Let’s Get Lost : portrait en clair-obscur de Chet Baker
Let’s Get Lost est un documentaire musical sur la vie sinueuse du trompettiste Chet Baker. Réalisé par Bruce Weber en 1988, ce long-métrage revient cet été sur les écrans pour le plus grand bonheur des fans de cool jazz et des amateurs de films alternatifs.
Premiers pas d’un jazzman blanc
Sorti quatre mois après la mort de Chet Baker, Let’s Get Lost prend place essentiellement dans les années 50 et s’étire jusqu’en 1987. D’Oklahoma à New York en passant par l’Europe, on y voit le jazzman sillonner les routes, enchainer les conquêtes et tomber progressivement dans les affres de la drogue.
Personnage complexe et fascinant, Chet Baker a beaucoup apporté à l’univers du jazz grâce à l’approche légère, sensuelle et délicate de son jeu. Selon la légende, le grand Charlie Parker aurait dit en parlant de lui à Miles Davis et Dizzy Gillespie « Ce petit blanc va vous donner beaucoup de fil à retordre ».
L’essence tragique de Chet Baker
À travers des images d’archives et des témoignages de ses proches, le réalisateur Bruce Weber nous offre un portrait en clair-obscur de cet immense artiste et de sa déchéance. Grace à son choix photographique pour le noir et blanc, il plonge les spectateurs dans une esthétique hors du temps et nous fait capter avec subtilité l’essence chaotique de Chet.
Dans un pêle-mêle d’interviews désordonnées et d’extraits de concerts, on assiste ainsi à la naissance du Gerry Mulligan Quartet, on s’invite au festival de Jazz de San Remo en 1956 et l’on comprend la contribution de ce trompettiste si singulier au monde du jazz.
Le crooner de ses dames
Parallèlement à son talent incroyable, on savoure le charisme et l’aisance scénique de Chet, on croise ses amis musiciens de la côte californienne, on aperçoit Chris Isaac dans sa prime jeunesse et l’on découvre à quel point Baker était un homme à femmes.
La seconde partie du film est d’ailleurs consacrée à cet étrange « harem » qui ne cesse de se disputer. On se demande réellement pourquoi le réalisateur s’est éternisé sur les chamailleries de ses ex car ces séquences filmées en trop grand nombre n’apportent pas grand-chose au biopic.
Confessions d’un trompettiste héroïnomane
Fort heureusement, la présence récurrente de Chet qui chante et nous parle de son passé avec mélancolie demeure le fil directeur de ce bel hommage cinématographique. De sa voix éraillée et souffreteuse, le junkie trompettiste se souvient de sa gloire d’antan et fait le constat amer de sa décadence et de ses penchants à l’autodestruction.
Les yeux creux et le visage émacié, il fait peine à voir mais ses murmures de crooner associées au son de sa trompette nous plongent dans une nostalgie où l’on se perd volontiers comme nous y incite le titre du film : Let’s Get Lost.
Dendri Stambeli Movement : RDV au Festival Maghreb Jazz de Paris
Dixième édition pour le Festival Maghreb Jazz Days qui se déroule à la Cité Universitaire et met en avant le patrimoine musical afro-berbère. Pour ce second jour, le Pavillon Bourguiba a accueilli un concert enivrant du Dendri Stambeli Movement qui a fait se lever toute la salle.
Connaissez-vous le Stambeli ?
Le Dendri Stambeli Movement est un groupe contemporain créé par le batteur Mohamed Khachnaoui en 2015. Aussi envoutant qu’original, il réactualise la musique stambeli en la faisant fusionner au jazz. Si vous n’êtes pas familiers avec ce genre musical, le stambeli découle originellement de rites implantés en Tunisie par les populations d’Afrique subsaharienne. À mi-chemin entre le chant et la sorcellerie, il fait appel à des divinités, des saints et des forces surnaturelles qui transportent parfois les participants dans de véritables transes.
Bellassan Mihoub au chkachak, Mohamed Khachnaoui à la batterie et Muhamed Jouini au guembri.
Une musique fusionnelle
Mêlant l’Afrique ancestrale et le Maghreb contemporain, le Dendri Stambeli Movement ne s’est pas contenté de cette alliance et a enrichi le stambeli traditionnel avec des riffs de guitare électrique et des sonorités jazzy. Il en découle une musique fusionnelle et exaltée dont les rythmes raisonnent chez tous les auditeurs quelle que soit leur origine.
Un dialogue entre jazz et rites sacrés
Outre les chants sacrés de Bellassan Mihoub et Muhamed Jouini qui se sont partagés durant la soirée le guembri (instrument à cordes pincées) et les chkachak (percussions de fer ressemblant à de grandes castagnettes), le public a pu apprécier la basse de Sahbi Ben Mustapha, la guitare de Medhi Ben Attia ainsi que la puissante batterie de Mohamed Khachnaoui. Notons également la présence d’un jeune prodige du clavier, Wajdi Riahi, qui fait déjà parler de lui sur les ondes et vient de sortir son nouvel album, Essia.
