Jean-François Zygel et Nicola Sergio s’engagent pour le Népal

Ce mardi 22 mai rendez-vous Salle Gaveau ! Le pianiste Jean-François Zygel, maestro de l’improvisation classique, et le grand jazzman Nicola Sergio joueront solidairement pour le Népal. Accompagnés de Jean-Charles Richard au saxophone, Fabrice Moreau à la batterie et Stéphane Kerecki à la contrebasse, ces artistes vont rivaliser de prouesses pour vous faire toucher le toit du monde en reliant musicalement Paris à Katmandou..

Ce concert exceptionnel est organisé par l’association humanitaire « Partage dans le monde ». Ses bénéfices vont contribuer au financement de missions sociales et médicales au Népal auprès des populations les plus démunies, dont celles frappées par les tremblements de terre de 2015.

Quelques heures avant ce concert unique, SYMA News a rencontré ses deux principaux interprètes : Nicola Sergio et Jean-François Zygel.

Interview Nicola Sergio

Comment est né le projet « Musique pour le Népal » ?

Nicola Sergio : Il y a cinq ans, lors d’un de mes concerts, j’ai rencontré les membres de l’association  humanitaire « Partage dans le monde ». Avec conviction et simplicité, ils m’ont expliqué la cause qu’ils défendaient dans les villages les plus reculés de l’Inde et du Népal et je leur ai dit : « Comment puis-je vous aider ? ». L’idée d’un concert pour trouver des fonds s’est mise en place et notre collaboration musicale est née.

Votre premier concert en faveur du Népal a eu lieu en 2013 ?

Tout à fait, la soirée s’est tenue au Sunset Sunside devant un public plus que réjoui. A partir de 2014, les concerts ont eu lieu au New Morning et comme ils ont fait salle comble trois fois de suite, cette année nous avons décidé d’investir la salle Gaveau ! On a du grimper en taille car non seulement les spectateurs nous suivent fidèlement mais il y a également beaucoup de musiciens qui se joignent à nous sur scène pour soutenir cette cause humanitaire.

Combien d’artistes ont déjà participé à ces concerts ?

Sur cinq ans près d’une cinquantaine de musiciens sont venus jouer bénévolement. Dans les premiers temps, beaucoup de jazzmen ont répondu à l’appel, puis, petit à petit, les spectacles se sont ouverts à d’autres courants musicaux comme le classique.

Est-ce pour celà que cette année vous avez invité Jean-François Zygel ?

Exactement. Je connaissais Jean-François Zygel un peu comme tout le monde, grâce à ses spectacles au Châtelet et à ses émissions pédagogiques. J’ai toujours apprécié la facilité avec laquelle il inculquait des notions complexes aux enfants et surtout l’enthousiasme qu’il avait à le faire. Par curiosité, je me suis penché sur ses albums et ses propres compositions pianistiques et là, j’ai découvert une très belle sensibilité. Ce qui m’a le plus marqué chez Zygel c’est son aptitude impressionnante à improviser sur du classique : l’improvisation n’est pas chose commune dans le domaine classique, c’est un cheminement beaucoup moins évident que pour les jazzmen.

Le concert à Gaveau nous laisse donc espérer de grands moments d’impro !

C’est prévu au programme ! Mon quartet de Jazz couvrira la première partie de soirée avec une interprétation libre de mes quatre derniers albums. Autour de moi, il y aura Jean-Charles Richard au saxophone, Fabrice Moreau à la batterie et Stéphane Kerecki à la contrebasse. La seconde partie laissera la place à Jean-François Zygel qui nous offrira des improvisations au piano solo inspiré par le Népal et sa culture. Jean-François et moi prévoyons de terminer le concert dans un duo pianistique à quatre mains qui sera suivi d’un duo piano saxo très original Beaucoup d’émotions et de surprises sont à prévoir !

De votre côté, vous avez également composé un morceau inspiré d’un film népalais

Oui ! Ce film se nomme Kalo Pothi et il met en scène deux enfants qui, malgré la guerre civile, parviennent à conserver leur amitié. Tout au long du film, il y a une poule qui revient sans cesse comme un fil directeur. On la voit dans chaque scène et elle apporte une note d’humour qui dégèle un peu le conflit politique opposant le parti dictatorial aux communistes révolutionnaires. Cette poule m’a tellement fascinée que je lui ai consacré un morceau ! En hommage au Népal et aux séries télévisés de Netflix, je l’ai nommé ‘Nep-Flix’

D’autres projets en cours ?

