Son premier single « Et Bam » totalise 35 millions de streams. Malgré ce démarrage express propulsé par une participation remarquée à « The Voice », Mentissa arbore la suite de « La vingtaine » sans se précipiter. Une interprète mature et solide prise sous l’aile de Vianney, poursuivant les présentations avec un premier album intime. Entretien.

Mentissa - La vingtaine - album - Et Bam - Balance -
© Virgile Guinard

« Je veux que les gens apprennent à me connaître à travers ce premier album  »

SYMA : Comment te sens-tu à quelques jours de la sortie de ton premier album ?

MENTISSA : Très heureuse ! Je suis excitée que ça sorte. Un peu comme quand on a hâte que ça soit son anniversaire ou avant un voyage. Zéro crainte, la musique c’est subjectif les gens aiment ou pas. Nous ce qu’on peut faire à notre échelle c’est en faire et après comment ça voyage ça n’est pas de notre ressort.

Le disque s’appelle « La vingtaine » et va donc raconter cette étape. Peux-tu nous résumer ta vie depuis ton entrée dans cette décennie ?

Ma vingtaine ça a été beaucoup de hauts et bas comme un peu tout le monde. Des moments de doutes, où on n’est plus sûr de ce qu’on fait, où on se pose des questions, on se recherche. Il y a toujours ce sentiment paradoxal, croire qu’on rentre dans la vie d’adulte, savoir qui on est avec ses valeurs et en même temps être un peu perdu.Il y a cette envie de savoir qui on est sans réellement le savoir. C’est un âge intéressant. Pour moi ça avait un sens de donner ce titre à mon premier album, ça me correspond bien. La musique m’aide. Au plus je me définis dedans et dans mon univers, les sujets que j’aborde, au plus je me définis moi et qui j’ai envie d’être.

Niveau thématique de l’album on sera donc très dans l’intime, la vie d’une jeune femme actuelle ?

C’est très dans l’intime, autobiographique. Je veux que les gens apprennent à me connaître à travers ce premier album. Comme je le dis dans « Et Bam » messieurs, mesdames, me voilà. Mon but c’est de faire de la musique qui me plaît et peut plaire mais surtout aider les gens. Quand on a la chance de faire entendre sa voix autant le faire. J’espère de tout coeur que ça sera le cas. Je pense à « Balance » qui parle de la relation conflictuelle qu’on peut avoir avec l’image de soi Je pense que c’est un problème universel qu’on a tous eu un jour. J’espère que ça parle et peut alléger les gens.

Justement tes premiers singles « Et Bam » et « Balance » mettent l’accent sur l’interprétation, est-ce que les autres chansons sont dans la même veine ?

Un peu, je pense que c’est un peu ma signature musicale. J’aime quand il y a de la place pour l’interprétation musicale, qu’on écoute vraiment ce que je dis. Après il y a aussi 2-3 chansons moins axées sur ce point, plus musicales, plus de production et plus fun et pop.

Le premier est sorti il y a bientôt deux ans, pourquoi avoir attendu autant avant d’enchaîner avec l’album ?

Pour plein de raisons, je pense qu’on ne choisit pas vraiment. Le processus de création de l’album s’est fait petit à petit. Il aurait pu sortir encore plus tard même. L’ascension de « Et Bam » a accéléré le fait de le sortir plus tôt que prévu pour profiter de cet engouement. Quand on fait ses premiers pas dans ce monde artistique il ne faut pas se tromper, quitte à prendre le temps pour sortir vraiment quelque chose qui nous ressemble, qui est qualitatif et dont on est fier. Sans se mettre de deadline on a avancé. Les idées font parties de moi, de ce que j’avais envie d’énoncer, raconter.

Mentissa - La vingtaine - album - Et Bam - Balance -
© Virgile Guinard

« Je suis arrivée à The Voice un peu éteinte, sans y croire du tout »

Surtout qu’habituellement la plupart des sortants de « The Voice » profitent de l’exposition pour lancer rapidement leur carrière !

