Retour fracassant dans les charts pour Lomepal. Un artiste mélangeant dans le « Mauvais Ordre » ses pensées sur ce troisième album brouillant son rap de riffs, chant et désordre mental d’un personnage marginal fictif.  Chronique musical.

Lomepal - Mauvais ordre - chronique musicale - Tee -

Un album conceptuel

Premier du Top Albums après une semaine d’exploitation, « Mauvais Ordre » de Lomepal brille déjà d’or. Une certification équivalent au seuil des 50 000 ventes dont plus de 33 000 totalisés en trois jours d’exploitation. Soit le cinquième meilleur démarrage de l’année catégorie albums. Un roi des streams raflant la mise sur les différentes plateformes dont Spotify qui a totalisé plus de 4,3 millions d’écoutes dans les premières 24H de la mise en ligne des 15 pistes du disque dont « Auburn » et « Tee » déjà classés dans le Top Singles. Un plébiscite jusque sur les sites de billetteries voyant les dates de son « Mauvais Ordre Tour » se remplir à vitesse grand V dont les trois représentations parisiennes à l’Accor Arena du 28 au 30 mars 2023 déjà presque au complet.
Un succès qui malgré tout n’empêche pas de laisser sceptique une partie du public et Médias dérouté par son virage à « 50° » et plus, où se croisent sonorités rap, pop-rock et chanson française. Si certains tentent même de remettre de l’ordre à coups de théories fumeuses, seul Antoine Valentinelli de son vrai nom détient la vérité. Un artiste qui après s’être confessé un peu sur son premier projet puis beaucoup sur le deuxième, préférait changer de crédo et sa manière d’écrire tout en s’imprégnant de nouvelles influences musicales. Un rappeur frontal évacuant sa rage d’une agilité verbale racontée par un chant plus poussé. S’accordant des détours sur une production brute autant rap que rock qui peut s’écouter dans tous les sens. Et si il redistribue les cartes ce narrateur moderne emboite les pièces du puzzle à coup de punchlines vibrantes. « Toujours bloqué dans la mauvaise zone, C’est ma faute j’ai mis les bons mots dans le mauvais ordre, J’ai encore tout emmêlé» avertit-il d’entrée de jeu sur le premier titre éponyme résumant le désordre intérieur. Cultivant une fois de plus son écriture soignée imageant ses pensées tourmentées couleur « Auburn ». Tout en assumant pleinement le côté « Pour de faux » de ses histoires partant dans tous les sens. Un nouveau chapitre où il se glisse dans la peau d’un personnage torturé à la casquette visée sur son mental bouillonnant comme l’« Etna ». Un mec esseulé introduit par les paroles brouillées de « Skit it ».

Lomepal - Mauvais ordre - chronique musicale - Auburn -

L’histoire d’un mec solitaire

Un rôle principal déambulant avec beaucoup d’émotions vers la quête de soi avec pour fil conducteur la thématique des relations amoureuses quelque peu tumultueuses, mais aussi le côté sombre de la célébrité et références à l’environnement. Vidant de son coffre l’éternel chaos intérieur qui semble lointain pour Lomepal filant lui à présent des de jours heureux avec l’actrice Souheila Yacoub en tête d’affiche sur la pochette. « Oh, ça y est ça fait deux mois, J’suis plus qu’une moitié, j’suis plus que moi » chante-t-il sur «à peu près » au nom de tous les ex dans le déni. Avant de se transformer en un éternel insatisfait de l’amour « Hasarder ». Un coeur fragile comme du « Crystal » noyant son amertume entre ses addictions pour les stupéfiants et deux gorgées d’un cocktail explosif où se mélangent « Le miel et le vinaigre ». Un homme désabusé sombrant «Decrescendo » dans cette « Maladie moderne » qu’est la dépression. « Le sens de la vie disparaît en fade out, Aucune bonne raison mais je veille tard, J’anticipe déjà le réveil d’après, J’aimerai bien pleurer mais y a rien qui s’y prête » lance l’interprète de « Trop beau » en partageant doutes et espoirs de son vrai faux double. Un coeur solitaire encore assommé par la lecture de son dernier « Skit lost memo », frappé contre toute attente par un coup de foudre (« Prends ce que tu veux chez moi »). Un happy end pour une fois véritable que célèbre Lomepal sur l’ultime piste au nom trompeur qui est pourtant la seule autobiographique. « J’voudrais tout refaire en mieux, Mais si j’fais rien qu’un choix contraire, J’pourrais plus la rencontrer, Faut qu’je puisse la rencontrer, eh » conclut-il le coeur et l’esprit enfin reconstruits dans le bon ordre.

DROUIN ALICIA