Après deux ans de paranoïa COVID, le Tokyo Game Show a finalement décidé cette année de rouvrir “comme avant” et de faciliter l’arrivée de la presse étrangère, alors que toute entrée sur le territoire nippon est toujours soumise à des conditions drastiques. C’est ainsi que pour la deuxième fois, nous avons pu arpenter les allées du grand salon du jeu vidéo japonais.
Pourtant, le TGS ne repart pas à fond, car on notait dès l’arrivée l’absence de Sony. Le stand PlayStation est traditionnellement l’un des plus importants, avec beaucoup de blockbusters à l’essai. Du coup, c’est Sega qui a la palme du stand le plus impressionnant, avec son énorme statue Sonic devançant l’élégant fond de Like a Dragon Isshin.
SEGA et Konami mettent le paquet sur la déco
Le stand abritait Disgaea 7 de Nippon Ichi Software, que nous avons pu essayer sur PS5. Le RPG tactique bien connu sort deux ans seulement après le sixième opus, le 24 janvier prochain au Japon sur PS4, PS5 et Switch. A titre de comparaison, il s’était passé près de six ans entre Disgaea 5 et Disgaea 6. C’est le jeu le plus profitable pour NIS, donc on comprend qu’ils veuillent miser dessus.
Disgaea 7 est toujours un RPG tactique sur grille dans lequel il faut faire avancer les personnages à des points stratégiques pour causer le plus de dommages aux unités ennemies, tout en protégeant les siennes. Le rendu est particulièrement joli en haute définition sur PS5, même s’il faut toujours faire avec le style super deformed des héros. Dans la démo, on trouvait déjà un très grand nombre de classes : parmi celles-ci, archer, prêtre, danseuse, ninja et même… femme-chat! Ces classes d’inspiration du Japon médiéval viennent s’ajouter à celles déjà très nombreuses des épisodes passés. Disgaea 7 promet donc un éventail de possibilités infinies, avec en plus cette fois la possibilité de rendre n’importe quel personnage géant! Avec ce système, le joueur fait d’énormes dégâts sur une grande superficie, ce qui changement grandement la donne. Mais attention, les unités alliées peuvent être touchées aussi.
Le stand Konami rivalisait avec Sega grâce à son énorme écran en bandeau. Stupéfiant de gigantisme, il diffusait en permanence des images des jeux ainsi que des messages impossibles à ne pas remarquer!
Konami louait de l’espace à Falcom venu proposer une partie de Kuro no Kiseki II aux visiteurs. Il s’agissait d’une courte partie combat de ce jeu de rôles au tour par tour, mais qui avait le mérite de nous laisser jouer des personnages neufs comme Nadia, Shizuna ou Celis. Pas de grand changement par rapport au premier pour l’instant, il faudra surtout attendre les développements du scénario. Sortie sur PS4 et PS5 le 29/9 au Japon.
Des jeux KoeiTecmo qui divisent
KoeiTecmo était venu avec deux nouveautés attendues : Wo Long, présenté en juin dernier, et Atelier Ryza 3, dévoilé juste la veille. Le secret était donc bien gardé, mieux en tous cas que Atelier Sophie 2 dont la jaquette avait fuité plusieurs heures avant l’émission… Voyons donc ce que valent ces titres phare de la marque.
Wo Long est développé par la Team Ninja dans la lignée de Nioh. Ça se sent tout de suite, car l’action-RPG qui prend pour cadre la Chine ancienne est ultra-difficile. Plusieurs styles de guerriers sont disponibles (axés davantage sur l’attaque, la rapidité, la défense, etc.), mais dans tous les cas, on en bave franchement. A vingt mètres du point de départ, les ennemis sont déjà très agressifs, puissants en plus d’avoir beaucoup de vie. L’esquive est vitale car l’endurance du héros ne lui permet pas de défendre longtemps. En se battant bien, l’ennemi va subir des saignements, état dans lequel on peut asséner un coup quasi-fatal.
Les points de contrôles sont assez proches les uns des autres, ce qui permet de monter en niveau et en stats facilement, mais Wo Long semble quand même moins accessible qu’Elden Ring. Le boss de la démo est tout simplement intouchable, sa portée et sa force étant bien supérieure à la vôtre. Graphiquement, Wo Long est plutôt moyen sur ces quelques minutes de jeu. On peut dire pour l’instant qu’il s’adresse plus à la fanbase de Nioh. Le jeu devrait parvenir dans quelques mois sur PlayStation, Xbox et PC, mais la démo est déjà téléchargeable.
