Elle n’avait que treize ans quand elle est entrée dans la lumière en reprenant les chansons des autres. Mais c’est avec un album sombre que Marina Kaye a révélé ses premières compositions personnelles dans « Fearless ». Disque qui dix ans plus tard résonne différemment dans la vie de cette ex ado tourmentée devenue une jeune femme épanouie.

Marina Kaye - Homeless

Débuts pluvieux, anniversaire heureux

Un mariage heureux, un bébé en route. Des bonheurs que la Marina Kaye d’il y a dix ans n’aurait jamais imaginé une seule seconde. Un « Incroyable Talent » à la voix puissante qui s’est fait entendre pour la première fois sur la scène du grand show de M6. Emission qu’elle a remporté entre autre grâce à ses reprises magistrales de « Rolling in the Deep » d’Adèle ou « Firework » de Katy Perry. Un feu d’artifice de performances toutes en anglais pour cette ex collégienne qui a également choisi la langue de Shakespeare pour son premier album enregistré entre Londres et New-York. Un exercice rare pour une artiste émergente, qu’elle a justifié par son aisance et plus grande facilité à exprimer ses émotions. Notamment la peur qui lui a inspiré le titre de « Fearless », en français « sans peur » sorti le 18 mai 2015. « J’ai commencé à l’écrire alors que je n’avais que 14 ans. Je rêvais de scène, de voyages, d’émancipation. Je n’avais pas l’insouciance d’une adolescente, je portais déjà le poids de ma vie sur mes frêles épaules » se remémore-elle une décennie plus tard pour célébrer cet anniversaire symbolique. « Parce que je n’ai plus peur d’avoir peur, ni d’avoir mal » expliquait à l’époque l’interprète de « Homeless ». Un premier single abordant sa sensation d’insécurité et renfermement, pointant du doigt le malaise autour du passage à l’âge adulte. Un hit introspectif parvenu à fédérer des milliers de fans et d’écoutes. Jusqu’à se classer en tête des ventes en France un an plus tard, boosté par la sortie de l’album. Un succès certifié disque de platine qui aujourd’hui encore demeure parmi ses plus gros tubes. Et qui inversement a pleinement participé au plébiscite de l’opus certifié lui disque d’or en seulement une semaine d’exploitation. Jusqu’à décrocher un double disque de platine ainsi qu’une pluie de récompenses dont celle du « Meilleur album de l’année » au prix RTL. Un « premier grand accomplissement en tant qu’artiste » rythmé de sonorités psychédéliques quelque peu sombres faisant écho à ses tourments de l’époque. À l’image du mystique « Mirror Mirror » à tendance maléfique, reflétant ses vieux démons. Une artiste brisée faisant palpiter son coeur dans un paradis sombre dans « Sounds Like Heaven ». Une ballade aérienne vaporeuse aux airs de Lane Del Rey, écrite un jour de grande tristesse. Tandis que le glaçant « Freeze You Out » écrit par Sia en personne, met en lumière une histoire d’amour impossible. Autre piste exploitée, le tourmenté «  Dancing With the Devil » et son titre explicit traduit par « Danse avec le diable ».

Marina Kaye - You

Le calme après la tempête émotionnelle

Des mots qui ont permis à Marina Kaye de commencer à panser ses maux tout en se déchargeant de son trop pleinde « ce vécu, un peu trop encombrant » qui aujourd’hui ne lui pèse définitivement plus. « Aujourd’hui c’est une toute autre personne qui écrit ces mots. Une femme qui a vécu, enduré, qui a finalement réussi à emprunter le chemin de la guérison, de la découverte d’elle-même et qui a su se construire de ses propres mains à la seule force de son mental après de longues années en mode survie. Je suis fière de celle que je suis à ce jour et je sais que la jeune fille qui déambulait de studios en studios en essayant de trouver un sens à son existence le serait tellement aussi » affirme-t-elle avec maturité et apaisement. Une artiste parvenue avec le temps et la musique à exorciser ses vieux démons. Autour d’un univers resté le même tout comme les paroles toujours en anglais. À quelques exceptions près, comme sa reprise de « Vole » ou l’électrisant « Merci quand même » faisant résonner ses blessures passées et sa rage de faire la paix avec elle-même. Une libération progressive accélérée sur son troisième opus « Twisted ». Bercé par le single éponyme aux sonorités pop dark et arrangements électros minimalistes à la fois puissants et mélodieux. Suivi de près de quatre ans d’hibernation, puis d’un éveil lumineux au paradis avec « Heavenbound ». Un nouvel envol pour cette ex chrysalide devenue un papillon batifolant en pleine saison des amours parvenu à trouver son équilibre pour le meilleur, mêmedans le pire.

DROUIN ALICIA