Sortis à quelques jours d’écart, les deux géants commerciaux que sont Elden Ring Nightreign et Mario Kart World ont largement dominé les débats cet été si l’on a croit les chiffres et les classements. Nintendo fait également le bilan du lancement de la Switch 2.

Elden Ring Nightreign, le volet coopération multijoueur de la licence de From Software, a pris confortablement la tête du marché américain d’après Circana à la fois en mai et juin. Le développer et son éditeur occidental BandaiNamco ont annoncé avoir expédié cinq millions d’exemplaires. Cette double victoire lui permet d’entrer dans le top 10 des jeux les plus vendus outre-Atlantique, dans lequel Monster Hunter Wilds garde cependant la main. De manière assez incongrue, on trouve en deuxième place le remaster d’un jeu de rôles occidental de 2006, the Elder Scrolls IV Oblivion, qui connaît une nouvelle carrière plus que resplendissante. Stellar Blade profite également d’une sortie sur PC pour remonter et franchir les trois millions de ventes, rapportant ainsi très gros à Sony.

Cela se ressent dans les états financiers du premier trimestre 2025-2026 de PlayStation : la partie jeu vidéo du groupe engrange 936 milliards de yens (près de 5,5 milliards d’euros) de chiffre d’affaires et un résultat d’exploitation presque doublé à 148 milliards de yens (860 millions d’euros). Sony a expédié 2,5 millions de PS5 de avril à juin, soit un peu plus que l’an dernier. PlayStation a aussi vendu plus de jeux, quasiment 66 millions contre 54 millions sur la même période l’an dernier. Le dématérialisé à encore progressé (hausse supérieure à 40%) et, couplé à une maîtrise générale des coûts, permet des records de profitabilité.

Le bilan trimestriel de Nintendo livre également des enseignements précieux. Le constructeur a vendu (et pas seulement livré) six millions de Switch 2 en sept semaines. Mario Kart World s’est vendu à 5,63 millions d’exemplaires, ce qui veut dire que la quasi-totalité des possesseurs de la console y jouent. Ce n’est pas une surprise, puisque le pack regroupant la Switch 2 et Mario Kart World était économiquement le plus intéressant. Cela n’empêche d’ailleurs pas le jeu de kart de cartonner dans le top des ventes de jeux vidéo français du SELL : cinq semaines en tête des ventes physiques dans l’hexagone, détrôné par une autre exclusivité Switch 2, Donkey Kong Bananza. Le chiffre d’affaires du Big N fait donc plus que doubler au premier trimestre, à 572 milliards de yens (environ 3,3 milliards d’euros). Cependant, son résultat d’exploitation n’augmente que de 4%, à 57 milliards de yens (environ 300 millions d’euros), et Nintendo précise pourquoi : la Switch 2 produit une marge très inférieure à celle de la première Switch, en dépit du prix fixé à 470€.

La firme est donc sous pression financièrement, ce qui conduit à augmenter de 15% les prix de la Switch 1. La Switch OLED prend par exemple 50€ pour attendre 400€ en neuf. Mais cela ne devrait pas résoudre les problèmes d’inflation et de profitabilité de Nintendo : la Switch va devenir bien moins attractive vis-à-vis de la Switch 2 et ses ventes vont ralentir, laissant toute la place à une Switch 2 moins rentable. Autrement dit, il y a une forte probabilité pour que la Switch 2 voie son prix gonfler également en 2026. Sony et Nintendo annoncent un parc de joueurs actifs similaire (123 et 128 millions respectivement), même s’ils le calculent différemment. Il est intéressant de constater qu’avec cette même base client, PlayStation vend deux fois plus de jeux et dix fois plus de contenu dématérialisé que Nintendo. Ce dernier est plus que jamais sur la défensive.