On les connaissait grands rivaux, ils sont désormais sur le chemin pour devenir associés. Et si les Groupes TF1 et M6 fusionnaient ? Une folle rumeur qui courait bon train depuis quelques jours, désormais officialisée. Des acteurs confirmant avoir conclu un accord et ouverts des négociations plus concrètes. Un nouvel ensemble surprise qui pèserait lourd dans l’industrie télévisée mais nécessiterait quelques arrangements techniques.

Groupe M6 - Nicolas de Tavernost -
Nicolas DE TAVERNOST

Un projet colossal ambitieux

C’est une annonce de taille qui a fait le tour des Médias en un claquement de doigt. Le Groupe Bouygues TF1 a remporté la course au rachat du Groupe M6 en vente depuis janvier dernier. Deux entités pour l’heure concurrentes directes en route pour former un seul géant du secteur. Un rapprochement qui coutera 641 millions d’euros à l’acquéreur. Une somme juteuse qui lui donnerait accès à 30 % des titres du Groupe M6. Une part auparavant détenue par l’allemand Berteslmann qui après cette transaction conserverait 16 % du capital en faveur du Groupe RTL dont il est propriétaire. Un marché en négociations intenses depuis plusieurs semaines déjà, sur le bon chemin pour aboutir. Le schéma de fusion ayant déjà été validé par les conseils d’administrations de RTL Groupe, Bouygues TF1 et M6. Nicolas de Tavernost actuel président du Groupe M6 gagnerait au change puisqu’il a été désigné Président Directeur Général de ce cette alliance. Quand son collègue Gilles Pélisson du groupe voisin fera lui parti de la direction générale du groupe Bouygues pour diriger la partie médias et développement. Une affaire qui concrètement unirait les activités télévisées de TF1 et M6 et ferait naître un mastodonte de diffusion et production. Une idée que tous les deux ont bien en tête le regard tourné vers les Etats-Unis tandis que les empires Warner et Discovery viennent de se dire oui. Motivé par un objectif principal : créer un leader européen capable de résister à l’ascension des plateformes de streaming vidéos comme Netflix ou Disney. Des entreprises digitales qui grappillent d’importante part de marché au détriment de la consommation traditionnelle. Une tendance qui fait le grand regret des chaînes traditionnelles qui peinent à séduire de nouveaux acteurs publicitaires. Une courbe que les Groupes TF1 et M6 veulent faire repartir à la hausse d’abord en vendant une offre plus diversifiée en TV, radio mais aussi en digital et production de contenus et technologies. Une ambition déjà formulée et enclenchée avec la création de SALTO un service de télévision, replay et vidéo à la demande regroupant programmes et productions des Groupes TF1, M6 et même France Télévisions. Des entreprises souhaitant aller encore plus loin cette fois en créant une seule enseigne publicitaire. Le tout en réalisant en parallèle d’importante économies d’échelles qui passerait sans doute malheureusement au passage par le licenciement d’une partie du personnel administratif.

CSA - Conseil Supérieur Audiovisuel -

Décisions à prendre et ombres à éclaircir

Il reste donc encore beaucoup à faire pour acter le contrat. À commencer d’abord par un détail et pas des moindres : obtenir l’accord du Contrôle Supérieur de l’Audiovisuel (CSA). Un organisme qui doit obligatoirement donner son feu vert pour un tel rapprochement qui déstabiliserait tout un système. Un déséquilibre flagrant du secteur publicitaire qui serait fortement menacé puisqu’à eux deux les Groupes contrôleraient plus de 70 % de parts sur le marché de la télévision française, soit près des 3/4. Un leader entre la première et seconde chaîne privée de France qui devancerait largement France Télévisions en totalisant plus de 30 % de part d’audience globale. Une alliance qui pèserait très lourd dans la balance le chiffre d’affaires étant estimé à 3,4 milliards d’euros pour un profil opération courant de 461 millions d’euros. Autre problème cette fois juridique, puisque d’après la loi un actionnaire ne peut détenir plus de 49 % d’un groupe télévision. Quand niveau technique ce nouveau géant devra faire un tri au sein de ses canaux qui dépasseraient la limite autorisée de sept chaînes hertziennes pour un même Groupe. TF1 et M6 en possédant chacun cinq : TF1, TMC, TFX, LCI et TF1 Cinéma Séries pour l’un et M6, W9, 6ter, Gulli et Paris Première pour l’autre en plus de deux stations de radios RTL et Fun Radio. Trois chaînes TV devront donc être cédées en respect des quotas. Reste à savoir lesquelles, à qui et quelles conditions. Des changements d’organisation qui ne devraient pas impacter directement les programmes en diffusion ni les téléspectateurs même si quelques transfers de formats moins forts ne sont pas exclus. Les discussions pouvant battre leur plein encore 18 mois soit jusqu’à fin 2022.

DROUIN ALICIA