Il est de ces monuments du panthéon musical français qui brillent toujours depuis les étoiles. 30 ans après sa disparition, le souvenir de Serge Gainsbourg demeure intacte. Un anniversaire symbolique célébré par André Manoukian à travers l’album « Les pianos de Gainsbourg ». Un disque épuré et doux de partage au son de chansons cultes du répertoire de la star.

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Ambiance calfeutrée façon piano bar

Une carrière intense et libre c’est ce que l’on retient majoritairement de Serge Gainsbourg. Une personnalité à part qui a laissé derrière lui une longue liste de succès. Des classiques qui traversent les générations sans jamais perdre de leur saveur. Un univers de départ un peu calfeutré ressorti du tiroir par André Manoukian avec le disque « Les pianos de Gainsbourg ». Un auteur-compositeur et pianiste averti souhaitant faire revivre cette ambiance piano-bar initiale. C’est d’ailleurs dans les studios Ferber avec le clavier un peu usé sur lequel l’artiste y avait laissé la trace de son mégot, qu’il a enregistré ses 12 pistes choisies. Alternant versions instrumentales et piano voix. Un passionné presque habité par l’âme planante de la légende plongeant le public au plus près des compositions d’origine. Des sonorités classiques et jazzy dépoussiérées qui défilent en toute simplicité. Des classiques de ses débuts comme « L’eau à la bouche » tout premier succès commercial de l’artiste, ou encore « Le poinçonneur des Lilas ». Sans dénaturer les mélodies, l’ex juré de « Nouvelle Star » fait défiler les notes de ses doigts agiles avec finesse et élégance. Se recueillant sereinement au son de « L’anamour » ou encore « L’elaeudanla Téïtéïa » et ses rythmes afro-cubains. Sans oublier l’incontournable « Je suis venu te dire que je m’en vais », ni « La femme des uns sous le corps des autres » parlant totalement à ce grand fasciné par la gente féminine.

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Partage et douceur

Un gentleman partageant une moitié de l’album avec six muses. Un choix presque naturel, les quelques hommes contactés par André Manoukian ayant décliné son invitation. En même temps difficile de faire oublier le timbre identifiable de Serge Gainsbourg encore imprimé dans toutes les mémoires. Un défi ici relevé haut la main par chaque participante. À commencer par la chanteuse américaine Mélody Gardot qui se révèle totalement planante et gracieuse sur « La javanaise ». Une délicate interprétation des mots d’amour offerts à l’époque à Juliette Gréco. Agréable moment à deux aussi avec Elodie Frégé sur « Ce mortel ennui » qui n’en demeure pas un. L’interprète initial aurait probablement craqué pour sa voix suave pleine de charme. Un groove qui se retrouve aussi chez Rosemary Standley habituellement réputée pour ses prouesses lyriques. Une chanteuse qui se fond parfaitement à la poésie de « La chanson de Prévert » œuvre marquante de la « période bleue » du chanteur. Des associations évidentes pour André Manoukian qui parvient à surprendre en suivant l’audace de Serge Gainsbourg qui appréciait la vulnérabilité vocale des actrices. Tendant le micro à Isabelle Adjani « Sous le soleil exactement » de sa voix de velours. Un ancien membre du jury de « Nouvelle Star» qui enterre la hache de guerre avec Camille Lellouche recalée en 2010 du télé-crochet. Des tendres réconciliations avec cette artiste parvenue à faire ses preuves depuis, faisant oublier de sa voix soul Jane Birkin avec sa reprise mélancolique et envoutante de «Baby Alone In Babylone ». Savourant aussi ses retrouvailles avec Camélia Jordana qu’il a vu éclore sous ses yeux. Une ancienne élève désormais d’égal à égal lui faisant la joie de l’accompagner sur le frissonnant « Black Trombone ». Un titre glissé dans cet hommage complet et fidèle à son art que Serge Gainsbourg doit contempler paisiblement d’en haut.

DROUIN ALICIA