Mettant en scène des jeunes hommes ultra populaires auprès des filles, le “harem” est un genre à part entière dans le monde du manga et de l’animation japonaise. Mais quand ce dernier se mélange à une autre mode, le Death Game (situation dans laquelle les personnages meurent selon certaines règles), cela donne Harem Royale – When the Game Ends, de son titre original Renai Harem Game Shûryo no o Shirase ga Kuru Goro ni. Certains auront reconnu sous ce nom alambiqué la signature de Ryukishi07, auteur des titres à suspense Higurashi no Naku Koro ni et Iwai Hime Matsuri.

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Avec un début pareil, on s’attendrait presque à autre chose

Le héros de ce manga pas comme les autres, Asunaro, a bien de la chance : tombant par hasard sur une fiole magique (drôle de cliché), le héros va libérer le succube Zepaful qui va le remercier en transformant tous ses désirs en réalité! Le jeune lycéen se retrouve très vite entouré des plus belles filles de l’école. Fin de l’histoire? Non, ça serait mal connaître Ryukishi07, dont le goût pour les histoires sombres et le suspense haletant est bien connu.

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Ce n’est définitivement pas une expérience que l’on qualifierait de “à refaire”

Ce que Asunaro ne sait pas, c’est que Zepaful est bien moins généreuse qu’elle en a l’air : les filles qui convoitent Asunaro sont en réalité piégées dans un jeu de la mort aux règles très strictes. Celle qui réussira à séduire le héros sera sauvée, mais toutes les autres iront directement en Enfer, qui répétera leur mort pour l’éternité. Guère jovial…

Jeu de l’amour et du trépas

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A ce stade de la partie, il faut clairement des nerfs d’acier

Le “jeu” est l’un des attraits majeurs de ce manga, car il est imaginé de façon suffisamment complexe pour captiver le lecteur de bout en bout. Chaque héroïne a un certain nombre de cœurs affichés sur son téléphone via une application, et il faut en engranger le maximum pour gagner. Mais la gagnante de chaque manche prend en fait des cœurs chez ses rivales et les rapproche donc un peu plus du game over. Les cœurs fonctionnent comme les points de vie dans les jeux d’aventure : plus aucun cœur signifie plus aucun point de vie, et donc la damnation éternelle.

Harem Royale – When the Game Ends réserve donc un suspense et une excitation à toute épreuve, par l’extraordinaire climat de tension qui règne entre les héroïnes qui peuvent se trahir ou échouer à tout moment. De fait, l’écrivain a préparé de nombreux rebondissements qui portent le scénario à merveille. On est surpris tout le temps, ce qui donne hâte de passer au chapitre suivant.

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Celica a de très loin le premier rôle

Mais plus que la lutte entre les héroïnes, c’est plutôt le fait de faire échec au jeu en lui-même qui va primer. Celica, la plus douée des malheureuses participantes, cherche une faille dans les règles à chaque nouvelle manche. Celle-ci retourne ingénieusement une partie des nombreuses règles à son avantage, et la construction mathématique de sa stratégie classe l’oeuvre parmi les meilleurs mangas qui mettent la réflexion au premier plan.

Dessin royal, fin brutale

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Les personnages principaux sont bien travaillés

Harem Royale – When the Game Ends décrit longuement ses personnages, leur personnalité, leurs motivations… de quoi faire écho chez le lecteur qui suivra leur progression avec d’autant plus d’ardeur. Le choix de la mangaka Yukari Higa est un vrai bonheur car elle s’est absolument surpassée dans la création et la représentation des héroïnes, ainsi que dans tous les effets graphiques ou expressions faciales qui véhiculent la tension.

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Le dernier tome est assez maladroit

De là, on aurait bien envie de donner la note maximale à ce manga, mais il a un problème majeur : il est trop court ! Ou plus précisément, la fin est beaucoup trop brutale. L’étonnement (et le désarroi) fut grand au moment d’apprendre que le quatrième tome serait le dernier. On sent que le scénario accélère brusquement d’un seul coup, alors que jusque-là la gradation des événements avait été impeccable. La conclusion très soudaine (et un peu facile d’ailleurs) sonne le glas des aspirations du lecteur puisque le scénario aurait pu être totalement relancé à la fin du troisième livre. Manque d’inspiration de l’auteur ou volonté de l’éditeur d’en finir, il n’en reste pas moins que le rythme de la narration s’effondre et qu’on le referme sur un sentiment mitigé.

Malgré sa fin précipitée, Harem Royale – When the Game Ends est une bonne lecture pour les amateurs de suspense et d’intrigues complexes. Le dessin est splendide, ce qui en fait un plaisir rien que visuellement. C’est un court moment, mais un bon moment quand même.

when the game ends ryukishi07 manga harem death game yukari higa kodansha japon scolaire suspenseHarem Royale – When the Game Ends

Auteur : Ryukushi07 (scénario), Yurika Higa (dessin)
Editeur : Kodansha (Japon)
Genre : Thriller, Suspense

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.