Ça peut être une stratégie si tu as des bonnes chansons derrière. Mais il faut être prêt. Quand on participe à « The Voice » on ne se dit jamais qu’on va le remporter. Le problème quand on gagne sans y être préparé c’est que l’univers musical n’est pas prêt, on ne prend pas les mêmes décisions qu’en ayant le temps. En étant pressé on va peut être moins s’écouter, plus se laisser influencer par les autres ce qui peut être dangereux puisque tu fais des choses qui ne te ressemblent pas. J’ai décidé de peut être perdre un peu d’engouement plutôt que de me précipiter et faire des mauvais choix, en me disant que les personnes qui sont là après un ou deux ans sont sincères et me suivent depuis le début.

C’est ton meilleur ami Youssef qui t’a convaincu de participer à « The Voice ». Etes-vous toujours aussi fusionnels ? Et où en es-t-il de ses projets artistiques ?

Youssef c’est la base, la famille, mon frère mais d’une autre maman. C’est grâce à lui que j’en suis là en partie. Il a beaucoup cru en moi, on chantait ensemble dans la rue on adorait faire ça. Il a été le premier à me dire que j’allais y arriver quand moi je n’y croyais plus. Chaque fois que je vis de beaux moments maintenant j’y repense, je me dis qu’il avait vu juste. J’essaye de l’emmener avec moi quand je peux. C’est une victoire qu’on vit à deux. De son côté il continue mais en indépendant c’est compliqué de tout faire soi même. Mais en échange je veille à ce qu’il n’abandonne pas non plus.

L’expérience t’a aidé à te trouver ?

Totalement. J’y suis arrivée un peu éteinte sans y croire du tout. Je l’ai fait un peu « forcée» par Youssef en me disant qu’on allait surtout rigoler, mais sans me dire que ça allait m’ouvrir des portes. Ça m’a montré qu’il y avait bel et bien encore de l’espoir dans ce monde musical. Parce que j’avais eu des expériences passées pas très fun, avec des personnes qui m’ont fait poireauter. J’avais cette image noircie du coup de beaux parleurs, profiteurs. En rencontrant Vianney je me suis dit qu’il restait des gens bienveillants là pour t’aider. Ça m’a donné confiance en moi, en mes choix artistiques, mon instinct. Je me suis dit oui j’ai des bonnes idées et je suis légitime d’être là.

Avant cela tu avais participé à l’édition Junior belge puis version adultes au Pays-Bas mais avec moins de résonance, d’après-toi c’est ce qui a fait la différence cette fois ci ?

La manière dont j’ai été entendue, respectée et traitée. On me laissait carte blanche, je me sentais écoutée. Contrairement aux autres prod ou tu étais plutôt un simple numéro, une performance parmi tant d’autres. « The Voice France » est une vraie famille !

Tu es la preuve vivante qu’on peut ne pas remporter la compétition mais très bien rebondir derrière !

Ce qui est marrant c’est que j’avais gagné « The Voice Kids » Belgique sans qu’il ne se passe rien derrière. Alors que là c’est le contraire. Je suis vraiment la preuve qu’il faut laisser une bonne empreinte, être soi même, que les gens nous aiment bien. Le trophée ne va pas forcément faire qu’on te suit derrière.

Mentissa - Vianney - parce que c'est toi -

« Vianney est un grand frère, un confident, un conseiller. Son avis est très important dans mes choix musicaux »

Tu y as surtout fait la rencontre de Vianney, d’emblée tu avais idée de le choisir comme coach ou ça s’est vraiment décidé sur l’instant ?

Ça s’est décidé dans l’instant. Je n’avais pas forcément d’affinité avec un coach plutôt qu’un autre. Je m’étais forcée à ne pas prendre de décision au préalable, ça peut bloquer. Le meilleur dans la vie c’est d’y aller au feeling, l’instinct est très important. C’est pour ça que je voulais m’y fier. Pour moi c’était évident vu ce que Vianney avait dit, par rapport au message que j’avais envie de passer. Je me suis dit si il a réussi à me cerner en deux minutes c’est qu’il y a moyen de faire de belles choses avec !

Quelle relation privilégiée entretiens-tu avec ton ex coach devenu un fidèle collaborateur ?

