écorché vif finalement rattrapé par son naturel et ses « Peurs » les plus profondes qu’il effeuille sur cette ultime piste. Peur de ce monde, d’aimer trop fort, de perdre un être cher ou de la panne de l’écriture, une crainte partagée par son public définitivement transpercé.

DROUIN ALICIA