Toujours ! Je suis actuellement en train de composer mon nouvel album. Il aura pour thème  «  Le Mal dans le monde » et sera traité métaphoriquement à travers deux espèces d’oiseaux : d’un côté, il y aura les Marabouts personnifiant la méchanceté et la destruction, et de l’autre, il y aura les Flamants roses qui déploieront leurs ailes pour répandre le bien sur terre à l’exemple des membres de l’Association « Partage dans le monde ». Vous aurez un aperçu concret de ces idées mardi soir à la salle Gaveau : lors du concert, je compte, en effet, dévoiler deux de mes nouvelles oeuvres au public …

Mais que pense Jean-François Zygel de ce concert ?

Interview Jean-François Zygel 

Jean-François, vous êtes un musicien classique et Nicola un jazzman, est-ce compatible sur scène ? 

Jean-François Zygel : Comme tout improvisateur, il m’arrive de partager la scène non seulement avec d’autres improvisateurs venus du classique, mais également des musiques du monde (Didier Malherbe, Joël Grare, Pierre Hamon…), du jazz (Didier Lockwood, Bobby McFerrin, Antoine Hervé…), des musiques urbaines (Sly, Dgiz…), et même récemment de l’électro.
Ensemble, nous inventons un nouveau monde sonore, d’autres vocabulaires rythmiques et harmoniques, mêlant notre imagination et nos envies du moment. Tout est possible, à condition de respecter notre grande loi commune : le rythme !

D’où vous vient ce goût pour l’improvisation ? Ce n’est pas si commun dans le registre classique !

Je crois bien que dès que j’ai su faire trois notes sur un piano, je me suis mis à improviser… ce n’était pas tout à fait du goût de mes professeurs, mais de toute façon je ne pouvais pas m’en empêcher ! C’est maintenant devenu mon métier, et j’ai même créé au Conservatoire de Paris (CNSMDP) la première classe d’improvisation au piano classique. C’est d’ailleurs étonnant que l’improvisation soit devenue si rare en classique, alors qu’elle était au coeur de la vie musicale des XVIIIe et XIXe siècles. C’est comme improvisateurs que Bach, Mozart, Beethoven et Liszt se sont d’abord faits connaître et aimer du grand public !

Quel va être votre « programme » salle Gaveau ?

Le propre d’un concert d’improvisation… c’est d’être improvisé ! Je crois que c’est justement ce qui plaît au public : il sait qu’il assiste à un concert unique, exceptionnel. Que la musique qu’il va entendre ce soir là n’a jamais été jouée auparavant, et ne sera jamais plus entendue par la suite.
Je ne me suis fixé qu’une contrainte : que toutes mes improvisations rendent hommage d’une manière ou d’une autre au Népal, soit que je me serve de thèmes traditionnels népalais, soit que j’évoque les sublimes paysages de l’Himalaya et ses neiges éternelles…

En 2017 vous avez sorti un très bel opus revisitant au piano des tubes de variétés (L’Alchimiste), avez-vous d’autres projets pour 2018 ?

Je prépare un nouvel album pour la fin de l’année, cette fois entièrement en solo. Sinon, je poursuis ce que l’on pourrait nommer en quelque sorte une “tournée sans fin”, tournée qui va m’amener d’ici quelques jours à me produire à Pékin, Nankin, Canton, Shanghai et Wuhan. Ce sera la première fois que je vais jouer en Chine continentale !

Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr

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Le mardi 22 mai 2018 à 20h30

Musique pour le Népal

Jean-François Zygel, piano
Nicola Sergio, piano
Stéphane Kerecki, contrebasse
Fabrice Moreau, batterie
Jean-Charles Richard, saxophone

Salle Gaveau
45-47 rue La Boétie
75008 PARIS
Réservations : 01.49.53.05.07

http://www.sallegaveau.com/spectacles/musique-pour-le-nepal

Pour en savoir plus sur Nicola Sergio, voir notre précédent article et son site officiel .
Pour suivre l’actualité de Jean-François Zygel : écoutez-le tous les samedis sur France Inter de 12h à 13h dans La preuve par Z .

©Photos : ©Fabio Orlando pour Nicola Sergio – ©Denis Rouvre pour Jean-François Zygel

Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.