Conteur moderne remarqué dans la saison 10 de « The Voice », Tarik a été le premier slameur du format. Un brillant interprète à la plume sensible et musicale aimant écrire et chanter des messages qui font sens. Un univers éloquent qui portera son premier album en plein peaufinage. Entretien.

Tarik - the voice 10 - en voilà une question -

« The Voice m’a beaucoup fait progresser en terme d’interprétation »

SYMA : Comment vas-tu depuis ton passage remarqué dans « The Voice » ?

Tarik : C’est gentil de demander. Tout se passe très bien, la routine a repris depuis entre les études, le sport. À tout ça on ajoute la signature en maison de disque et la préparation d’un album. Donc effectivement tout va bien !

Sacré programme ? Le rythme n’est pas trop chargé ?

C’est vrai que c’est chargé, mais on essaye de s’organiser comme on peut. Et puis j’ai des amis merveilleux qui m’aident avec les cours, et c’est génial. Franchement ça se passe très bien.

Tu as le temps de regarder l’émission cette saison ?

Oui, j’ai même rencontré quelques candidats lors de plateaux. Et ça fait bizarre de les voir sur ce plateau et me dire que l’année dernière j’étais à leur place, parce que je sais exactement ce qu’ils sont en train de vivre. Et je peux même échanger un peu avec eux, leur donner humblement mes conseils. Franchement c’est une très belle saison.

Qu’est ce que l’expérience « The Voice » t’a apporté ?

Au niveau artistique tellement de choses ! Déjà de l’expérience avant tout, parce que c’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de chanter en prime sur TF1 sur la scène de The Voice. Et puis le fait d’avoir du coup plus confiance en moi. En terme d’interprétation ça m’a fait beaucoup progresser, les conseils de mon coach, de mes camarades aussi, on s’entraidait beaucoup. Au delà du côté artistique j’y ai fait beaucoup de rencontres.

Tarik - the voice 10 - en voilà une question -

« Pour moi Grand Corps Malade est ce qui se fait de mieux dans le slam »

En plus tu as été le premier slameur à oser franchir la porte du plateau !

Oui c’est vrai, pour moi c’était un honneur mais aussi hyper stressant. Mais à la fois je me considérais un peu comme un outsider donc que je n’avais rien à perdre et que j’y allais pour m’amuser avant tout. Et c’est ce qui s’est passé. Le fait est que tout le monde misait sur leur voix chanté, c’était compliqué de me comparer aux autres mais il fallait quand même aller au bout.

Tu as réussi à te te faire une vraie place dans le format, depuis il y a de plus en plus de rappeurs qui se présentent. Tu es fier de voir que le style urbain se démocratise d’avantage ?

C’est clair que ça me fait plaisir, même si il y a eu quelques rappeurs avant moi, je n’ai pas porté le flambeau. Mais je suis content de voir que ça continue dans ce sens cette saison là et c’est important d’avoir du rap. Pour moi le rap est la nouvelle pop aujourd’hui, donc c’est important que ça soit représenté dans une émission de tel calibre.

Même au-delà de « The Voice », le slam prend de l’ampleur quand on voit le succès du dernier album de Grand Corps Malade !

Pour moi Grand Corps Malade est ce qui se fait de plus connu et de mieux dans le slam. Il est tellement un grand artiste, c’est le porteur du flambeau au niveau du slam. Après moi je me décris dans un registre un peu plus varié je dirais. Il y a des moments où je me sers de l’outil du slam comme du rap ou du chant. J’essaye de profiter de tous les outils à ma disposition. Sur « Voilà une question » par exemple on a essayé d’avoir cette connotation variétés française d’époque niveau musical.

Tarik - the voice 10 - the voice - interview -
© TANGUY Rutllant

« J’ai reçu énormément de messages de femmes concernées par le thème de l’avortement pour me remercier de mon texte »

On aura la chance de te retrouver sur le plateau ?

Oui et même très vite, ce samedi 16 avril je serai sur l’after pour y présenter mon nouveau single « En voilà une question » ! ça va être très chouette.

Officiellement ça sera une grande première, mais mine de rien tu es l’un des rares talents à avoir déjà eu la chance de partager un peu de ton propre répertoire !

C’est vrai. Interpréter sa compo sur le plateau c’est fabuleux. La dernière fois j’avais vraiment été pris sa surprise. Là au moins je suis préparé, mais ça c’est tout autant plaisant.

Donc lors de ton audition à l’aveugle ça n’était vraiment pas quelque chose de prémédité ?

Non, c’était impromptu. Déjà de base je ne m’attendais pas à ce que Marc Lavoine se retourne. Et quand Amel Bent m’a demandé si j’avais quelques compos, j’ai sauté sur l’occasion j’ai dit « Ah si, allons y ! ». Je n’avais pas tellement de chansons prêtes à cette époque, j’en avais écrite 2-3 et c’est celle qui m’est venue naturellement.

D’autant que tu t’es lancé avec « Mon chéri » un titre abordant le thème fort qu’est l’avortement !

