Quasi cinq ans après avoir conquis la « Nation » de son tube fédérateur, Tibz continue son expédition avec « Tout ce qu’on laisse ». Le voyage intérieur d’un artiste partagé entre la plénitude de sa Dordogne natale et le rythme effréné parisien. Chronique musicale.

Tibz - Tout ce qu'on laisse - Bye bye -

Entre deux Nations

Ce rêve parisien, Tibz l’a souvent imaginé depuis les rivières et paysages champêtres de sa jeunesse. Un bonheur que ce périgourdin de souche retrouve dés que possible. Un repaire où il s’est évidemment réfugié durant le confinement. Une ambiance propice à de longues séances d’écriture en plein coucher de soleil, dont une partie destinée à son second opus. Un disque fraîchement débarqué s’interrogeant sur « Tout ce qu’on laisse » sur son passage. « ça parle de mon arrivée à Paris… un peu de déboires. J’ai eu une période bizarre en arrivant, c’était un peu un choc » nous confiait à cette période Thibault Gaudillat de son vrai nom dans une interview. Un amoureux des grands espaces verts quelque peu désorienté par la frénésie parisienne et toutes ses tentations. « Je vis à 100 à l’heure quand je suis à Paris, il m’arrive plein de trucs. Moi qui suis un petit périgourdin de la campagne, je découvre la ville » affirmait-t-il. Un contraste quelque peu déroutant que celui qui se décrit comme « L’étranger » apprend à acclimater à force d’ allers-retours entre le Périgord et la capitale. « J’ai le coeur entre deux villes et je suis fier de ça» assure le chanteur tiraillé par ses rythmes de vie d’« Ici où là-bas ». Un roots entamant son périple « Tout au bout du monde » en trinquant avec un ami touché par la dépression. Endossant guitare en bandoulière son sac rempli de rêves d’artiste. Adressant d’un signe de main un « Bye bye » un brin nostalgique à sa vie d’avant et son chez-soi dont il s’éloigne sur le refrain en anglais de « Home ». Motivé par l’idée de découvrir « Les p’tites jolies choses » que peut bien camoufler la ville lumière.

Tibz - Tout ce qu'on laisse - Changer -

« On est tout ce qu’on laisse »

« Tu marches, le sol est brulant mais la route est longue, Tu n’es pas seul au monde, tu as le monde avec toi » se motive-t-il (« Nous ») . En semant sur son chemin déceptions et amertume. Un coeur à prendre peinant à digérer le « Au revoir » que lui a laissé celle qui faisait battre son coeur. Un homme hanté par le visage de son ex, se remémorant les doux souvenirs qu’elle lui a laissé sur ce up-tempo estival. Lui donnant rendez-vous «Dans une autre vie » si le coeur y est. Un manque pour celui qui avance à présent sans son double, nostalgique de l’époque où il pouvait se reposer uniquement sur la force de sa mère. « Tu me disais le matin, Soit sage, avant de partir » lui adresse-t-il dans «Quand tu me prenais la main ». « Tu sais, faut que je te rassure, J’ai bien grandi à présent » nuance-t-il désormais sorti du tunnel. « Pardonnez mes fautes, pardonnez mes cris, pardonnez ma peine » s’excuse-t-il sur « Là-haut ». Avant de raturer ses passages à vide sur l’intime « Changer ». Un piano voix écrit à la suite d’une rupture qui l’avait fait tomber dans l’engrenage de soirées et dérives. Une ballade profonde loin de son répertoire habituel évoquant ses remises en questions d’ado et son passage vers la vie d’adulte. Un nouveau départ pour le chanteur qui peut tout de même compter sur le soutien de ses camarades du métier. Dont trois conviés sur des duos : Sylvain Duthu du groupe Boulevard des Airs, Joyce Jonathan issue comme lui du label My Major Company et Jerémy Frerot avec qui il clôture cet album en douceur sur le mélancolique « On partira (Tout ce qu’on laisse) ». Unis autour d’une mélodie acoustique les deux amis échangent sur les choses simples de la vie. « La télé allumée quand on s’endort devant, On laisse la place aux anciens, on va s’asseoir au fond, On laisse des bancs gravés, des cadenas sur les ponts » content-ils. Mettant l’accent sur la notion d’héritage et toutes ces traces que l’on sème puis laisse sur son passage que l’on soit connu ou pas.

DROUIN ALICIA