Le rêve vire au cauchemar pour Salto qui ambitionnait de devenir le « Netflix à la française». La plateforme payante de streaming vidéo en ligne vivant certainement ses dernières semaines de diffusion suite au désengagement de France Télévisions. La fin d’un feuilleton de deux ans riche en rebondissements.

Salto - arrêt salto - dissolution -

Plusieurs scénarios possibles

Le suspens est à son comble pour les 900 000 abonnés qui attendent impatiemment de découvrir le dénouement de Salto. Une plateforme proche du KO suite au coup de grâce de France Télévisions qui a décidé de quitter le navire. « Il faut céder Salto » assure Delphine Ernotte présidente du groupe figurant parmi les trois acteurs principaux. Décision prise en réponse à TF1 qui annonçait en novembre dernier sa volonté « de se désengager, de ne plus mettre d’argent ». Même son de cloche du côté de M6 qui en cas de fusion avec la première chaîne d’Europe s’était engagé à racheter la participation de France Télévisions. Projet hélas annulé en septembre dernier. C’est donc chacun de leur côté que les leaders poursuivent à présent leur développement entre autre numérique via les services payants MYTF1 Max et 6play Max. Formules globalement similaires proposant l’ensemble des programmes du Groupe, sans pub et en illimité pour la somme de 2,99 euros par mois. Une offre empiétant sur le catalogue de Salto dont l’objectif était de réunir replays et contenu exclusif des Groupes TF1, M6 et France Télévisions. Une entreprise aux 86,5 millions de dettes qui pour repartir pour une troisième saison devrait recruter un nouvel actionnaire au casting. « Si demain il trouve un acquéreur, je n’aurai aucun problème à y laisser nos contenus » a d’ailleurs attesté Delphine Ernotte qui a réaffirmé à plusieurs reprises son attachement à Salto.
Parmi les potentiels premiers rôles : Canal +, Amazon ou le groupe espagnol Agile qui ont déjà étudié un éventuel rachat. Unique solution qui lui permettrait de continuer d’émettre mais qui n’épongerait qu’une fraction du passif et qui s’avère techniquement complexe (vente par morceaux, soucis de droits sur les programmes…). Un sauvetage donc pour l’heure totalement incertain. Autre hypothèse donc pour minimiser les pertes : la liquidation suivie d’une vente des actifs de la société à savoir sa base d’abonnés, son catalogue et sa marque. Ou tout simplement une dissolution de la plateforme SVOD sans aucun héritier et donc une cessation des activités.

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L’épilogue d’un feuilleton tourmenté

Conclusion qui devrait être rendue dans les semaines à venir et qui impacterait directement les abonnés qui devront naviguer entre les différentes plateformes des diffuseurs pour retrouver leurs programmes préférés. Plus incertain le sort de la cinquantaine d’employés restant de l’entreprise. Fort heureusement parmi les 42 personnes en CDI la plupart pourrait retourner chez son ancien employeur, dont leur directeur Thomas Follin débarqué de M6. Ceux recrutés par Salto se verraient quant à eux « proposer des postes au sein de trois entreprises » audiovisuelles. « Nous sommes en tout cas très fiers du travail effectué malgré tous ces obstacles » affirme Michel Nougué interrogé par Télérama qui n’a pour l’heure pas diffuser de communiqué de presse officiel. Un directeur de la communication de Salto qui se souvient des débuts difficiles et faux départs de la plateforme née le 20 octobre 2020 après maintes péripéties (achats des droits de diffusion, autorisations, accord du CSA, crise sanitaire…). Une aventure ambitieuse boudée par les opérateurs télécoms qui a peiné à trouver le bon positionnement entre un service de replays croisés et une diffusion de contenu exclusif évènementiel. À l’instar de la suite de « Sex and the city », les films « Harry Potter » ou les grandes retrouvailles des « Friends » qui ont témoigné de sa capacité à fédérer malgré l’immense concurrence de géants comme Netflix ou Amazon Prime. « Tant que les choses ne sont pas pliées on veut y croire » soutient Michel Nougué qui jusqu’au générique de fin veut croire à l’arrivée imminente d’un « repreneur de dernière minute » pour écrire un nouveau scénario.

DROUIN ALICIA