C’est un artiste qui n’a pas son micro dans sa poche. Alors forcément le passage en force de la réforme des retraites via le 49.3 ne pouvait qu’inspirer Gauvain Sers. Un chanteur adressant une lettre guitare voix très engagée à « Monsieur le Président ».

Gauvain Sers - Monsieur le président -

Quelques vers frontaux et solidaires

Grand jour de grève nationale dans une France furieux contre Emmanuel Macron et son gouvernement. Le motif de discorde : l’adoption de la réforme des retraites en passant par l’article 49.4 de la Constitution permettant de contourner le vote défavorable de l’Assemblée nationale et le désaccord des citoyens. Au milieu de ce « peuple qui gronde», Gauvain Sers a choisi de prendre la plume pour exprimer la colère et le désespoir des manifestants. « Monsieur le Président » débute le chanteur avec courtoisie sa guitare à la main dans le silence d’une salle de spectacle vide. Une ambiance calme loin du « bruit sous vos f’nêtres » que le Président ne semble plus entendre. « Monsieur le Président, Seriez-vous dur d’oreille, Pour bafouer si longtemps, Un boucan sans pareil » gronde avec élégance l’interprète du titre de circonstances « Y’a pas de retraite pour les artistes ». Lui qui déjà s’était adressé publiquement au ministre de l’Education Nationale Pap Ndiaye pour « sauver les écoles », quelques mois après avoir dévoilé un poème hommage à l’Ukraine. Un nouveau message engagé mordant écrit dans le respect et les règles de l’art. « Je ne viens pas en guerre, Déserteur également, Mais surtout en colère, Quand fleurit l’injustice… » maintient-il sur un petit air léger. Un artiste audacieux osant à son échelle « ces quelques vers » pour faire entendre la voix «des innocents » en souffrance. Un porte-parole livrant un morceau frontal mais surtout solidaire, à l’égard de « l’infirmière de garde, Qui ne compte plus ses pleurs » à cause de « L’hôpital qui se meurt », « des enseignants, Qui se saignent à l’école » ou encore des « Ouvriers, artisans » qui « Tour à tour jettent l’éponge ». Travailleurs populaires à qui l’interprète de « Les oubliés », devenu hymne des gilets jaunes, rendait rendait hommage déjà lors du premier confinement. « Monsieur le Président, Notre belle maison brûle » l’interpelle-t-il directement en lui reprochant de ne pas être à la hauteur de son « poste au sommet » déconnecté « des millions de braves gens, Que vos lois ne comprennent ». Mais surtout de diriger maladroitement « La France, Comme on dirige une banque ». Un chanteur montant au crédo « Armé d’une feuille A4 » pour faire résonner « L’amour, la liberté, Que le monde nous envie » et pourquoi pas combattre une bonne fois pour toute « L’absurdité humaine ».

L’info + : En parallèle Gauvain Sers poursuit sa « virée acoustique » dans toute la France. Il sera entre autre ce soir à Bergerac puis à Pau, Le Mans avant deux concerts à La Cigale de Paris les 3 et 4 avril 2023.

DROUIN ALICIA