Il chantait pour ses patients, mais depuis son passage remarqué dans « The Voice » saison 12, Aiden a décidé de troquer la blouse blanche contre le micro. Un infirmier de vocation passionné par l’humain posant des mots sur des maux qu’il soigne à coup d’instrus lumineuses et messages d’espoirs. Entretien.

Aiden - The Voice 12 - crédit Théophile Chauffrut -
© Théophile Chauffrut

« Je trouve qu’il y a énormément de sagesse chez tous les patients dont je me suis occupé »

SYMA : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Aiden : Je m’appelle Aiden, je suis nantais d’origine et vous avez pu me découvrir lors de la saison 12 de « The Voice ».

Comment est né ta passion pour la musique ?

J’en fais depuis petit, chaque fois que je vivais quelque chose de douloureux je me réfugiais dedans. Au moment de la mue ça a été un peu plus complexe de chanter. J’ai finalement suivi des études d’infirmier tout en continuant d’écrire pour libérer mes émotions.

Justement malgré cette passion tu as d’abord décidé de mener une carrière professionnelle « classique », pourquoi ce choix ? Par sécurité ?

Le domaine du soin a toujours été omniprésent dans ma personnalité. J’ai toujours aimé jouer au personnage qui soigne. À la base je voulais devenir médecin, selon mes compétences j’ai choisi plutôt infirmier. Ça m’apporte une forme d’utilité, c’est assez gratifiant quand un patient nous dit merci. Il faut aussi savoir que la musique est un domaine prisé avec beaucoup de concurrences, on ne peut pas tout contrôler. Il faut réussir à manger, payer ses charges donc oui c’était aussi par sécurité.

D’autant que tu as choisi un secteur prenant niveau emploi du temps et charge mentale !

Je pense que comme n’importe quel métier il y a des avantages et inconvénients. Ça m’est arrivé plein de fois de rentrer chez moi de me demander comment allait tel patient. Je trouve qu’il y a énormément de sagesse chez tous les patients dont je me suis occupé. Je mettais toujours un point d’honneur à être dans l’échange et humaniser au maximum les soins plus techniques.

Aiden - The Voice 12 - credit Théophile Chauffrut -
© Théophile Chauffrut

« La musique permet de mettre des mots sur les maux »

Est-ce qu’il t’arrivait de chanter pour certains patients ?

Au départ je le faisais uniquement devant des patients sédatés donc inconscients et au fur et à mesure c’est devenu un peu une habitude. Le premier patient a souri je me suis dit que j’allais continuer à faire ça. Je pense que ça a un côté rassurant face aux bruits et nombreux branchements. Ça ramène une petite touche d’humain.

Tu penses que ça devrait se démocratiser dans les hôpitaux ?

Il faut être à l’aise dans le fait de chanter devant quelqu’un. Mais je me dis qu’il y a des techniques mises en œuvres comme l’hypnose conversationnelle qui se démocratise. Comme le chant c’est un moyen de communication qui aide à créer une forme de confiance et de passer outre la blouse blanche.

Ça ne t’a pas empêché de continuer la musique par passion, tu profitais de ton temps libre pour extérioriser ta vie dans les hôpitaux ?

Ça m’arrivait très régulièrement de composer pour raconter mes journées, pour exalter les sentiments un peu bouillonnants en moi. Ça permet de mettre des mots sur les maux. Mon but c’était vraiment d’écrire autours de sujets importants mais sans tomber dans le côté déprimant.

Ton titre « Elle » qui vient de sortir fait justement le pont entre ta vocation d’infirmier et ta carrière d’artiste !

J’ai vraiment voulu mettre en lumière toute la beauté du combat concert le cancer. Je voulais montrer leur courage et capacité à garder le sourire. Personnellement c’est plutôt cette force qui me sautait aux yeux lors des prises en charge. Je me rappelle d’un patient en situation critique mais avec qui on riait, le lien s’est vite tissé. Le médecin arrive dans la pièce et lui annonce qu’il vaut mieux partir sur des soins palliatifs de confort, il a répondu qu’il n’avait pas peur de la mort. Je me suis dit quelle force dans les propos, quelle force de caractère surtout dans un moment comme ça.

Aiden - The voice 12 - The Voice -

« The Voice a été le déclic je me suis dit que quand j’étais sur scène j’étais le plus heureux »

Le public t’a remarqué lors de la dernière saison de « The Voice », comment t’es tu retrouvé dans cette aventure ?

