Au printemps et en été, les sorties sont clairsemées et les informations également. Final Fantasy XVI a fait couler beaucoup d’encre par son caractère extrêmement clivant. Ses partisans comme ses détracteurs l’attendait donc au tournant commercial.

C’est à l’issue d’une attente fébrile que SquareEnix a annoncé avoir “commercialisé et vendu en dématérialisé” trois millions d’exemplaires de son action-RPG sur la première semaine. Les comparaisons ont immédiatement fusé puisque Final Fantasy VII Remake avait atteint le chiffre de 3,5 millions en trois jours et Final Fantasy XV cinq millions. Plus précisément, les ventes de Final Fantasy XVI sont 36% inférieures à celles de Final Fantasy VII Remake au Royaume-Uni, 20% inférieures en Europe, et ses ventes physiques ont été divisées par deux au Japon par rapport à deux précédents. Final Fantasy VII Remake et Final Fantasy XV étaient tous deux annoncés comme million sellers sur l’archipel, dématérialisé compris. Une telle annonce n’a pas été faite par SquareEnix Japon.

Les résultats de Final Fantasy XVI en question

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Le gâchis autour du personnage de Jill n’encourage guère de nouveaux joueurs.

Pointé du doigt pour ce déclin du sa série phare, SquareEnix rappelle que son jeu étant une exclusivité PS5, il y a beaucoup moins de consoles sur le marché que du temps des deux épisodes PS4 précédents. L’éditeur persiste sur la caractère “très fort” des ventes initiales et ajoute qu’il “continuera de prendre de larges initiatives pour encourager plus de joueurs à s’essayer au jeu”. Reste que la partie physique des trois millions cités par SquareEnix est encore en plus ou moins grande partie dans les rayons, et que les ventes ont considérablement chuté depuis juin. Le jeu a disparu du top britannique et est très près de la sortie dans le classement des ventes de Famitsu. SquareEnix reste donc sous pression. Final Fantasy VII Remake était lui resté populaire après sa sortie pour atteindre cinq millions d’exemplaires commercialisés le 7 août 2020. Si les “initiatives” ne permettent pas à la société d’afficher un tel chiffre d’ici quelques mois, Final Fantasy XVI sera indéniablement un échec.

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La campagne de pub de Diablo IV ne pouvait pas mieux tomber.

Toute cette conflictualité autour du jeu de SquareEnix profite à Diablo IV. Le hit de Blizzard est de loin le jeu le plus vendu de juin, en tête en Europe et au Royaume-Uni (le classement américain ne sera pas connu avant le 2 août). Près de 60% des ventes de Diablo IV se font sur PC, le reste sur console avec un net avantage à PlayStation. L’achat de Diablo IV se fait en dématérialisé dans plus de 80% des cas, ce qui ne l’empêche pas de placer trois versions dans le top français du SELL, une performance pour un jeu au profil très PC. Pas dénué d’humour, Blizzard a fait un communiqué célébrant les 666 millions de dollars de recettes son jeu, ce qui cadre avec l’annonce de dix millions de joueurs sur Diablo IV.

Succès contrasté sur Switch

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Dix millions, c’est aussi le nombre d’exemplaires commercialisés de The Legend of Zelda Tears of the Kingdom à travers le monde. L’exclusivité très attendue de la Switch a littéralement écrasé Final Fantasy XVI au Japon : il est maintenant proche des 1’800’000 ventes physiques, soit quatre fois plus que le titre de SquareEnix. Il fut un temps où The Legend of Zelda vivait dans l’ombre de Final Fantasy qui vendait des millions sur son sol national. Il est saisissant de voir comment The Legend of Zelda est resté fidèle à ses fans et a conservé ses fondamentaux malgré son ascension, quand Final Fantasy a été vidé de tout ce qui faisait son succès. La faute de SquareEnix est immense. Dernier jeu d’importance en cette fin de printemps, Street Fighter 6 compte deux millions de ventes.

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Loin de se compter en millions, le résultat de Master Detective Archives Rain Code n’est pas reluisant pour Spike Chunsoft. 55’000 exemplaires vendus dans le top de Famitsu, c’est près de trois fois moins que DanganRonpa V3 sur PlayStation en 2017. Le fait d’avoir tourné le dos aux fans de Sony pour ce titre coûte très cher à l’éditeur. L’exclusivité Switch n’est pas viable, surtout que les ventes occidentales sont proches de zéro. Sa sortie était vraisemblablement trop proche de celle de Zelda. Des versions Steam et PlayStation s’imposent si le projet veut être aussi rentable que DanganRonpa.

Au niveau hardware, la PS5 reprend la tête en juin après un mois de mai dominé par Tears of the Kingdom et sa Switch collector. Outre-manche, les ventes de PS5 augmentent de 43%, boostées une réduction du pack avec God of War Ragnarok, de 520 à 460£. En Europe continentale, les ventes de PS5 ont doublé subitement. Les Xbox restent troisième, l’effet des récentes victoires médiatiques de Microsoft ne sa faisant pas encore sentir.

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.