Le cinquième album de jazz de Nicola Sergio est une fresque musicale pleine de contrastes qui nous fait naviguer des rives de la Grèce antique aux côtes africaines en passant par le sud de l’Italie.
De par son imagination débordante, ce pianiste calabrais et son talentueux trio nous promènent, en effet, au fil de compositions hétéroclites qui font redécouvrir l’Odyssée d’Ulysse, l’univers de la mafia sicilienne, mais aussi la sempiternelle lutte qui régit le monde des flamants roses et celui des oiseaux marabouts.
Dans une alternance de gravité et d’allégresse, ils invitent les auditeurs à un beau voyage narratif où chacun peut réinterpréter les morceaux selon son ressenti personnel. Laissez-vous donc porter.
Le premier titre de l’album, « Chant de Sirène», est inspiré des histoires d’Ulysse qui symbolisent aux yeux de Nicola Sergio la soif de savoir. Tout en subtilité, il nous immerge au cœur d’une certaine gravité mélancolique où nos pensées se laissent volontiers absorber. Il faut dire que Nicola a la touche narrative : sur son piano, il passe subtilement de l’urgence à l’apaisement et finit par nous installer dans un cocon de jazz bercé par la contrebasse de Mauro Gargano et les douces percussions de Christophe Marguet.
À travers « La prière de l’autre », Nicola Sergio construit un beau dialogue musical avec le saxophone chaud et feutré de son ami Jean-Charles Richard. Dans ce morceau chargé de douceur et d’espoir, le jazzman promeut un dialogue entre les religions qu’il défend avec un optimisme dissipant toute rancoeur et tristesse.
À la fois pianiste et compositeur, Nicola Sergio est un musicien qui possède autant de technicité que de sensibilité. Photo @Marie-Laure Olmi
« Le chemin des deux héros » propose, quant à lui, un cheminement plus rapide au fil du clavier avec une rythmique saccadée qui nous laisse imaginer une course semée d’embûches. Ce morceau est un hommage musical aux deux juges siciliens Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, morts assassinés par la mafia. Une critique du mal qui se veut aussi une ode pianistique en faveur de la paix.
Dans un tout autre registre, « Flamants roses » apporte une parenthèse d’allégresse fredonnée au saxo et contrecarrée par la noirceur sinueuse de « Marabout » et l’atmosphère lancinante de « Velvet ».
Le Nicola Sergio Trio : Mauro Gargano, Nicola (au centre) et Christophe Marguet. Photo @Marie-Laure Olmi
Avec « Léonard », Nicola laisse son piano nous raconter l’amour et la tendresse qu’il porte à son premier enfant. À travers ” Children Circle “, il traduit le butinement précipité d’une déambulation urbaine. Quant au dernier titre bonus, il confère une lumière et une sérénité finale à ce très bel album.
Beaucoup de nuances, de couleurs et de délicatesse, qui font de cet opus une création ouverte à toutes les interprétations.
Retour sur le concert d’André Manoukian au Trianon
Ce dimanche 19 mars, le Trianon Paris accueillait le cosmique et généreux André Manoukian. En l’espace d’une soirée, accompagné de musiciens aux origines indienne, grecque et bulgare, il a fait voyager son public vers le Levant et dans les doux pas d’Anouch, sa grand mère arménienne. Un moment magique !
Homme de partage et musicien hors-pair, André Manoukian nous a offert un voyage “Jazz-oriental” en compagnie du violoncelliste Guillaume Latil, de la chanteuse grecque Dafne Kritharas, du joueur de tablâ Mosin Kawa, des voix bulgares des Balkanes et du dudukiste arménien Rostom Khatchikian.
Hommage à Anouch
Si vous ne le connaissez pas encore, le dernier album d’André Manoukian est une véritable perle de jazz orientaliste. Sorti en novembre 2022, il est dédié à sa grand mère Anouch qui a été déportée durant le Génocide de 1915. Oscillant entre mélancolie et allégresse, André y convoque ses racines, parle d’amour, chante l’exil et s’en sert accessoirement de thérapie douce pour évacuer ses traumas d’Arménien.
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« Si on m’avait dit un jour que je jouerais la musique de ma grand-mère, j’aurais rigolé! » – André Manoukian
Jazzman & pédagogue
En ce 19 mars, le public du Trianon Paris a eu la chance de savourer en live les multiples morceaux de cet opus. Dans un mélange de folklore, de jazz, d’orient et d’occident, il a pu découvrir une partie intime d’André (Pas celle là !) et se laisser porter vers des terres lointaines aux saveurs douces et suaves.
Par-delà ses talents de pianiste et de compositeur, André Manoukian s’est montré fin pédagogue tout au long de la soirée. Expliquant les rythmes, les nuances, la sensualité des demi-tons ou les harmonies classiques, il a initié les spectateurs au solfège et à l’histoire de la musique en les abreuvant de mélodies délicieuses.
Accompagné par le joueur de tablâ Mosin Kawa et le violoncelliste Guillaume Latil, il a exploré les modes orientaux, évoqué le rebetiko, taquiné Brubeck ou Sinatra, et réussi à insuffler à son public autant de joie majeure que de douleur mineure.
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André Manoukian accompagné de Guillaume Latil au violoncelle
Le retour des muses ?
