26 ans, toutes ses dents et un nouvel album pour Angèle ! Une chanteuse native de l’année « Nonante-Cinq » soufflant cette bougie supplémentaire des loopings plein la tête. Une star souriante en haute de l’affiche, déballant sa nostalgique dans un projet introspectif parsemé de sujets de société préoccupants sa génération. Chronique musicale.

Angèle - Nonante Cinq - Bruxelles je t'aime -

Ascension en pleine vitesse

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Ça Angèle l’a bien compris. Une artiste venant de s’offrir son propre cadeau d’anniversaire en faisant fuiter volontairement son nouvel opus à une semaine du terme initial. Un disque baptisé « Nonante-Cinq » en référence à son année de naissance et ses racines belges. Un pays natale qu’elle honore dans le fédérateur « Bruxelles je t’aime ». Un tube léger et radiophonique loin de l’ambiance générale des onze autre pistes nettement plus sombres. « Libre, me voilà, c’est ma voie, là, La suite en musique, sur scène, en coulisses » tonne les bras en l’air l’interprète de « La loi de Murphy » au sommet des rails depuis ce premier succès. Et ce n’est pas parce qu’elle est devenue célèbre que toutes les galères ont disparu du chemin de cette artiste préférant rester « Libre » et non formatée. Une chanteuse plus pop que jamais succombant pourtant ouvertement à la tentation de l’auto-tune. Martelant d’une production actuelle et soignée les quelques « Pensées positives » qu’elle tente de glisser avec le sourire. « Besoin de pensées positives ou de changer d’époque, Depuis 1995, j’ai confiance qu’en mes potes, Il faut rester solide, de tout, on se souvient, Et soyons réalistes, le monde nous appartient » scande-t-elle préférant s’éloigner des contrariétés et débats qui envahissent la toile. Une éternelle effrontée qui « Profite » de la vie, consciente de la vitesse à laquelle on peut dévaler la pente. « On se profite, profite, Surtout tant que tout va bien, Car tout peut changer si vite, si vite, Et basculer pour un rien » témoigne-t-elle avec finesse. Retranscrivant au passage les angoisses de toute une génération. Une jeunesse anxieuse qui ne trouve parfois « Plus de sens » à son existence, désabusée par les problèmes sociaux, changements climatiques et la crise sanitaire.

Angèle - Nonante Cinq - Démons - Damso -

Secousses et chute libre

Une « Tempête » cérébrale qui secoue aussi la jeune femme se révélant plus fragile qu’elle n’y paraît. Exposant au grand jour sa solitude à coup de ritournelles entre deux sujets sensibles comme la violence conjugale ou le consentement. Un ton larmoyant coulant lentement sur les pages de son journal intime recouverts de textes émouvants gribouillés de noir. Une nostalgie la ramenant à ses premières fois douloureuses. Des maux de ventres incommodants à l’arrivée des menstruations, à une rupture sentimentale. Des désagréments auxquels « On s’habitue » paraît-il avec le temps. Des vieux « Démons » intérieurs et extérieurs qu’elle tente d’extérioriser en compagnie du rappeur Damso. Un featuring musclé témoignant des tourments qui cognent dans la tête d’Angèle encore plus lorsqu’elle se retrouve « Solo ». Des courtes accalmies loin de sa carrière au rythme effréné, lui offrant l’opportunité de faire une mise au point avec elle-même sur sa situation personnelle. À commencer par ses relations sentimentales pas toujours si roses. « Alors, on continue de croire en l’amour, On répète les mêmes fautes, on pense que ce sera pour toujours, Alors, on continue de croire en l’amour, Mais je dis chaque fois que c’est la dernière fois » admet-elle désabusée agrippée au carrousel de l’amour. En glissant un petit clin d’oeil à sa propre sexualité. Une morosité que ressasse cette grande solitaire à bord d’un « Taxi » entre deux scènes. Touchée par le spleen, la chanteuse pianote son amertume après une dispute conjugale. « Si j’te prends la tête, c’est que la mienne va exploser » regrette-t-elle péniblement encore chamboulée par la révélation soudaine et « volée » par les Médias de son coming-out. Tentant de trouver les « Mots justes », convaincue qu’elle finira par se réveiller un jour de tous ces « Mauvais rêves ».

DROUIN ALICIA