J’ai une relation privilégiée, il est un ami maintenant. Jamais j’aurais cru dire ça un jour ! C’est un grand frère, un confident, un conseiller, son avis est très important dans mes choix musicaux. Il est honnête, m’aide à avancer et très bienveillant. J’ai une grande confiance en lui qui fait que je vais toujours un peu l’écouter. J’ai la chance de l’avoir dans mon entourage.

Il ne te considère plus comme un jeune talent mais comme une artiste à part entière ?

Si je le connais bien je pense qu’il répondrait qu’il ne m’a jamais vu comme un talent, que dés les premières notes de mon audition à l’aveugle il a toujours entendu une artiste. Je pense qu’il m’a toujours considéré comme tel, en tout cas c’est l’impression qu’il m’a toujours donné.

Grâce à lui tu as fait la plus belle expérience qui soit pour un artiste : la scène puisque il t’a convié sur l’ensemble de sa tournée. Ça t’as permis de te produire dans des grandes salles, notamment l’Accor Arena ça n’est pas commun pour un jeune talent de commencer par là !

Pour moi le plus beau cadeau qu’il m’ait offert c’est de me donner une scène plus d’une fois. Aux auditions d’abord, sur sa tournée, en m’écrivant « Et Bam ». Avant j’avais ma voix mais pas l’enceinte ou le micro pour la projeter. Il m’a ouvert toutes les portes qu’il pouvait. Chaque fois je me disais ça va s’arrêter. C’est énorme! D’abord on s’est dit que j’allais faire quelques concerts avec lui, puis il m’a invité sur toute la tournée. Et maintenant sa première partie aux Olympia !

Faire sa première partie à l’Olympia va donc être une formalité ou ça te met un peu plus de pression ?

Pour moi ce que je fais sur le concert cette intervention et une première partie ça n’a rien à voir. Là c’est une facilité, j’arrivais, le public était déjà dans le mood du concert. Alors que là le public est vachement dans l’attente tant que ça n’a pas commencé. Tu dois aller les chercher. J’ai assez peur parce que c’est quand même Vianney, un des plus grands artistes français en ce moment. Donc faire sa première partie ça va être une responsabilité, je me dis qu’il faut que j’assure !

Mentissa - Et Bam - Accor Arena -

« Faire mes propres concerts c’est un peu la dernière petite case à cocher sur ma bucket list d’artiste débutant »

Tu as la sensation que son public est devenu un peu le tien ?

Oui, je crois qu’une grande partie de mon public est le sien, je le vois sur les réseaux sociaux, je les reconnais. Ça me fait plaisir parce qu’il a un public tellement bienveillant. Je pense qu’on attire ce qu’on est un peu donc vu son humanité et humilité c’est normal. Mais ça me fait plaisir d’hériter de cela.

Du coup même après cette tournée on ne peut pas parler de « séparation » entre vous ? Vous préparez d’autres projets ensemble ?

Nan, je l’espère en tout cas. Moi c’est une envie que j’ai j’espère que c’est pareil pour lui. Je souhaite qu’on continue à faire de la musique ensemble, même sans que ça soit public, mais entretenir ce lien. Je me dis qu’il a tellement de choses à m’apprendre et j’en ai envie.

Etape suivante ta propre tournée cette fois dans une ambiance plus intimiste, tu as l’impression de repartir un peu dans le bon sens ?

C’est ça, c’est un peu la dernière petite case à cocher sur ma bucket list d’artiste débutant on va dire. C’est un peu la chose que je n’ai pas encore fait. Ça sera MES concerts. J’ai hâte parce que je ne l’ai encore jamais fait avec mes propres chansons donc je n’arrive pas encore à me projeter. Mais je me dis que ça doit être génial de se trouver un public venu pour toi, qui chante tes chansons. L’instant d’1H30 où tu communiques rit, pleure avec eux. Ça doit être tellement beau à vivre. J’ai vraiment très très hâte !

Merci à Mentissa

Mentissa - La vingtaine -

 

 

Album « La vingtaine » sortie le 18 novembre 2022

 

 

 

 

DROUIN ALICIA