Excellent musicien mais aussi « Entertainer », André Manoukian sait séduire son auditoire en lui offrant une foule d’apartés. Maniant à ravir l’humour et l’autodérision, il ponctue son récital de confidences, évoque ses dérives sentimentales, taquine sa libido et annonce avec conviction qu’il ne tombera plus jamais amoureux de ses muses… (On y croit ?)
Fort heureusement, cela ne l’empêche pas de se frotter encore un peu au Beau Sexe et de convier sur scène trois des chanteuses du groupe “Balkanes“. Superbement entouré par ces voix bulgares, André interprète alors Before Beethov, L’ange à la fenêtre d’Orient et demande à Milena Jeliazkova de chanter le vibrant Oulyana qu’ils ont composé ensemble en hommage à leur mère et grand-mère respectives.
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Milena Jeliazkova est l’une des voix bulgares des Balkanes. Lors du concert du 19 mars, elle a interprété avec beaucoup de sensibilité le morceau Oulyana qu’elle a composé avec André Manoukian.
Dafne Kritharas : une voix sortie de l’Olympe
Poursuivant cette exploration musicale des plus féminines, André invite ensuite une déesse tout droit sortie de l’Olympe : la silhouette frêle et les pieds nus, Dafne Kritharas entre en scène et ensorcelle en un instant la salle du Trianon. De sa voix pure et intense aux sonorités venues d’un autre temps, cette jeune chanteuse franco-grecque transporte l’assemblée dans un rêve éveillé à mi-chemin entre les terres de Byzance et les rives de l’Odyssée. Chantant en grec, en arménien ou en français, ses envolées lyriques sont d’une telle ferveur qu’elles résonnent en chacun des spectateurs comme une prière sacrée et universelle.
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Les envolées lyriques de la chanteuse greco-française Dafne Kritharas ont ensorcelé toute la salle du Trianon Paris !
Pour toi, Arménie
Après cette exploration des musiques du monde, André revient sur les pas d’Anouch et convoque chaleureusement son ami dudukisteRostom Khachikian. Passant du chvi au duduk, ce musicien hors-pair nous fait vagabonder avec beaucoup d’émotion et de nostalgie parmi les cimes et les verts pâturages des montagnes d’Arménie.
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Le dudukiste Rostom Khachikian a conclu la soirée en offrant au public une très poignante interprétation du chant arménien Dele Yaman.
Puis vient le moment de jouer la vraie marche d’Anouch (The Walk), celle où André raconte du bout de ses doigts la déportation de sa grand-mère en 1915 vers le désert syrien de Deir ez-Zor. Malgré la thématique douloureuse du Génocide, ce morceau « itinérant » n’impose aucun pathétisme. Ses sonorités et son rythme portent au contraire un questionnement lancinant sur l’absurdité de ce massacre.
Afin d’achever les Arméniens qui sont dans la salle, André Manoukian leur offre au final le chant le plus triste de ses ancêtres : Dele Yaman. Avec humilité, il laisse le duduk de Rostom conclure et raconter cette douloureuse histoire d’un amour perdu qui exhorte chaque survivant à trouver en soi la force pour continuer à vivre…
Le message est passé. (Surtout ne pas pleurer)
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Anouch Kezi André !
Tu nous as fait un bien fou avec ton concert sucré-sacré.
Si vous n’avez pu assister à ce concert, regardez les vidéos d’André Manoukian « Sur les pas d’Anouch ». Il y décortique avec humour et sensibilité chacun des morceaux de son dernier album.
Comédiens ! : un musical minimaliste entre jazz et vaudeville
« Comédiens ! » est une pièce surprenante. Que vous appréciez ou pas les comédies musicales, ce petit spectacle est si bien concocté qu’il va vous emballer.
L’histoire est assez simple: trois comédiens se retrouvent au théâtre de la Huchette pour répéter un vaudeville. Il y a Pierre, le metteur en scène provincial, Coco sa femme, et Guy, un adorable acteur qui a accepté de les rejoindre à quelques heures de la première.
Au fil du texte et des répétitions la tension monte sur le plateau. Des secrets de couple se révèlent, des jalousies se profilent et chacun des protagonistes commence à s’approprier les répliques de la pièce pour les transformer en de véritables reproches.
Dans ce climat perlé de rancoeur et de sous-entendus, le rideau se lève alors pour la représentation finale…
La Huchette fête ses 70 ans en musique !
Ce spectacle mis en scène par Samuel Senéa été monté pour les soixante-dix ans du théâtre de la Huchette. L’histoire y prend place symboliquement aux premiers jours de sa création, en 1948.
Aussi pétillante que les précédentes programmations (L’écume des jours, La poupée sanglante, Kiki de Montparnasse), cette nouvelle création possède un rythme fou, des répliques savoureuses et une très belle musicalité. Entre les duos jazzy, les « pidoupidou » et les boogie-woogies improvisés avec des casseroles, on a parfois l’impression de se trouver à deux pas du Théâtre: dans l’antre mythique du Caveau de la Huchette !
