Changement de philosophie pour Amel Bent. Une artiste pleinement « Vivante » ravivant après dix sept ans de carrière la flamme de ses débuts. Une chanteuse relevant le poing pour effacer les fêlures de son passé les yeux tournés vers un avenir plus radieux. Livrant un disque emprunt de passion et d’espoir. Chronique musicale.

Amel Bent - le chant des colombes

Une battante dans l’Arène

Tout effacer pour mieux repartir à zéro c’est le mantra que semble appliquer Amel Bent sur la ligne de son nouveau départ où figure son septième album baptisé « Vivante ». Un chiffre réputé pour être porte bonheur, symbole ici de sa renaissance personnelle et artistique. « Avec l’âge j’me rends compte que j’ai tourné v’la les pages » lance-t-elle d’entrée de jeu sur ce titre éponyme autobiographique. Une première piste faisant état du contexte de son projet sur lequel elle fait le deuil sur des étapes de son passé de femme, mère et chanteuse. Une combattante se redressant fermement pour contrer blessures et regrets par un lâché d’amour et l’espoir. Prenant son envol portée par « Le chant des colombes » et ses épaules plus solides qu’elle ne le laisse paraître. « On se retrouvera dans la joie et sans peur » garantit-elle au noyau dur de ses fans qui ne l’a jamais lâché. Motivée à l’idée de briser le plafond de verre sous lequel elle se réfugiait jusqu’à présent. Un nouvel élan soutenu par ses amis du métier avec qui elle a collaboré sur ce qui s’acclimate à une véritable thérapie musicale. Aux crédits Vitaa, Slimane, Camélia Jordana ou encore Ben Mazuet. Une équipe gagnante encore plus quand on les compte comme amis. Des proches et professionnels du métier qui l’ont poussé dans ses retranchements hors de sa zone de confort. Des guides qui lui permettent aujourd’hui de renouer avec ses racines R&B. Une prise de risque audacieuse mais gagnante. En témoigne l’efficace « Tu l’aimes encore » avec Dadju aux accents pop urbains qui a tout le potentiel d’un futur tube. Tantôt écorchée tantôt vaillante, l’interprète de « Jusqu’au bout » parvient à dépasser ses limites avec beaucoup d’énergie et de fraîcheur. Proposant des hits lumineux aux refrains entêtants que ce soit en solo (« Ma peine ») ou en duo. Un tournant amorcée par son hymne à la liberté avec la jeune Imen Es. Puis par le fédérateur « 1,2,3 » où elle surprend en se frottant à la patte rap d’Hatik. Des petites victoires signant sa réconciliation avec les ondes qui l’ont trop souvent boudés ces dernières années. Une ère nouvelle prouvant la determination d’Amel Bent de tout effacer pour regarder vers l’avant de sa carrière, là où le meilleur semble l’attendre. L’envie aussi de surprendre tout en restant qui elle est : une grande voix qui partage ses émotions avec intensité et profondeur.

Amel Bent - le chant des colombes

Une mise à nu émotionnelle

En parallèle de ce renouveau, Amel Bent n’en demeure donc pas moins fidèle à elle-même et ce qu’elle a l’habitude de proposer. Une éternelle passionnée ouvrant son coeur sur des ballades poignantes faites pour panser ses maux. Livrant un disque personnel autour du thème de l’amour, la passion, la mélancolie, l’espoir mais aussi le doute et une pointe de colère. Avec authenticité et poigne la chanteuse donne là la meilleure réponse à ses « échecs » précédents. Faisant voler en éclat sa mélancolie qui si souvent la met « KO » pour mieux échapper au tourbillon de « ce monde qui danse » à lui faire « Tourner la tête ». Une facette plus sombre qu’elle dompte avec douceur sur le berçant « Ton nom ». Avant de se remémorer un chagrin sentimental tel, qu’il fixe le temps dans le douloureux « ça fait mal ». Une passionnée à vif qui ne sait ressentir et donner qu’à la folie, surtout quand il s’agit de sa famille. Une grande anxieuse se confiant sur sa crainte de l’abandon à travers le saisissant « à l’infini ». Une mère préoccupée mais une fille apaisée désormais en paix avec son père évoqué dans « Merci monsieur ». « C’est dur à dire, à entendre, mais ton absence m’a rendue plus solide, j’ai dû improviser » lui adresse-t-elle avec maturité. Apposant un nouveau regard sur cette partie douloureuse de son histoire. Une sage déclaration l’aidant à déchirer une bonne fois pour toute le livre de ses souffrances. Un pas de géant franchit grâce à l’amour incommensurable qu’elle voue à ses filles. Des trésors qui sont a raison principale de son épanouissement à qui elle adresse le bel héritage musical qu’est « J’étais celle ». Un titre introspectif dépeignant avec pudeur le portrait d’une femme qui a grandi mais au plus profond est restée la même. Une image harmonieuse et équilibrée qu’elle veut continuer d’emporter avec elle.

DROUIN ALICIA