Chaîne par excellence de la vie quotidienne, M6 pousse cette fois la porte de foyers en chantier. Un terrain connu pour Laurent Jacquet artisan multi-casquettes expert en la matière, à la tête de « Mission travaux ». Un format couteau suisse à mi-chemin entre « D&Co », « Maison à vendre » et surprenamment même « Cauchemar en cuisine ». Debrief
Le concept
Près de 31 milliards d’euros c’est le chiffre d’affaire représenté par le marché du bricolage en 2020. Un domaine en plein essor sur lequel a décidé de surfer M6 avec « Mission travaux : Ma maison est un chantier ». Un programme de vie pratique, volant au secours de familles submergées par la rénovation de leur demeure par manque de budget, de temps ou tout simplement de maîtrise. Un dernier point que vont leur apporter sans ménagement Laurent Jacquet et son équipe d’artisans pour leur redonner l’envie et des clés en béton pour aller au bout de leur projet.
Qui est Laurent Jacquet ?
Homme aux 300 000 abonnés sur Youtube, Laurent Jacquet partage depuis six ans déjà ses conseils et astuces en terme de bricolage. Aménagement, installation, construction et même rénovation rien n’échappe à ce véritable as des chantiers de 41 ans. Un travailleur manuel passionné de création, en œuvre depuis plus de 25 ans. Biberonné au bricolage dans l’Ain par ses grands-parents et son père mécanicien. Un touche à tout polyvalent passé de la menuiserie à la plomberie pour cause d’allergie au bois avant la rénovation de sa première maison dés l’âge de 20 ans et dans la foulée la création de sa propre entreprise. Un pro multipliant depuis les chantiers dans pas moins de dix-sept pays, dont le dernier en date : sa propre émission télévisée.
Idée astucieuse mais formule bancale
Murs à moitié peints, carrelage qui se soulève, tuyaux apparents, un massacre pour Laurent Jacquet mais avant tout pour les participants de « Mission travaux : ma maison est en chantier » qui aurait très bien pu s’appeler aussi « Cauchemar dans ta baraque ». Un environnement oppressant devenu insupportable à vivre voire même pire parfois dangereux pour la famille en suspens. Leur dernier espoir pour débloquer leur projet de vie : faire appel à cet expert dans le domaine pour retrouver l’envie de mettre les mains dans le plâtre. L’objectif du chef de chantier remotiver ces amateurs et leur trouver dans l’urgence les solutions adéquates à leurs problèmes techniques. À la manière de Philippe Etchebest, Laurent Jacquet n’est pas là pour faire de la figuration mais bel et bien pour secouer ceux qui l’ont appelé à l’aide. « T’es acteur ou spectateur de ta vie ? » peut-on l’entendre gronder de manière quelque peu surjouée. Un manque de bienveillance auquel s’ajoutent des haussements de voix récurrents qui laissent dubitatif le public. Car oui ce nouveau sauveteur peine à paraître naturel et multiplie les maladresses télévisuelles. Même si il est évident qu’une fois sur le terrain il demeure bel et bien dans son élément. Premier chantier : la chaumière normande d’Angélique et Christophe. Un couple à qui il va remettre les pendules à l’heure sans faire dans la dentelle. En commençant par un état des lieux où plutôt des dégâts en tentant de mettre des mots sur leur blocage. Une étape clé permettant de mesurer l’étendue de la tâche. Une mécanique bien rodée là encore rappelant le processus qu’utilise le chef de cuisine lors de ses interventions en restaurant. Pas de couteau ici mais plutôt une boîte à outils offerte gracieusement en fin de mission. Avant cela des séquences peinture, dépose et pose de sol en passant par des raccords électriques et plomberie. Un point technique qui mériterait d’être accentué par des tarifs, estimations de temps de travaux où conseils immobiliers pour donner d’avantage de sens au concept. Des minutes conseils aussi devenues l’une des marques de fabric’ de Stéphane Plaza. Un programme de rénovation dont on retrouve quelques similitudes avec la formule de « D&Co ». Pour maroufler aux côtés de Laurent Jacquet, une équipe complète allant du carreleur au plaquiste en passant par l ébéniste-menuisier, le peintre et même l’électricien-plombier. Des petites mains donnant les clés à leurs apprentis du jour éloignés de leur zone de confort pour à terme leur permettre de terminer eux-même leur chantier et par la même occasion de se rabibocher. Un cheveux sur la soupe quelque peu indigeste surtout quand on ajoute à la facette psychologie un soupçon de clichés sur la gente féminine/masculine en matière de bricolage. Un format donc aux fondations hélas trop bancales qui une fois retapé pourrait perdurer debout sur des bases solides.
L’audience
Lancement correct pour « Mission travaux » dont le premier numéro diffusé hier soir sur M6 a attiré environ 2,2 millions de bricolos en herbe, soit 10,7 % de part de marché. La chaîne n’a pas encore communiqué sur l’avenir du format qui cède sa place mardi prochain à un nouveau « Cauchemar en cuisine ».
DROUIN ALICIA