Trois comédiens de haute volée
Les trois interprètes de « Comédiens » sont parfaits : passant du registre burlesque au drame, ils nous font rire, nous intriguent et maîtrisent aussi bien leurs mélodies que l’art de l’autoderision.
Seule femme du trio, Marion Préïté est dotée d’une bonne humeur à toute épreuve. Sa protagoniste, Coco, nous fait songer à un papillon qui avive chaque scène du spectacle. A la fois sensuelle et drôle, cette jeune actrice possède une force de caractère et une exigence qui se ressentent dans son chant, sa gestuelle précise et ses changements de registre instantanés. En tenant le rôle de l’épouse dévouée qui réalise soudain à quel point elle a balayé sa carrière au profit de son mariage, elle nous livre une partition qui révèle tous ses talents.
À ses côtés, Fabian Richard incarne Pierre, son époux, avec beaucoup de sincérité. La mine austère et l’oeil haineux, il nous livre un personnage antipathique qui va peu à peu révéler sa détresse : soupçonnant sa femme d’adultère, il se torture intérieurement puis laisse poindre sa jalousie maladive jusqu’à devenir étonnamment cruel.
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A l’inverse, Cyril Romoli, tente de détendre l’atmosphère de bout en bout. Campant avec décontraction la figure de Guy, il apporte au spectacle un tourbillon de rigolades. Coiffé d’un chapeau melon, il enchaine les accents, les mimiques et les maladresses, en ponctuant ses phrases de tics comiques au possible. A cheval entre Raimu et Michel Leeb, ce joyeux drille a la répartie légère et le doigté fort agile : son duo pianistique avec Coco est un moment fabuleux !A ce propos, nous remercions bien-bas le librettiste Eric Chanteleuze et le compositeur Raphaël Bancou d’avoir mis autant d’humour dans les paroles de cette opérette grivoise.
Un final diabolique
Par delà les rires et les chansons, cette pièce propose aussi une très ingénieuse mise en abîme.
D’une part, l’histoire se situe dans la salle même de la Huchette qui est le lieu de répétition des comédiens du vaudeville. S’amusant de l’exiguïté des lieux, les protagonistes font sans cesse référence aux 4 m2 du plateau et y construisent sous nos yeux leur décor minimaliste.
D’autre part, étant donné que les acteurs incarnent des comédiens en répétition, il est amusant de les voir s’approprier tour à tour un double rôle : dans la même pièce, il y a l’acteur qui joue pour nous qui est en même temps celui qui interprète le vaudeville. Grace à cette superposition, la réalité finit par se confondre avec la fiction et le texte pointu d’Éric Chantelauze passe presque pour de l’improvisation !
Cette projection du « théâtre dans le théâtre » est géniale car elle nous offre une myriade de sous-entendus et de multiples niveaux de lecture.
Vous l’avez compris, ce musical est remarquable, sans parler de son final qui est littéralement fracassant. Courrez-y, vous ne pourrez pas être déçus !
Concept et Mise en scène : Samuel Sené Une comédie musicale inspirée de l’opéra « Paillasse » de Ruggero Leoncavallo Texte, libretto et paroles des chansons : Eric Chantelauze Musique : Raphaël Bancou Avec Marion Preïté, Fabian Richard et Cyril Romoli
Décors Isabelle Huchet Costumes : Julia Allègre Lumières : Laurent Béal Chorégraphie : Amélie Foubert Assistante à la mise en scène : Elisa Ollier Régie : Ider Amekhchoun
Après 40 ans de carrière au sein du groupe Bratsch, Dan Gharibian a mis en place un nouveau Trio. Pour découvrir les compositions blues-manouche de son dernier album, RDV au 360 Paris Music Factory le 22 septembre.
Dan Gharibian n’est pas prêt de s’arrêter de chanter et c’est tant mieux. Au printemps dernier, il a concocté un nouvel album en compagnie de son jeune trio. Intitulé « Da Svidaniya Madame », cet opus musical va vous faire voyager du Caucase aux Balkans en passant par les côtes méditerranéennes.
Dan Guaribian, un patriarche de la Musique Tzigane
Après 40 ans de carrière au sein de Bratsch et une quinzaine d’albums, la voix rauque et chaude de Dan Gharibian semble s’être encore bonifiée. Chantant en russe, en français, en grec ou en arménien, le patriarche s’accompagne dans son dernier album de deux jeunes musiciens et nous offre un album très personnel fait de lointains voyages et de belles rencontres aux quatre coins du monde.
Nous transportant en haut des Monts du Caucase ou sous les tentes tziganes, il propose une quinzaine de titres aux sonorités riches et éclectiques qui s’enchainent merveilleusement.
Antoine Girard à l’accordéon
Entre les romances (Da Svidaniya Madame), les chants manouches (Tavès Bartalo), les morceaux purement instrumentaux (Au bord du Lac Sevan, Ishrane), les pièces arméniennes (Gulo)et un rebetiko (Egnatias 406), Dan Gharibian convoque un monde de fêtes et de musiques pétries d’une très belle nostalgie.
