Comme un lundi : une comédie déjantée qui se savoure en mode J-Pop

Tout démarre un lundi 25 octobre au sein d’une agence de pub japonaise. Une jeune équipe de com se rend compte qu’elle est prise dans une boucle temporelle qui lui fait sans cesse revivre la même semaine. Au fil des jours, chacun des employés tente de s’extraire de ce cauchemar jusqu’à comprendre que seule une grande solidarité va pouvoir les sauver.

À travers ce premier film, le jeune réalisateur japonais Ryo Takebayashi grime avec beaucoup humour l’asservissement d’une équipe de com dans un open space. Entre Métro – Boulot – Miso et Dodo, le délire est garanti !

Quoi de neuf au bureau ?

Le film de Ryo Takebayashi est une « comédie de bureau » complètement déjantée qui se savoure en mode Japanese Pop. Dans la lignée d’Happy Birthdead ou d’Un jour sans fin, le réalisateur s’amuse avec un schéma itératif où tout se réinitialise afin de faire comprendre à chacun que les êtres humains doivent sans cesse se remettre en question pour atteindre la meilleure version d’eux-mêmes.

Ce cheminement mental a le mérite d’être proposé avec une ironie mordante car Ryo Takebayashi maitrise aussi bien le comique de répétition que la direction de ses protagonistes : entre un duo de geeks, une employée modèle, un graphiste plein de fantaisie et un patron qui passe son temps à lire des comics, on assiste à des scènes cocasses qui frôlent parfois l’hystérie.

Un regard ironique sur le monde des métiers de la com à la puissance jap !

Métro – Boulot – Miso – Dodo

Grace à l’interprétation graduellement frénétique des comédiens, on prend place au sein de leur agence de pub et l’on ressent jour après jour le climat oppressant qui règne au cœur des entreprises nippones. De prime abord, la servitude et les courbettes de ces employés nous font songer au livre d’Amélie Nothomb (Stupeur et Tremblements) mais Ryo Takebayashi pousse plus loin la farce afin de nous faire comprendre avec le sourire à quel point notre société est vraiment devenue esclave du système.

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La carriériste Mademoiselle Yoshikawa (Wan Marui) va peu à peu mettre de côté sa petite personne pour aider son équipe à sortir d’une boucle temporelle

Un scénario dynamique et rocambolesque

La structure à huis clos du film ainsi que la répétition des séquences successives font preuve d’une grande rigueur de construction et illustrent parfaitement l’ambiance asphyxiante d’un open-space au sein duquel les employés perdent toute notion des priorités jusqu’à une prise de conscience collective.

Cette dernière s’effectue pas à pas via un de jeu de piste totalement rocambolesque qui nous propose comme indices un bracelet magique, un pigeon flashback et un manga inachevé… Tout cela avance dans une belle dynamique avec un scénario rythmé par des sensations de déjà-vu, des cliquetis d’horloge et des remises en question successives de chacun des personnage quelle que soit leur niveau de hiérarchie.

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Et s’il y avait une vie en dehors du bureau ?

Sous ses dessous loufoques et surréalistes ce film offre une réflexion lucide qui sous-entend que l’individualisme n’est jamais la bonne solution. Si l’on en croit la morale de la fin, seul un travail d’équipe est capable de conjurer la malédiction de cette boucle temporelle. Il en va certainement de même dans la vraie vie :  au lieu d’être centré sur vous-même et de céder au stress de votre boulot, voire au suicide, il serait temps de vous réveiller, et pourquoi pas dès ce lundi !

Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr

comme un lundi - yeremian - gopikian - syma - filmComme un lundi

Un film de Ryo Takebayashi

Avec Wan Marui, Makita Sports, Yûgo Mikawa, Kohki Osamura, Kotaro Yagi, Haruki Takano, Momoi Shimada, Ryô Ikeda et Harumi Shuhama

Musique : Takao Ogi

Bande-dessinée : Yajimari

Sortie en salles le 8 mai 2024

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Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.