Suite à notre premier regard sur Art Paris 2022 (voir l’article), SYMA News vous propose la suite de sa sélection d’artistes et de galeries.

Les modernes sont aussi présents !

Malgré toutes les oeuvres contemporaines du salon, la Galerie Traits Noirs est demeurée fidèle à l’art du siècle dernier. Parmi son bel éventail graphique se distinguaient un rare dessin sur papier de Fernand Léger dans des dégradés de gris d’une très grande finesse (Femme Assise – 1932) ainsi qu’un portrait de la comédienne américaine Dusty Negulesco réalisé en 1949 par Bernard Buffet.

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Fernand Léger – Femme assise – Dessin – 1932 – (Galerie Traits Noirs)

Les fans de Basquiat ont également été ravis de pouvoir dénicher un pastel gras des années 90 qui laissait apparaitre le “crâne signature” de l’enfant prodige au coeur d’une immense page blanche.

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Valeurs sures

Comme chaque année, l’Opera Gallery est revenue avec des valeurs sures à l’exemple des sculptures lumineuses d’Anthony James, des Ménines de Manolo Valdes, des créations en papier Hanji de Chun Kwan-Young ou des portraits floués du peintre suisse Andy Denzler

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Andy Denzler : Girl Standing with Pink Top – 2017 (Opera Gallery)

Pour ceux qui ne la connaissent pas, la technique picturale d’Andy Denzler est aussi séduisante que particulière. Très attaché au portrait et à la figure humaine, cet artiste suisse a pour habitude de “balayer” à l’horizontale certaines zones de ses peintures afin de créer des effets de distorsion à la surface de la toile. Il en découle un côté spectral et sourd qui suspend le temps et place le spectateur dans une étrange sensation d’arrêt sur image.

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Halo de Fred Eerdekens – 2017 (Opera Gallery)

Plus ludiques, les oeuvres en cuivre de Fred Eerdekens nous transportent dans un univers à la fois humoristique et cérébral : par le biais de lumières, ces sculptures ondulantes font apparaitre des mots sur les murs en ombre portée. Une très belle “réflexion” !

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Cho Sung-Hee : light red blossom – 2021 (Opera Gallery)

Mention spéciale à la merveilleuse composition fleurie de Cho Sung-Hee : cette artiste coréenne créée des paysages oniriques formés d’une multitude de petits cercles découpés à la main dans du “Hanji” traditionnel, issu de l’écorce de murier. À travers l’explosion chromatique et végétale de ces élégants massifs de papier se décèle un travail laborieux, un gout évident pour la minutie ainsi qu’une allégresse communicante.

Sculpture et photo à la Galerie Trigano

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Philippe Hiquily – Sylvia – Bronze patiné – 1994 – (Galerie Patrice Trigano)

La Galerie Patrice Trigano a mis Philippe Hiquily à l’honneur à travers une vingtaine de ses sculptures. Réalisés en bronze patiné, ces personnages nous rappellent inconsciemment les figures féminines de l’art cycladique : avec leurs têtes géométrisées, leur épure et leur corps stylisés, elles nous font songer à de gracieuses idoles antiques.

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Lucien Clergue – Habillé de Lumière – Tirage argentique – 2002 – (Galerie Trigano)

La photo était aussi mise en avant sur ce stand à travers les nus de Lucien Clergue que nous avions déja remarqués en 2021. Avec sensualité et fantaisie, ce photographe esthétise ses modèles grâce à de très beaux jeux d’ombres et de lumières. 

Plus contemporain

Présente à Art Paris 2021 et à la Biennale du Grand Palais Éphémère, la Galerie Françoise Livinec continue de défendre ses artistes fétiches venus des quatre coins du monde. Entre les lavis mégalithiques de Loïc Le Groumellec et les portraits de Marjane Satrapi, on craque de nouveau sur les étonnantes compositions pop et acidulées de la coréenne Hur Kyung-Ae

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Hur Kyung-Ae (Galerie Françoise Livinec)

Un peu de figuratif !

Créée en 2019, la galerie By Lara Sedbon soutient les plasticiens français se singularisant par leur technicité et leur rapport au travail de création. Le lien entre la dimension contemporaine de l’œuvre et une certaine forme d’archaïsme constitue la ligne de programmation de cette jeune galerie. Parmi sa sélection, nous avons particulièrement apprécié les huiles sur lin de Rebecca Brodskis.

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Rebecca Brodskis (Galerie By Lara Sedbon)

Issue des Beaux-Arts de Paris et de Central St. Martins, cette artiste française s’intéresse à l’impact du social sur l’individu. La plupart de ses toiles portraiturent des jeunes filles aux yeux mélancoliques et aux mouvements plein de grâce. Optant pour un travail en aplats de couleurs, Rebecca Brodskis s’attache au langage des mains et à celui des corps qu’elle décline dans des chromatiques d’une belle vivacité. 

Quel sublime réalisme !