Par-delà son souffle mélancolique et sa voix profonde, on se laisse volontiers griser par les ritournelles d’accordéon d’Antoine Girard qui savent être aussi sombres qu’élégantes. On aime aussi se laisser enivrer par les guitares nerveuses et incisives de Dan et de Benoît Convert qui agrémentent et réarticulent minutieusement toutes les mélodies
Benoît Convert à la guitare
Fidèle à sa musique un peu blues, un peu manouche, Dan Gharibian nous livre aussi des chansons françaises qu’il revisite de son timbre caverneux comme Rimes de Nougaro ou Parce que de Charles Aznavour. C’est beau. Coloré. Enivrant. Chaloupé. Poétique… Vous l’avez compris : émotion garantie !
Metro Stories : un album aux sonorités ambrées signé Fanelly
Fanelly sort cette semaine son premier album Metro Stories. Vous ne la connaissez pas encore mais cette chanteuse à la voix claire et élégante a concocté un opus jazz-pop dont les arrangements musicaux et les sonorités aériennes vont vous faire voyager.
La musique de Fanelly est un doux mélange de soul et de jazz ponctué de petites touches pop qui rendent ses morceaux très agréables à écouter.
Née dans la région des Pouilles, elle chante essentiellement en anglais mais parsème parfois ses mélodies de suaves paroles italiennes ou de petits mots français acidulés.
Son album Metro Stories nous raconte des histoires quotidiennes piochées au gré des villes et des rames ferroviaires. A travers une dizaine de titres, elle évoque un monde urbain fait de rêves et de désillusions. Il en va ainsi de Burnout ou de son morceau Superhero qui décrit le désenchantement d’un jeune homme incapable de sauver le monde.
Grâce à sa voix ourlée qui se teinte parfois d’un voile rocailleux, Fanelly nous livre un univers suave et élégant. Pour ce faire, elle a su s’entourer d’excellents musiciens et de très beaux arrangements instrumentaux : entre des percussions chaudes et lancinantes (Inner Magic), une flute traversière pleine de charme, une guitare acoustique hispanisante (It’s gonna make a little difference) et une contrebasse qui scande en douceur le mystère de ses chansons (Burnout), on se laisse volontiers porter.
Metro Stories ? Un album aux couleurs soft et ambrées à écouter comme une narration musicale.
Pour un prochain opus, on espère que Fanelly chantera d’avantage en italien afin de laisser échapper la sensualité évidente que cachent sa voix et sa personnalité.
Chanteuse et musicienne, Arpi Alto possède une voix de velours et une sensibilité à fleur de peau. Avec ses yeux immenses et son sourire franc, elle nous fait irrésistiblement penser à Julia Roberts. Ce n’est pourtant pas sa beauté qui va vous happer mais le timbre de sa voix, car cette demoiselle est capable de chanter une bossa brésilienne, une ballade de Sinatra ou même un poème médiéval arménien avec autant de douceur que de sensualité. En exclusivité pour Syma News, Arpi Alto évoque son parcours musical et vous invite à découvrir son album de reprises « Nostalgia – A cover story ». Ne perdez pas un instant, ces enregistrements soft & cosy vont vous faire un bien fou !
La chanteuse Arpi Alto nous fait irrésistiblement penser à Julia Roberts. Ce n’est pourtant pas sa beauté qui va vous happer mais le timbre de sa voix.
Arpi Alto : Dans la vie, je m’appelle Arpiné Miqaeli Ter-Petrosyan mais mon nom de scène est Arpi Alto. Je l’ai choisi car les gens qui me connaissent me surnomment alternativement « Alto » à cause de la tessiture de ma voix ou ils m’appellent « Arpi » qui est le diminutif d’Arpiné.
Votre voix est sublime mais d’un timbre très particulier. Vous considérez-vous comme une jazzwoman ? Une crooner ?
Je suis une contralto mais je peux également chanter dans le registre des sopranos. Avant tout, je me considère comme une musicienne classique.
Êtes-vous née dans une famille d’artistes ?
Ma mère est musicienne et compositrice de jazz. Mon père est peintre. J’avais donc deux choix possibles à la naissance : devenir peintre ou musicienne. J’ai choisi le second.
Quand avez-vous découvert le pouvoir de votre voix ?
J’ai commencé à chanter à l’âge de deux ans et mon premier concert a eu lieu à trois. À cette époque, ma mère était professeur de piano et quand elle donnait des cours à ses étudiants, je chantais les notes qu’ils devaient jouer. Ma mère a ainsi découvert avec bonheur que j’avais l’oreille absolue. A partir de ce moment, elle a porté ma voix et mon talent.
Vous avez alors fait des études musicales ?
Je me suis préalablement formée en tant que pianiste, puis j’ai été diplômée de l’Université pédagogique d’Erevan. J’ai également fait partie d’un choeur durant des années.
Quel est votre registre favori ? Le jazz ? La soul ? Le classique ?
En tant que musicienne, j’ai une affinité pour le classique mais ma perception du jazz est beaucoup plus intense et profonde. Sinon, je peux apprécier tout type de musique selon l’humeur et le moment. J’en écoute d’ailleurs énormément.
Avez-vous un/e interprète de référence qui booste votre quotidien ?