Atelier Ryza 3 laisse une impression mitigée. Gust reconduit, et en plus met en lumière les personnages les plus fades pour ce premier aperçu. Cela ne donne guère envie de jouer, pas plus que le système de combat de plus en plus orienté action : on ne fait que matraquer trois boutons sans réfléchir, l’interactivité et la réflexion ont disparu. On est loin de ce qui faisait la qualité d’Atelier Sophie 2 et on se demande bien pourquoi on se voit imposer des systèmes aussi contradictoires d’une année à l’autre…
Les clés seront l’élément central du gameplay du jeu : l’obtention de celles-ci permet de renforcer les alliés lors des combats ou encore d’ouvrir de nouvelles zones. L’exploration a l’air plus fluide, grâce à l’absence de toute barrière naturelle, mais les quinze minutes allouées ne permettent pas de dire si le monde est cette fois réellement riche. Le doute sera levé (ou pas) lors de la sortie de Atelier Ryza 3 sur Switch, PlayStation et PC, le 24 février 2023.
SquareEnix, roi du Tokyo Games Show 2022
Rendez-vous ensuite sur le stand Square Enix, qui disposait de plusieurs nouveautés majeures. Parmi elles, Star Ocean The Divine Force et Forspoken, deux jeux de rôles parmi les plus attendus pour ces prochains mois.
Et à raison. Star Ocean The Divine Force montre un univers et surtout des personnages d’une très grande beauté. Les ruines qu’on pouvait parcourir dans la démo sont fort impressionnantes : l’architecture rappelle les meilleurs moments de Star Ocean 3, mais cette fois avec des moyens modernes. Le premier boss était ultra spectaculaire, à un niveau de gigantisme et d’effets pyrotechniques qu’on a clairement jamais vus dans la série. Le gameplay n’est pas en reste, car le jeu introduit un système un peu particulier qui change la donne : le héros contrôlé dispose d’un module qui lui permet de flotter et de se déplacer en l’air. Cela permet bien de donner un sens nouveau à l’exploration, mais aussi aux combats puisque l’on peut littéralement foncer sur les adversaires et utiliser les angles morts à son avantage. Attendu impatiemment donc sur PlayStation, Xbox et PC le 27 octobre.
Forspoken était le titre le plus important du salon : il fallait près d’une heure et demie pour prendre la manette! Square Enix emprunte le visage de l’actrice Ella Balinska pour son héroïne, Frey. Exclusivité console PS5 fortement appuyée par Sony, le jeu repousse les limites de l’heroic fantasy grâce à un rendu de la magie jamais vu jusqu’alors. Les effets du feu ou de l’eau font sentir le changement de génération vers la PS5. Frey peut revêtir différentes capes et colliers qui procurent autant d’effets (défense, coups critiques…), ce qui donne une classe inhabituelle au personnage et une cohérence appréciable à l’univers en général.
Grâce à la magie concentrée sous ses pieds, Frey se déplace à grandes enjambées (y compris sur l’eau), et peut encaisser quasiment n’importe quelle chute. Les sensations ressenties lors de l’exploration du vaste monde d’Athia sont donc sans pareilles, sans parler des combats puisque la courte démo comportait déjà une quinzaine de sorts différents! On pouvait également constater des mécaniques de progression très riches, que ce soit dans l’évolution de Frey (points d’expérience, de magie ou de défense) ou dans la gestion de l’équipement (améliorable). A surveiller à sa sortie, le 24 janvier 2023 sur PS5 et PC.
Dernière étape, les bornes de Monochrome Moebius était immédiatement accessibles sur la modeste stand Happinet. L’éditeur Aquaplus a encore du boulot sur son jour de rôle au tour par tour.
La préquelle de la trilogie Utawarerumono montre un aspect visuel insuffisant, comme des textures manquantes et des PNJ sans visage. Le monde à l’air vide et la ville était inaccessible. Les combats sont mous et c’est la plus grande déception quand on connaît l’excellence des affrontements de Utawarerumono Zan 2. Là les personnages portent des coups sans impact, aux animations répétitives et sans aucun travail de la caméra. Monochrome Moebius a été repoussé déjà deux fois et il n’est pas sûr que cela suffise au vu de cette démo catastrophique. Verdict le 17 novembre sur PS4 et PS5 au Japon, si la date ne change pas d’ici là.
Comme traditionnellement, le dernier rendez-vous sera au hall merchandising où là aussi, le Tokyo Game Show a un peu réduit la voilure. Koei Tecmo n’avait pas son stand habituel de produits dérivés, préférant rediriger les fans vers sa boutique toute neuve de Shibuya. Square Enix vendait quelques babioles et de la musique, mais c’est encore l’accessoiriste Cospa qui en mettait le plus plein la vue. Le petit stand était truffé d’objets ou vêtements exclusifs, avec en plus des soldes.
Signe des temps qui courent, le jeu smartphone Heaven Burns Red avait sa propre boutique renfermant divers produits dérivés reprenant la graphisme du talentueux designer Yuugen. Mais là aussi, beaucoup d’éléments n’étaient là qu’en démonstration, accessibles uniquement en pré-commande sur internet. La partie shopping ne fut pas merveilleuse…