Avec son flow maîtrisé et sens certain de la musicalité, Chiloo incarne parfaitement cette nouvelle génération d’artistes modernes et singuliers. Un univers signature vif et poétique que ce chanteur qui rappe affine au fur et à mesure de ses expériences personnelles. Un parcours d’ado passé de séances d’écritures dans sa chambre à l’arrivée d’un premier album. Un projet introspectif dans lequel son public pourra trouver un écho de persévérance et d’espoir. Entretien.

Chiloo - genèse - bah ouais - interview -
© Guillaume Durant

« Ecrire est presque devenu une addiction »

SYMA : Comment est née ta passion pour la musique et surtout pour le style urbain ?

Chiloo : J’ai toujours baigné dans la musique avec un grand-père guitariste à ses heures perdues. Et chaque fois qu’on allait à notre maison de campagne en famille on écoutait toutes sortes de musique. Mais la passion en tant que tel est arrivée chez moi à l’âge de 15 ans, à ce moment où les cours ne t’intéressent plus et tu ne sais pas trop quoi faire de ton avenir. Un jour en me baladant sur Youtube je tombe sur une instrumentale un peu old school, et d’un coup je me suis senti inspiré je me suis mis à écrire mon premier texte. Au fur et à mesure je me suis rendu compte qu’écrire m’aidait à extérioriser ce que je n’arrivais pas à exprimer autrement. C’est presque devenu une addiction, d’écrire sur toutes les prods possibles et inimaginables.

Et ton pseudo « Chiloo » ?

Mes proches me surnommaient « Chilou » avec un « u » et j’ai eu envie de le reprendre mais de différencier le petit Chilou de la famille à celui de la musique de la scène.

Tu t’es fait repérer avec des freestyles sur Instagram, quand tu t’es lancé tu t’attendais à un tel engouement ?

D’abord j’ai fait un stage en seconde à la radio sur OKLM radio où j’y ai rencontré Selim. Un jour il m’a demandé si j’étais motivé pour rapper en direct. Il a été le premier à me donner ma chance et est devenu mon manager, producteur et m’a aidé à ne rien lâcher et bosser.
Après ça j’ai eu le déclic, je me suis dit que ça pouvait être pas mal que d’autres personnes que mes proches entendent mes prods et j’ai découvert les comptes Instagram « 1 minute 2 rap » et « le rap français » qui mettaient en avant des jeunes sur des freestyles. Mes vidéos n’ont au départ pas été retenues mais j’ai continué. J’ai fait des connaissances, découvert de nouveaux endroits et commencé à faire de la musique un peu partout par plaisir. Jusqu’au moment où j’ai eu un premier retour positif, puis un second et au fur et à mesure ça avançait j’ai pris en visibilité. Ça m’a surtout permis de trouver mon style, de passer du rap pur à d’avantage de chant.

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© Célestin Soum

« Il y a de plus en plus de rappeurs ouverts grand public »

Justement, il y a de plus en plus d’artistes urbains dans les charts, qu’est ce qui te différencies des autres ?

Je pense par le fait que je me qualifie plus comme un chanteur qui fait du rap plutôt qu’un rappeur qui chante. Cette idée d’être constamment entre la variété et l’urbain, d’avoir vraiment cette entre deux. C’est ce qui fait ma patte. Egalement je pense que mon écriture est particulière, mes rimes croisées ou embrassées, c’est un point important pour moi qui lisais beaucoup de poèmes.

Si le style cartonne sur les plateformes d’écoutes il est encore peu présent dans les Médias traditionnels. Récemment il y a eu un débat pour consacrer une cérémonie spéciale rap que penses-tu de l’idée ?

C’est sur le point de se faire avec « Les flammes » et je trouve l’idée géniale ! Je dis ça plutôt en tant que fan de rap que d’artiste. Parce qu’à côté j’en écoute énormément.

Tu n’aimerai pas que tous les genres soient regroupés, même si la comparaison entre une chanson de variétés et un freestyle semble compliquée ?

Je pense qu’il faut être ouvert dans les styles musicaux. Forcément il faudrait faire quelque chose qui rassemble beaucoup plus. De nos jours la frontière rap et pop est de plus en plus fine. On n’est plus sur un rap qui se veut revendicatif. Evidemment il y a toujours des textes engagés certes ce qui fait sa beauté, mais il y a de plus en plus de rappeurs ouverts grand public.

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© Guillaume Durant

« Le fait de travailler avec Tôt ou Tard motive à continuer de forger sa patte »

C’est un peu le cas de ton label Tôt ou tard qui regroupe des artistes d’horizons divers, à condition qu’ils aient leur propre patte. C’est une fierté pour toi d’en faire parti ?