J’aime les chanteurs un peu « rétro » comme Frank Sinatra ou Louis Armstrong, mais je peux autant apprécier des arias d’opéra ou de la pop music.
Parlez-nous du « Naghash Ensemble »
C’est un groupe musical très original spécialisé dans la réinterprétation de poèmes arméniens du Moyen Âge. Je chante avec eux depuis longtemps et je vais tenter de continuer cette aventure en parallèle de ma carrière de soliste.
Vous chantez essentiellement en anglais ?
Non. J’ai enregistré plusieurs chansons arméniennes à l’exemple de « Im Sokhak » ou « Hov Arek Sarer Djan » et je vais en faire d’autres. J’ai d’ailleurs l’intention de réaliser un album avec des titres uniquement en arménien.
En novembre dernier, durant le conflit du Haut-Karabagh, vous avez justement lancé un appel pour la paix sur votre page Facebook. On vous voit interpréter une berceuse et une composition de Komitas (Les Déracinés) en hommage aux soldats arméniens morts pour défendre leur terre face aux Azeris. Vous semblez très patriote et engagée envers votre nation.
J’ai trouvé qu’il était primordial d’apporter un soutient vocal à mon peuple et mon pays durant cette période très difficile.
Combien de langues parlez-vous ?
Je parle arménien, anglais et russe. J’ai aussi récemment chanté en portugais.
Comment faites-vous pour avoir un accent anglais aussi parfait ?
Merci. Vous oubliez que j’ai l’oreille absolue. Je pense que ça m’aide énormément. )))))
Hormis le piano, de quels instruments jouez-vous ?
Je fais du piano depuis l’âge de trois ans mais je me suis récemment mise à la guitare. Je prends des cours. Nous verrons bien ce que ça donne…
“Nostalgia” regroupe un ensemble de chansons que j’adore. Ce sont des reprises aussi connues que « Moon River », « The way you look tonight », « Over the Rainbow » ou « The Girl from Ipanema ». Je les ai réinterprétées et mises en streaming sur Internet. Vous pouvez aussi les trouver sur mon site : ginosimusic.com
Avec Ginosi Music, vous avez créé votre propre maison de production ?
Tout à fait. Je veux être une artiste indépendante. Il n’est pas exclu que je rejoigne un jour un autre label mais pour l’instant, je tiens vraiment à ma liberté d’action. J’ai donc créé Ginosi Music avec mon cousin Areg et nous travaillons en compagnie d’une petite équipe pour la distribution, la production et tout le reste.
Vous êtes-vous déjà produite en concert ?
Je n’ai pas encore fait de solo show car ma carrière a vraiment démarré en pleine pandémie ! Les concerts sont pour l’instant suspendus. 2020 a été une année très difficile pour les artistes et les musiciens car tout a été annulé. À présent que nous assistons à une baisse des cas Covid, les salles de spectacles commencent à réouvrir en Arménie mais on demeure encore dans l’incertitude.
Quels sont vos projets en attendant ?
Je travaille sur mes propres compositions et je dois enregistrer un album en arménien le mois prochain. Ce sera mon premier CD et j’espère vraiment que mes followers l’apprécieront. Je suis tellement enthousiaste !
Une dernière question : jouez-vous de votre ressemblance avec Julia Roberts ?
Je trouve que Julia Roberts est une actrice étonnante et j’apprécie son travail cinématographique. Je ne tente pas de lui ressembler de façon délibérée. Plusieurs personnes m’ont fait remarquer cette similitude et je prends celà comme un compliment mais si vous me connaissiez mieux, vous trouveriez que je ressemble bien plus à ma mère qu’à Julia ;))
Florence Gopikian Yérémian
Pour découvrir l’ensemble des vidéos d’Arpi Alto, RDV sur sa chaine You Tube !
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Singer and musician, Arpi Alto has a velvet voice and a hypersensitivity. With her huge eyes and her generous smile, she irresistibly reminds us of Julia Roberts. However, it is not her beauty that will grab you but her voice, because this young lady is able to sing a Brazilian Bossa, a Sinatra’s ballad or even a medieval Armenian poem with as much softness as sensuality. Exclusively for SYMA News, Arpi Alto talks about her musical background and invites you to listen to her album « Nostalgia – A cover Story ». Don’t waste a second, these soft & cosy songs are going to bewitch you !
The singer Arpi Alto irresistibly reminds us of Julia Roberts. However, it is not her beauty that will grab you but her voice
Florence Gopikian Yeremian : I have read that your real name is Arpine Miqaeli Ter-Petrosyan, why did you choose « Arpi Alto » as an artist name ?
Arpi Alto is my stage name. People who know me call me « Alto » because of my voice, and they also call me « Arpi » which is short for Arpine.
Your voice is beautiful but very peculiar, are you precisely an alto ? A soprano? Do you consider yourself as a crooner ? A jazz woman ?
I am a contralto but thanks to my vocal range, I can sing as a soprano. First of all, I consider myself a classically trained musician.
Were you born in a musician family ?
My mother is a musician and jazz composer, and my father is a painter. So I had two paths, either to become an artist or a musician. I chose the second one.
When did you discover the power of your voice ?