En 2020, nous avions déja complètement craqué sur le travail de François Bard représenté par la Galerie Olivier Waltman. Cette année, cet artiste urbain est de retour avec des portraits sans têtes ou des personnages aux regards détournés qui nous plongent dans une atmosphère sourde et anonyme. Sa sublime toile “Qui je suis” est un condensé de son talent aussi rugueux que réaliste: entre l’intensité de ses couleurs, l’audace de son cadrage et la maitrise de ses lumières, on adore !

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François Bard : Qui je suis ? – huile sur toile (Galerie Olivier Waltman)

Un autre artiste au pinceau réaliste est également mis en avant par la Galerie Olivier Waltman : Jérôme Lagarrigue. Installé à Brooklyn, ce peintre français compose habituellement de grandes huiles autour des sportifs et du monde de la boxe.

Son diptyque “Pieces of a man” dresse avec une acuité psychologique et une touche plus que volontaire le portrait percutant d’un athlète. En caressant la chair de son modèle au couteau et en ponctuant sa musculature de coups de brosse aux couleurs mates, Jérôme Lagarrigue parvient à faire émerger de sa toile une sorte de chaos – voire de violence inhérente – qui trouble merveilleusement le spectateur.

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Jérôme Lagarrigue : Pieces of Man (Galerie Olivier Waltman)

Porcelaine aquatique

Dans un tout autre registre, la Galerie Backslash exposait les créations d’Elsa Guillaume. Céramiste contemporaine, cette artiste issue des Beaux-Arts de Paris est passionnée par la plongée et l’écologie. Son travail est un hommage délicat et ludique au monde marin qu’elle souhaite ardemment préserver. Entre un gros poisson de faïence, une couronne de coraux rougeoyants et des palmes grises en porcelaine, on salue ce travail aussi original que militant !

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Elsa Guillaume : palmes de porcelaine (Backslash Gallery)

Une exploration de la nature 

La Galerie Loevenbruck a décliné son stand sous la thématique 2022 d’Art Paris : “Exploration de la nature et Histoires naturelles”.

D’un point de vue pictural, on y découvre l’univers de Gilles Aillaud. Entre faune et flore, cet artiste peint aussi bien des animaux enfermés dans des zoos que des paysages. À ce propos, sa toile “L’Afrique après la pluie” est d’une beauté et d’une luminosité saisissante !

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Gilles Aillaud : L’Afrique après la pluie – Huile sur toile – 1991 (Galerie Loevenbruck)

Parallèlement à cette promenade au coeur de la savane, on apprécie également les petits bancs de Daniel Dewar et Grégory Gicquel, lauréats du Prix Marcel Duchamp 2012. Ces pièces en bois de chêne ornées de coussins brodés de fleurs et d’insectes sont tout simplement ravissantes. On aime particulièrement le modèle paré de fleurs de pavot et de papillons blancs. 

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Daniel Dewar et Grégory Gicquel : Fleurs de pavot et escargots – chêne et broderie numérique sur coussin – 2022 (Galerie Loevenbruck)

Effet d’optique

La galerie Bacqueville, implantée dans les Hauts-de-France et aux Pays-Bas, a souhaité mettre à l’honneur le travail de Thomas Devaux. À cheval entre la peinture et la photographie, cet artiste plasticien construit des images réalisées sur verre dichroïque où le spectateur se réfléchit dans un véritable jeu de miroir. Un travail troublant et spectral qui côtoie avec subtilité les limites de l’abstraction.

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Thomas Devaux (Galerie Bacqueville)

Vous avez dit Computing Art ?

Pour terminer ce survol d’Art Paris 2022, place à l’art robotisé et aux pionniers du “Computing Art” ! Pour ce faire, la Fondation Guy & Myriam Ullens a choisi de mettre en scène deux performances live intégrant l’intelligence artificielle au sein de la création artistique.

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Les calligraphies florales de Michel Paysant réalisées par Eyetracking

D’un côté, nous avons découvert les calligraphies florales de Michel Paysant réalisées en Eyetracking. Cette incroyable technologie permet à l’artiste de “dessiner avec les yeux” : installé dans son atelier, l’Eye-tracker de Michel Paysant capte les mouvement de son regard et envoie ces oscillations à distance via un bras robotisé équipé d’un stylet encreur qui trace les lignes voulues. Une invention incroyable qui aurait certainement séduit le grand Léonard !

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Leonel Moura explique au public le fonctionnement de ses robots-artistes.

Autre artiste – autre machine : le portugais Leonel Moura est, de son côté, passionné par l’exploration de l’art conceptuel à travers l’intelligence artificielle. Depuis une vingtaine d’années, il a conçu plusieurs “robots-peintres” aptes à improviser des oeuvres sur papier grâce à la mise en application d’une série d’algorithmes. Quand art et science se rejoignent …

À l’année prochaine !

Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr

foire-art-contemporain-grand -palais-symanewsArt Paris 2022

Histoires naturelles : un regard sur la scène française

Du 7 au 10 avril 2022

Grand Palais Éphémère
Champ-de-Mars – Paris

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Nos articles sur les précédentes éditions d’Art Paris :

Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.