L’année d’avant j’ai tenté le casting mais je n’ai pas franchi toutes les étapes par manque de technique vocale. J’ai depuis suivi des cours de chant et rencontré une coach vocale qui m’a complètement bouleversé et a réussi à déverrouiller mes émotions. J’ai réellement compris ce qu’était qu’une vraie interprétation. Chaque étape que j’ai passé je n’y croyais pas. Mon leit-motiv était de profiter de chaque moment en restant authentique.

Tu faisais parti de l’équipe de Bigflo & Oli qui sont les seuls à s’être retournés lors de ton audition à l’aveugle, avais-tu une préférence pour un autre membre du jury ?

Quand j’ai vu Bigflo & Oli se retourner j’étais aux anges. C’est l’équivalent de se prendre un bus en terme d’émotions. Je me suis remémoré le moment lors de sa diffusion. Je m’étais renseigné sur chaque coach et univers avant. Si j’avais pu choisir je pense que j’aurais certainement choisi Zazie. Mais quand Oli m’a dit que j’étais authentique ça m’a beaucoup touché, c’est vraiment quelque chose qui me tient à coeur donc ça aurait pu faire la différence.

Tu penses rester en contact avec eux ?

Ils ont une tournée, plein de choses à gérer donc je pense et comprends qu’ils ont autre chose à faire. Mais le peu de temps que j’ai passé avec eux c’était super. Ce sont des mecs hyper sympas, hyper familiers, drôles qui mettent à l’aise et donnent de supers conseils.

Malheureusement tu as été éliminé lors des battles, pas trop déçu tu t’imaginais aller plus loin ?

Qui dirait le contraire ! Mais ça m’a fait extrêmement plaisir de pouvoir défendre une chanson comme « Bad Boy » d’Yseult qui parle d’un amour toxique qu’on a forcément tous vécu à un moment donné. J’ai aimé associer ma voix à celle de Fanchon, ça a été un très beau moment c’est ce que je retiens.

L’aventure a été le déclic pour te professionnaliser dans la musique ou la décision était prise avant ?

Clairement, je me suis dit que quand j’étais sur scène j’étais le plus heureux. Infirmier je pourrais toujours y revenir. La musique je sens que c’est le bon moment pour essayer. Si je n’essaye pas maintenant je n’essayerai jamais et j’aurais forcément des regrets. Si ça ne marche pas je pourrais retourner vers mon métier. En partant de mon service j’ai pleuré de laisser toute une équipe soudée, j’ai forcément un peu peur je me pose des questions sur si je vais y arriver.

Aiden - The Voice 12 - Le cerf volant bleu -

« J’essaye de mettre en lumière des sujets de société et d’amener au moins un axe de réflexion »

Tu as vite rebondi d’abord avec un premier single « Le cerf volant bleu », tu l’as composé directement ? De quoi parle-t-il ?

Il était prêt depuis un petit moment, je l’avais écrit et composé pendant les auditions à l’aveugle. Il parle de manière métaphorique de la rupture, du doute dans une relation, cet entre deux que l’on n’arrive pas à expliquer. Le début tout rose puis les premiers nuages et la rupture amoureuse. La moral étant de toujours s’écouter, souvent la première impression est la bonne.

Plus poignant encore ton nouveau single « Elle » qui aborde le thème du cancer.

C’est l’une des maladies que je trouve la plus injuste, surtout quand ça arrive chez quelqu’un qui a toujours eu une hygiène de vie irréprochable. Il y a une forme d’injustice qui me touche et le combat est tellement beau que je voulais le mettre en valeur de manière positive. D’où l’instru un peu dansante, lumineuse. J’ai vraiment voulu faire un titre optimiste sur un sujet difficile. Je pense qu’il y a vachement de stéréotypes autours du cancer, je voulais casser cela.

Quelle est la suite pour toi ?

Normalement au mois de septembre je vais sortir un nouveau single et faire le tour des labels et maisons de disque pour présenter mon projet. L’idée c’est d’être signé, je n’ai pas encore eu d’opportunité. Je suis en indépendant pour le moment, je préfère d’abord faire mes armes avec des singles, préparer un EP ou un album pour présenter mon univers et voir si on me suit dans mon univers. J’aime le slam, la variété française, mais aussi les sonorités dansantes. Certains textes resteront plus graves, j’essaye de mettre en lumière des sujets de société et amener au moins un axe de réflexion. Par exemple j’ai écrit sur l’inceste que j’ai essayé de ramener au pardon.Pour moi tout est à prouver maintenant. Je me laisse porter par le vent sans stresser et puis si ça plaît tant mieux tout reste à écrire.

Merci à Aiden

Aiden - The Voice 12 - Elle -

Single « Elle » disponible

 

 

Un hommage pudique et saisissant qui met en lumière toute la beauté du combat contre le cancer.

 

 

 

DROUIN ALICIA