Groupe phare des années 2000, Superbus rebranche micro et sonorités rock live dans un monde « Aseptisé » un peu trop formaté. Une société futuriste à la fois fascinante et effrayante pour le groupe et sa chanteuse Jenn Ayache, qui se connectent pour l’heure aux évolutions technologiques avec modération. Entretien.

Superbus - Live - concert -

« On sait très bien que certains titres marchent toujours pendant nos concerts »

SYMA : C’est le grand retour de Superbus après plus de trois ans d’absence. Qu’avez-vous fait durant cette période ?

Jenn Ayache : On a commencé à préparer le septième album mais on est surtout parti en tournée pour fêter nos 20 ans. Tournée annulée puis reportée à cause du covid.

Le « XX Tour » était justement une tournée anniversaire. Lequel de vos tubes avait le meilleur accueil lors des concerts ?

On sait très bien que certains titres marchent toujours pendant nos concerts. Entre autre « Butterfly », « Lola », « Travel the world », « Apprends moi », « ça mousse ». On va dire qu’on est obligé mais on adore aussi les jouer on voit bien que ça rend notre public content.

À l’inverse, est-ce qu’il y a des titres que vous préférez mettre aux oubliettes ?

Non en général il y en a qui sont forcément moins connus que du coup on joue moins souvent. Quand on fait une setlist on essaye surtout de jouer les titres plus populaires, forcément on ne peut pas tout jouer.

Je pense à votre dernier EP « XX » qui était assez différent de votre univers de prédilection. Vous êtes déçus de ce projet ?

On a essayé des choses, on a travaillé avec Benjamin Lebeau de The Shoes, donc forcément ça n’avait rien à voir avec l’ADN Superbus. C’était juste un EP 5 titres pour accompagner cette tournée. On s’est fait plaisir on a tenté des choses qu’on n’avait pas encore fait avec cet EP plus sombre électro.

Plus de vingt ans après vos premiers succès est-ce que vous avez l’impression d’avoir vieilli ?

Bien sûr, forcément on a pris de l’âge on a avancé. Mais personnellement j’adore, je me sens mieux, le fait d’avoir pris de l’expérience, un peu de maturité. Tout en restant un peu enfantin dans nos têtes et nos manières de voir la vie. La musique aide à garder cette énergie et à rester un peu comme des enfants.

Et est-ce que vous avez la sensation que votre public est plus de l’ancienne ou de la génération actuelle ?

Les parents amènent les enfants maintenant, le public s’élargi. Ça fait plaisir !

Superbus - Jenn Ayache - Aseptisé -

« Je réalise que le monde avance très vite, de manière un peu flippante »

En tout cas aujourd’hui vous avez décidé de revenir à des fondamentaux pop-rock. C’est vraiment ce qui vous colle à la peau ?

On revient vraiment à nos racines de groupe très simple avec des bases basse batterie guitare, comme ce qu’on faisait au départ. On a vraiment gardé cet esprit de groupe live. On écoute beaucoup de musiques différentes mais c’est vrai que c’est ce qu’on sait faire de mieux et je pense qu’on en a envie, encore plus en cette période morose. On a envie de proposer aux gens un peu de joie. C’est vraiment le but de l’album qui arrive, repartir en concert, retrouver tout le monde pour partager de bons moments.

Votre nouveau single qui s’intitule « Aseptisé » parle du formatage et des filtres dans la société. C’est une tendance que vous regrettez ?

À nos yeux et à nos yeux de tous, on utilise ces nouveaux moyens de communication qui sont quand même vachement lisses et fake. Les gens qui comme nous ont connu le monde sans, voient vraiment la différence mais s’en servent. On se rend compte que ça évolue, qu’on est de plus en plus pris par les machines et outils technologiques. Ça m’a toujours fasciné mais en même temps ça fait peur.

Est-ce qu’il y a une petite référence aux masques et gel qui ont rythmé la crise sanitaire ?