C’est un label qui nous a paru dés le départ très humain, très famille et qui a bien compris là où je voulais aller. J’ai tout de suite aimé ça. Il s’occupe principalement de ma promotion. En signant mes premiers contrats j’ai eu le déclic, je me suis dit tout ce que je faisais seul dans ma chambre plaît aujourd’hui à suffisamment de personnes pour que je puisse en faire mon métier. Cette année les choses se sont accélérées j’ai arrêté les études pour m’y consacrer entièrement. Le rythme entre les deux étaient beaucoup trop soutenu. À présent je suis à fond dans la musique, je pense continuer à 200 % là dedans. Pour l’anecdote en arrivant : On m’a dit « des artistes on n’en a pas deux comme toi ici » comme tous leurs artistes chacun dans leur genre. Ça m’a touché et j’ai trouvé ça vrai, c’est une fierté d’évoluer au milieu d’artistes comme Vianney, Vincent Delerm… ça motive à continuer de forger sa patte et d’être vraiment catégorisé dans son propre univers et pas comparé à d’autres.

D’ailleurs récemment le label a célébré ses 25 ans à travers une compilation, tu y a repris « Je m’en vais » de Vianney, tu t’es senti à l’aise dans l’exercice ?

Je l’ai arrangé version reggaeton. Et à ce moment précis cette chanson me parlait énormément, cette idée de lâcher prise. C’était pile au moment où j’étais entre deux avec les études.

Tu es en contact avec lui ou d’autres talents du label ?

Oui, on est vraiment une famille. Vianney par exemple est un artiste et l’homme est incroyable. Il m’a beaucoup aidé sur des détails, il a été comme un grand-frère pour moi. Et tous on se croise on a des échanges cordiaux. Lors des 25 ans on a d’ailleurs fait une super soirée conviviale !

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« Mes textes sont assez introspectifs »

Où trouves-tu l’inspiration pour écrire ?

Mes textes sont assez introspectifs. Pour mon premier EP par exemple c’était très ancré dans mon présent, sur l’amour, les problèmes d’ado. Aujourd’hui je me sers de ça pour prendre du recul dessus et analyser le moi d’il y a deux ans. Il y a aussi certains thèmes qui vont me toucher et me pousser à écrire, comme « Elles » qui dénonce les féminicide et agressions à l’égard des femmes. C’est un thème qui me touche énormément. Je trouve qu’il n’y a pas assez d’hommes qui en parlent. Et après des sujets fédérateurs comme la séparation de deux parents. Malgré tout je n’ai pas de texte engagé.

Parle-nous de ton nouveau single « Bah ouais ».

C’est une chanson qui s’inspire d’une histoire personnelle, celle d’un garçon qui n’a pas toujours été au top dans sa relation, qui a fait quelques boulettes. Et d’une fille qui n’est pas du tout toxique et aurait pu le lâcher mais a finalement décidé de lui faire confiance, croire en lui et en leur relation. C’est un hymne à la confiance, ultra coloré.

Il donne le ton de ton premier album attendu le 10 juin prochain ?

On l’a choisi justement pour ça avec son ambiance et ses paroles pleine d’espoir. Comme l’album sort au début de l’été ça donne le ton. Niveau instru c’est très coloré et un peu moins urbain que l’EP. Il y a évidemment un peu de mélancolie, moi qui le suis de base énormément, je suis heureux d’avoir réussi à faire les deux. Côté interprétation on est sur du 80% de chant, 20 % de rap.

Quels en seront les thèmes majeurs ?

Il parle énormément d’amour sous plusieurs formes, avec une vision plus positive moins toxique destructrice. « Sablier » abordera la séparation de mes parents, « Genèse » du titre de l’album explique cette histoire de se servir de son passé compliqué pour avancer.

Tu travailles dessus depuis longtemps du coup ?

Exactement. Tout ce qui m’est arrivé dans ma vie m’a servi à écrire cet album.
« Doucement » par exemple je l’ai écrit en juillet 2020. Les titres s’étendent sur deux ans faciles.

La pochette est très sympa on dirait une photo de super-héros !

Ça me fait plaisir d’entendre ça. Surtout que de base on était parti sur une photo que j’aimais moins, du coup je me suis refait les nombreux clichés du shooting et j’ai flashé sur celle-ci. Je la trouvais cool avec un message de jeunesse, fraîcheur.. de base je voulais me mettre de dos mais ça manquait d’espoir et d’échange.

La finalité pour toi serait de le faire vivre sur scène ?

Totalement ! Je pense que c’est le rêve d’une majorité d’artistes. J’ai déjà eu la chance de monter sur scène plusieurs fois dont un concert à la Maroquinerie c’était dingue. Je vis pour ces moments là, j’ai vraiment cette envie profonde.

Merci à Chiloo

Chiloo - Genèse - bah ouais - interview -

Single « Bah ouais » disponible

 

 

 

 

 

Premier album « Genèse » attendu le 10 juin 2022

 

DROUIN ALICIA