Le ténor préféré des français est de retour… et cette fois il n’est pas seul. Un an après «Ténor », Vincent Niclo enchaîne avec « Esperanto ». Un dixième opus partagé avec le groupe des Prêtres Orthodoxes où ils mettent en commun leur amour pour l’opéra. Chronique musicale d’un projet captivant, rondement mené à l’unisson.
Un disque de partage
Vincent Niclo ne s’attendait certainement pas à trouver l’inspiration pour son prochain album en regardant la télévision. C’est devant la saison précédente de « The Voice » que le chanteur a eu le déclic. Un artiste ébloui par la prestation de cinq choristes en soutane venu revisiter a capella le chant orthodoxe « Ô mon âme ». « Je suis restée bouche bée, fasciné par leurs voix » confie-t-il dans une vidéo retraçant l’histoire et la création de « Esperanto ». Animé depuis ce fameux jour par une seule idée en tête : rencontrer ces cinq séminaristes russes orthodoxes. Un souhait concrétisé quelques semaines plus tard au cours d’un entrevue musical venu le conforter dans son choix.
Et quoi de mieux pour sceller cette nouvelle amitié artistique qu’un projet en commun ?
Un disque construit autour de leur amour pour la musique classique et les chants cantiques. Avec l’envie de transmettre de l’émotion et faire frissonner le public.
Un choix audacieux et pari de taille que de réussir à harmoniser six voix à part entière. « ça a été le travail le plus difficile » confirme Vincent Niclo qui a dû se greffer au fonctionnement du quintet habitué à se produire au cours d’offices ou « chacun a un rôle particulier et défini ».
Une joyeuse troupe recomposée à l’objectif technique bien précis : « que chaque voix arrive à trouver une place dans l’espace » et « qu’elles soient toutes audibles et jolies ».
Avec pour parvenir à la hauteur de leurs attentes un véritable travail d’orfèvrerie de préparation, d’enregistrement jusqu’à la phase de mixage. La clé de leur réussite ? «Ecouter les autres » un élément essentiel pour trouver son espace, exister sans pour autant empiéter sur celui de ses camarades. Un exercice d’humilité qu’ils semblent avoir réalisés avec beaucoup de simplicité et complicité.
Un mélange des genres harmonieux
Six voix puissantes pour un choeur éloquent qui sonne comme une évidence. Une association efficace et saisissante, parvenue à mêler et refléter le style de chacun. « Ils m’ont emmené vers leur univers et moi j’ai essayé de les emmener vers le miens » confirme Vincent Niclo réputé pour ses succès pop opéra, qui prend aussi plaisir à revisiter des grands classiques du répertoire français. Un défi au coeur de «Esperanto » composé de 12 reprises harmonieuses et envoutantes de gold (plus cinq versions acapella) choisis après concertation. De la variété, avec le fédérateur «Ensemble », le poignant « Puisque tu pars » empruntés à l’incontournable Jean Jacques Goldman ou encore le lead-single « Ils s’aiment » de Daniel Lavoie. Mais aussi des titres sacrés de « Ave Maria de Caccini » à « Sovet Prevechnii » en passant par «Canticum ». Le tout en français, en latin, italien ou même en slavon comme pour mieux explorer l’idée de « cet album qui cherche une langue universelle de la musique ». Des tubes connus du grand public, rafraichis avec beaucoup de simplicité à coups d’envolées lyriques d’exception aussi surprenantes que vibrantes.
Bref un savant mélange de personnalités, d’interprétations et de genres artistiques pour un album noble et unificateur qui porte bien son nom.
DROUIN ALICIA