I started singing when I was 2 years old and my first concert was when I was 3. In that period of time my mother was a piano teacher, she was giving lessons to her students and I started singing along with the notes they were playing. My mother was amazed at my perfect pitch and after that she started discovering my voice and talent.
Have you done music studies ?
I’ve graduated from Armenian State Pedagogical University in Yerevan. I received my formal education as a pianist and I have also been singing in a choir for many years.
What musical register do you prefer ? Jazz music ? Soul ? Bossa nova? Classical ? Everything ?
As a musician, classical music is close to my heart, but the perception of jazz is much deeper. When it comes to other types of music what moves me is the mood of the moment, I listen to music a lot. So, everything is the right answer )))
Do you have a favorite singer that boosts you in your everyday life ?
Actually I listen to lots of different kinds of music. I enjoy oldies like Frank Sinatra, Louis Armstrong and so on. It depends on my mood. It can be instrumental music, opera arias, as well as pop music.
What is the « Naghash ensemble », your « first band » ?
The Naghash Ensemble is an ensemble performing original compositions based on medieval Armenian poems. I will try to continue singing with Naghash as much as possible and to combine it with my solo career.
What about Armenian songs ? Most of your videos are recorded in English ?
I have recorded several Armenian songs like “Im Sokhak”, “Hov Arek Sarer Jan” and more will come soon. I will also release an album of Armenian songs soon.
Last November, during the fight of the Karabagh, you have sent a call for peace on your Facebook page. We can see you sing a lullaby and a song of Komitas («The Unrooted») to mourn the Armenian deaths and the lost territories stolen by the Azerbaïdjan. You seem very patriotic and engaged for your country ?
I live in Yerevan and I am Armenian. I think it was very important to voice support for my people and my country during this difficult period of time.
How many languages do you speak ?
I speak Armenian, English and Russian. I have also sung in Portuguese.
How did you get this fantastic English accent ?
Thank you, I have a perfect pitch and I think it helps me )))))
Are you also a musician ?
I have been playing piano since I was three years old. I am taking guitar lessons, so we’ll see.
“NOSTALGIA” is a collection of songs I like. These are old covers as well known as « Moon River », « The way you look tonight », « Over the Rainbow » or « The Girl from Ipanema ». I have reinterpreted them with my own feelings. They are available on streaming services and you can also find them on my website ginosimusic.com
So, with Ginosi Music you have created your own production house ?
I want to be an independent artist. I do not exclude that I may join a label one day, but now I am acting as an independent artist.I launched Ginosi Music together with my cousin Areg and I have a small team that helps me with distribution, production and other issues.
Have you done some concerts already ?
I have not done a solo concert yet, because my solo career started with the pandemic ))) Thepandemic shut a lot of things down, and 2020 was a really difficult year for artists and musicians. Now things remain uncertain but we have a decrease in daily COVID cases and concert halls start opening. So I hope I will be able to give concerts soon !
What are your next projects ?
I am working on my original music and I plan to release an Armenian album next month. It will be my first CD and I hope my supporters will enjoy it. I am really very excited about it.
A last question : Your physical similarity with Julia Roberts bothers you or are you playing with it ?
I think Julia Roberts is amazing and I appreciate her legacy in film. I do not deliberately try to look like Julia but if some people see a resemblance, I can only take it as a compliment! Actually, people who know me say I look like my mom))
Florence Gopikian Yérémian
To discover all the songs and videos of Arpi Alto, you can take a look at her YouTube Channel
Même si la planète a instauré depuis longtemps une journée dédiée à l’environnement (le 5 juin), il est important de faire régulièrement des piqures de rappel afin d’éveiller l’esprit de chacun au respect de la vie et de la nature. Le Gaïa World Tour fait partie de ces rappels et il le fait en musique !
L’instrumentiste marocain Aziz Sahmaoui proposera des interludes musicaux lors du Festival Gaîa
30 heures de biodiversité autour du monde
Ouvert à tous et cosmopolite, le Gaïa World Tour est un festival virtuel qui se propose de rassembler des activistes pour la défense de l’environnement, des scientifiques mais aussi des artistes venus chanter ou débattre depuis les quatre coins du globe.
Cet évènement unique en son genre, se déroule du 5 au 7 Juin 2020 et il est diffusé en live via Facebook et YouTube sans aucune interruption. Les insomniaques et les oiseaux de nuit pourront donc en profiter de leur côté car des émissions sont même prévues à 2h, 3h ou 6h du matin !
Le groupe Kaori originaire de Nouvelle Calédonie sera présent au Festival Gaïa
L’art et la science au service de la planète
Cette année, le Gaïa Tour World accueille de grands scientifiques comme le biologiste Thomas Lovejoy ou l’astrophysicien Hubert Reeves. Il vous fait rencontrer des naturopathes, des spécialistes des virus marins ou des apnéistes qui plongent sans peur avec les requins. Afin de rythmer ces multiples débats, il invite également toute une palette de grands artistes tels que le jazzman congolais Ray Lema, le groupe Kaori, le musicien marocain Aziz Sahmaoui ou la chanteuse américaine Robin McKelle !