Aussi oui. Ce mot « aseptisé » décrit vraiment le monde dans lequel on vit.

Sur la pochette on y voit ta bouche comme à l’époque de « Pop’n Gum ». Pourquoi ce clin d’oeil ?

On s’est inspiré de ce qu’on faisait nous-même. Mais c’est nous dans le monde de maintenant, un peu plus en plastique, un peu plus virtuel et avec moins de place pour dire les choses.

Est-ce que comme beaucoup vous êtes du genre à dire que « c’était mieux avant» ?

Je pense que je peux le dire oui, même si il y a des choses que je trouve très bien. Ces nouveaux moyens de technologie sont géniaux, on peut communiquer plus facilement entre autre. Mais tout va hyper vite et c’est vrai que pour le cerveau humain on peut mettre du temps à capter comment ça fonctionne. Ce que je trouve fou c’est qu’on arrive à vivre dans ce monde là tout en prenant du recul et en réalisant que le monde avance très vite de manière un peu flippante.

Superbus - Aseptisé - clip -

« La musique permet de retrouver les gens physiquement, de vivre de vrais moments »

Avez-vous l’impression que la musique garde cette force de cultiver le lien social?

Totalement. C’est pour ça qu’on avait envie de revenir à nos bases de musiciens, juste jouer avec nos instruments et retrouver les gens physiquement. Qu’ils viennent nous voir pour vivre de vrais moments. Comme d’autres arts, la peinture ou la cuisine, tout ce qu’on peut toucher matériellement.

Même si les productions sont de plus en plus informatisées ?

Même les oreilles se sont formatés à de nouveaux sons. Le défi c’est de garder notre identité groupe de live et musiciens. On s’était d’ailleurs un peu perdus on a essayé ça mais là on en a moins envie.

D’ailleurs vous avez fait appel à l’intelligence artificielle pour la réalisation de votre dernier clip, sujet pourtant au coeur des débats !

On est vraiment rentré à fond dans ce délire là pour voir jusqu’où on pouvait aller avec ces outils.

Avant ce clip vous étiez plutôt favorable à son utilisation ?

On voit bien qu’il y a un risque. Des titres sont crées de toutes pièces, des faux duos… tout est possible. C’est pour ça que ça fait vraiment super peur. On a bien vu qu’on pouvait imaginer tout ce qu’on voulait. Je pense qu’il faut un minimum de contrôle, sinon ça va être n’importe quoi. Je pense qu’il faut s’en servir comme tout avec modération et intelligence. C’est assez fascinant de voir à quel point on est pris d’assaut par les ordinateurs.

Vous êtes mêmes marqués chacun d’un QR code !

Encore une fois on se sert de tous les outils à disposition mais de manière consciente.

Ça ne vous empêche pas d’ailleurs de faire de la musique live, c’est l’idée que défendra votre nouvel album ?

On a fait 12-14 titres très pop, efficaces de manière un peu live en studio. Ce sont des productions plutôt enjouées, rapides, qui font danser. Vraiment des choses qui donnent de la joie.

Il sera suivi d’une tournée, est-ce que déjà vous imaginez une mise en scène un peu futuriste ou au contraire quelque chose d’épurée ?

La tournée va commencer à l’été 2024 avec des Festivals. On a envie de faire un show joli et assez gros.

Pour ta part tu ne t’imagines pas reprendre ta carrière solo un jour ?

Pour le moment non, c’était un moment comme ça qui peut ré-arriver mais n’est pas à l’ordre du jour. Je suis bien avec mon groupe !

On peut vous souhaiter encore 20 ans de carrière supplémentaires alors ?

J’espère au moins 20 ans. Les Rolling Stones viennent bien de ressortir un album à 80 ans.

Merci à Jenn Ayache

Superbus - Aseptisé -

Single « Aspetisé » disponible

 

Un hit explosif revenant aux fondamentaux rock d’un groupe informel à l’ère d’un monde « Aseptisé » de filtres et internautes ultra connectés.

 

 

DROUIN ALICIA