Quand j’ai commencé à écrire je me suis demandé sur quoi je voulais partir. J’avais de suite envie de parler de thèmes forts, pas forcément qui me parleraient directement mais qui m’intéressaient. Et le thème de l’avortement m’est venu parmi les premiers.

Après coup tu n’as pas eu peur de te retrouver malgré toi au coeur d’un débat houleux ?

Si, à vrai dire je n’y avais pas pensé. De base j’ai vraiment écrit une chanson qui raconte une histoire à laquelle je ne porte aucun jugement et chacun pense ce qu’il veut. Moi je suis un jeune de 22 ans qui n’a pas du tout envie de donner des leçons de moral aux gens. Après certains l’ont interprété un petit peu trop je crois et s’en est suivi un petit débat sur les réseaux. Mais heureusement ça s’est vite calmé et j’ai constaté que c’était une toute petite minorité qui avait mal interprété le texte. Et en parallèle j’ai reçu énormément de messages de femmes qui étaient concernées par le thème de l’avortement, qui l’avaient vécu et se sont senties comprises dans le texte et m’ont remercié. Leurs messages m’ont bouleversés.

Tarik - the voice 10 - the voice - interview -
© TANGUY Rutllant

« Je ne me considère pas comme un artiste hyper engagé »

Ensuite il y a eu « Chauve-souris »

C’est aussi une des premières chansons que j’ai écrite. On a décidé de le sortir en deuxième single, cette fois j’y parle de violences conjugales à travers les yeux d’un petit garçon qui s’appelle Léo. C’est un personnage fictif mais je sais que c’est une réalité donc j’avais envie d’en parler.

Les deux premiers singles se sont bien enchaînés rapidement après « The Voice», en revanche tu as attendu plusieurs mois avant de revenir avec « En voilà une question », pourquoi ce délais ?

Franchement c’était pas voulu. Mais avec le label, les équipes on a eu envie de prendre le temps de faire les choses bien. Donc on a pris un peu de temps pour sortir cette chanson, on voulait être sûr de l’angle musical qu’on allait donner au texte. Mais d’autres chansons sont prêtes en parallèle. Je suis content de ce single qui me parle beaucoup, elle me concerne et j’espère permettra aux gens de se concerner aussi. Elle parle des formes d’agressions passives, toutes ces questions un peu intrusives et indélicates qu’on peut nous poser dans la vie de tous les jours, j’en ai été victime plein de fois et je pense que tout le monde l’a été une fois aussi.

Tu n’avais pas peur que le public t’oublie ?

J’avais pas forcément peur que l’effet « The Voice » retombe. Ça m’a apporté de la visibilité et au-delà de l’expérience. Je l’ai pris comme un cadeau, je suis fier d’y avoir participé et pour moi l’aventure ne fait que commencer. C’est un sacré tremplin, donc forcément on essaye de prendre la plus grande impulsion et du coup ça permet d’être vu par des gens qui peuvent aimer ou non notre univers, vu que le public est très large. On rencontre son public surtout après « The Voice », ceux qui te suivent et aiment ce que tu fais.

Là encore on te retrouve avec un titre à message, c’est une direction vers laquelle tu comptes rester ?

Exactement. Sincèrement je me vois mal écrire une chanson sans vouloir porter un message dedans. Après il y a aussi quelques freestyles plus léger que je fais à côté, mais c’est important pour moi de raconter un message et je pense que c’est dans la veine de ce que j’aime écouter aussi.

Surtout que tu n’as que 21 ans mais une plume véritablement mature, où puises-tu ton inspiration ?

Je pense que je suis loin d’être le seul, je sais bien qu’il y a plein d’autres rappeurs slameurs comme moi qui intéressent à des thèmes forts. Je pense que ça vient de l’empathie que m’ont transmis mes parents, et j’ai eu la chance petit d’avoir vu plein de choses, beaucoup voyager donc ça met des idées dans la tête.

Du coup te considères-tu comme un artiste engagé ?

C’est un très grand mot ça. Je pense qu’on est tous engagé à notre manière. Je préfère que les gens le disent de moi mais moi je ne me verrais pas le dire moi-même, c’est ça la nuance. On a tous envie de s’emparer de sujets, d’évoquer des problèmes qui relèvent d’un engagement. À partir du moment où on s’exprime on peut être considéré comme engagé. Mais je ne pense pas être hyper engagé. Je préfère évoquer des messages forts dans ma musique plutôt que de les défendre autrement que dans mon art.

Tu as d’autres textes de prêts ? Un album en préparation ?

Tous les textes sont prêts oui on arrive bientôt au bout. On est bientôt prêt. Tout a été écrit ces derniers mois, d’autres qui ont même un an et demi. Et je suis content qu’ils soient présents sur mon premier album. Rien que le fait de dire que je vais faire mon premier album c’est du pure bonheur, c’est un rêve de gosse.

Merci à Tarik

Tarik - the voice 10 - en voilà une question -

Single « En voilà une question » disponible

Un slam prodigieux sur fond d’une instru de variétés françaises faisant valser les à priori sur chacun d’entre nous.

 

 

 

 

DROUIN ALICIA