Les fans de Robin Mc Kelle pourront entendre cette chanteuse aux talents multiples : jazz, blue, pop, elle peut nous surprendre sur tous les registres !
Le message de ce festival en ligne est clair : transmettre des connaissances, échanger des pensées et surtout promouvoir la créativité autour du respect de chacun et de l’environnement. Entre des conférences sur l’économie bleue, des dialogues autour du biomimétisme, des débats sur la communication animale ou les peuples premiers, vous allez apprendre une foule de choses et devenir plus conscients des enjeux de notre planète.
A l’exemple des concerts et des évènements virtuels qui se sont tenus sur les réseaux sociaux durant le confinement, le Gaia World Tour poursuit cette approche en ligne qui permet à tous d’avoir accès au savoir et à la culture. Une belle initiative : à votre tour, soyez au rendez-vous !
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Gaïa World Tour : 30 heures de biodiversité autour du monde
A l’occasion du Festival Jazzkiff, le musicien Ray Lema publie un album de rumba congolaise qui rend hommage au célèbre compositeur Franco Luambo. Une relecture très groovy qui modernise à merveille ce genre musical et le remet au goût du jour !
Ray Lima pose dans la rue Mweka qui donne sur l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa. Il fréquenta ce quartier fort animé avant de quitter la République Démocratique du Congo
Hommage au compositeur Franco
Originaire du Congo RDC, le musicien Ray Lema est né dans les années 50. De son vrai nom Raymond Lema A’nsi Nzinga, il revisite à l’occasion du 13e festival Jazzkiff de Kinshasa , les plus grands classiques du compositeur congolais Franco Luambo.
Son hommage nous ramène à l’âge d’or de la rumba congolaise, rythmé par la fameuse guitare seben qui a souvent tendance à s’enflammer pour donner au public ce qu’il est venu chercher, à savoir un story-telling submergé d’ambiances électriques et conviviales.
Ray Lima en concert lors du 13ème Jazz Kiff de Kinshasa en République Démocratique du Congo
La rumba congolaise
Très peu savent que la rumba est née en 1800 dans les milieux afro-cubains de La Havane et qu’elle a connu son apogée au Congo dans les années 1920. Au fil du temps, elle a évolué mais demeure le métronome de nombreuses musiques africaines contemporaines tel que l’Afro Pop ou l’Afro Fusion.
Grace à ses sonorités rythmées et dansantes, la rumba congolaise s’est déployée sur tout le continent africain mais aussi à l’international. C’est une musique qui reflète les mœurs de sa société car elle a su conserver son aspect authentique et naturel.
Fortement influencée par les chants exécutés lors de rituels traditionnels et cérémonies religieuses, la rumba est aujourd’hui inscrite au patrimoine national de l’humanité.
Ray Lema revisite la rumba de Franco Luambo
Le genre de la rumba a su parfaitement voyager à travers le temps, mais selon l’instrumentiste Ray Lema, il fallait lui donner une nouvelle inspiration, plus actuelle. Grâce à sa maitrise du jazz et de l’écriture musicale, il a donc choisi de donner une seconde vie à la rumba, beaucoup plus technique, en lui attribuant un visage « occidentalisé ».
Dans son nouvel album “On entre KO, on sort OK“, divers instruments à cuivre apparaissent tels que le saxophone, la trompette ou encore le trombone. Le piano joue aussi un rôle de lead car il sert de pont entre cette chaleur qu’apporte le chant et l’orchestre, il reprend des morceaux phares tels que « Mario » ou « Kinsiona » et apporte cette touche Jazz.
Un « album-mémoire » pétrie de liberté et d’improvisations
A cause du tsunami créé par les tendances musicales actuelles, cet album aura peut-être du mal à se répandre en Afrique centrale où seuls les amoureux, ceux qui sont restés nostalgiques de cette époque risquent de se remémorer des souvenirs anciens.
Il est évident que de nos jours il est devenu difficile de proposer aux jeunes auditeurs des morceaux aussi longs (7 min en général) car c’est l’une des caractéristiques de ce courant.
Par respect pour Franco, la majorité des morceaux ont conservés leur timing, néanmoins il y a un énorme travail de la part de Ray Lema et de son orchestre sur les arrangements.
L’un des objectifs de cet opus est de sauvegarder une trace écrite, car la rumba n’est pas une mélodie qui s’écrit. Elle se ressent, se vit, et se nourrit d’improvisations, comme on peut l’entendre dans le premier morceau « Luvumbu ndoki » ou « Liberté ». Les artistes ont donc la possibilité de prendre les devants et de s’exprimer aux yeux de tous individuellement. La franchise et la souplesse de Franco se mélangent parfaitement avec la polyvalence et l’expertise de celui qu’on pourrait appeler « Mwana Mboka » (l’enfant du pays). En d’autres termes cet hommage permet de rendre fier les pères fondateurs et de se dire que chaque forme musicale évolue avec son temps.
Ray Lema : JazzKif Kinshasa « on entre KO, on sort OK »
Hommage à Franco Luambo, fondateur du TP OK Jazz
Album enregistré au JazzKif de Kinshasa
Sortie en Vinyle & CD le 19 juin 2020