On parle d’elle comme la petite fille spirituelle de France Gall et Michel Berger. Des icônes dont l’univers musical plane au dessus de celui de Janie. Une poétesse de la nouvelle scène déposant « Toujours des fleurs » chez tous les disquaires. Un premier message personnel emprunt de délicatesse et passion. Chronique musicale.

Janie - Toujours des fleurs - piano coccinelle -

Slow dans le temps

Le visage angélique et regard malicieux de cette « Petite blonde » ressemblent à s’y méprendre à celui de France Gall à ses débuts. Une idole qui l’a bercé durant son enfance et a laissé chez elle une empreinte indélébile. Jusqu’à l’inspirer aujourd’hui encore dans la conception de sa propre signature musicale. Une douce ambiance fine et voluptueuse qui transparaît dés les premières notes de « ça ira » donnant envie de flirter avec la voix fluette et éraillée de la chanteuse. Une jeune talent audacieuse proposant une pop nostalgique qui s’apparente d’avantage à de la variété française d’antan. Des gammes de sonorités acoustiques sur lesquelles viennent se greffer quelques beats légers. Un assemblage raffiné parfumant « Toujours des fleurs ». Une première «Compile » rétro rappelant l’ambiance des premières boums de l’époque de ses parents. Un « disque de souvenirs » en douze pétales dont un « Prélude » instrumental. Jusqu’à se replonger dans le fameux quart d’heure américain le temps d’un slow langoureux baptisé « Pardonnera ». Une petite ritournelle pleine de romance, l’un des thèmes principal de son bouquet. Avec candeur et passion Janie revient sur « Les premières fois » qui marquent « qu’elles soient belles ou pas ». De sa première cigarette en cachette à la découverte des flirts en « Discothèque » qui font tourner la tête. Mais c’est dans les bals que son amour pour la musique a éclos, en admiration devant ses parents musiciens dans un orchestre. Des histoires qu’elle conte avec passion et délicatesse les mains posées sur son « Piano coccinelle ». Un instrument fétiche qu’elle fait bondir sereinement en se remémorant le jour où cette petite bête à bon Dieu est venue se déposer dessus. Un signe d’espoir qui l’accompagne à chaque nouvelle étape de son prometteur envol.

Janie - Toujours des fleurs - Nino ou rose -

Quelques maux d’amour

Derrière son petit air insouciant, Janie ne veut en rien refléter cette image sage et lisse. S’avérant une fleur qui pousse à contre sens de sa génération. Une interprète tantôt mélancolique tantôt lumineuse qui n’a rien d’une pâle imitation de ses ainés. À coeur ouvert elle livre ici un véritable journal intime sur sa vie et ses convictions. Camouflant derrière les quelques subtiles références aux icônes de variétés françaises comme Edith Piaf, Françoise Hardy ou encore Barbara, des thèmes forts. À commencer par un message de tolérance partagé à travers le récit de « Jimmie ». Un ado pointé du doigts par ses camarades pour sa différence. Un sentiment que connaît bien celle qui a souffert de moqueries sur sa couleur de cheveux et sa prétendue inintelligence durant son enfance. Une battante osant aussi piquer au vif avec le sujet de l’avortement. Se questionnant sur le vibrant « Nino ou Rose ». Mais c’est à son père disparu alors qu’elle n’avait que 19 ans qu’elle dépose le plus beau des bouquets. Adressant un hommage bouleversant à celui qu’elle surnomme « Mon idole » dont il serait à coup sûr très fier. Une ballade intime riche d’émotions avec laquelle elle l’amène à sa façon « au bal une dernière fois »,là où il rêvait de retourner. Mais c’est au bras d’un autre homme qu’elle termine sa valse sentimentale sur le passionnel « Le prénom de l’amour ». Un morceau en deux temps démarrant par piano-voix quasi parlé, dédié à Valentin Marso, son producteur et âme sœur artistique. Un duo gagnant clôturant par un quatre main mélodieux et envoutant au son de « Un homme heureux » de William Sheller. Un classique intense répandant un ultime parfum de quiétude.

DROUIN ALICIA