Si il y a bien une chose positive que le confinement est parvenu à faire c’est de ressouder encore plus les liens entre les artistes et leur public. Une période propice à la création aussi qui a inspiré Boulevard des airs son nouvel album « Loin des yeux ». Une boîte à souvenirs de leur belle histoire riches de succès, partages musicaux et textes inédits. Chronique musicale.

Boulevard des airs - LEJ - emmène moi -

Petits bœufs entre amis

C’est un album qui n’aurait jamais vu le jour sans le premier confinement, Boulevard des airs en est convaincu. Un groupe stoppé net dans son élan par les restrictions sanitaires en pleine tournée des Zéniths. Des salles pleines à craquer qu’ils faisaient vibrer chaque soir, jusqu’à ce fatidique 7 mars à Toulouse où ils donnaient sans le savoir encore leur dernier concert avant longtemps. Une séparation brutale et inattendue qui a motivé le quatuor à apporter du bonheur autrement. Un vide qu’ils sont parvenus à combler d’abord par des rendez-vous virtuels. Des live sessions seuls ou avec d’autres, au son de leurs plus grands tubes qui leur ont soufflé ce nouveau projet baptisé « Loin des yeux ». Un disque de prouvant que même malgré la distanciation sociale, le partage demeure possible et beau. Un album de famille où se succèdent non pas les photos, mais des voix d’une piste à l’autre. 24 titres parmi lesquels 12 relectures de leurs plus grands succès mais aussi de ceux des autres dont ils sont à l’origine. Toutes en duos. Des rencontres et amis du métier avec lesquels ils étaient déjà en contact. Une sélection qui s’est donc faite le plus naturellement possible. À commencer par l’incontournable « Emmène moi » marquée d’harmonies vocales supplémentaires du trio féminin L.E.J. Sérieux renfort aussi sur l’incontournable « Bruxelles » sur lequel résonne le duo Lunis formé par le couple Louis et Laurène. Même composition en revanche pour « Allez reste » avec Vianney transformé en une version acoustique piano voix comme pour communiquer encore plus d’émotions. Pas de gros changement en revanche pour « Tous les deux » avec Patrick Bruel ni pour « Ici » en compagnie de la joyeuse bande de Tryo. Nouvelle dimension en revanche pour « Je me dis que toi aussi » où se mêle le timbre de Jérémy Frérot, mais aussi pour « Tu seras la dernière » rendu plus pétillant et solaire par la présence de la dynamique Lola Dubini. Sans oublier leur premier gros succès « Cielo Ciego» agrémenté de la touche latine du duo espoir Doya. Plus impressionnant, Claudio Capéo greffé sur « Comment ça tue » qui se fond très bien avec le reste du groupe comme si il en était un membre à part entière. Quand Gauvain Sers apporte sa petite touche rétro à « Mamie ». Des faiseurs de tubes pour eux mais aussi pour les autres à qui l’on doit entre autre l’hymne des Enfoirés « A côté de toi » co-écrite avec Tibz venu se greffer à eux sur cette belle aventure, ou encore « Viens » de Yannick Noah.

Boulevard des airs - Et nous vraiment - BDA -

Souvenirs d’hier et de demain

Un esprit de partage qui réussit à Boulevard des airs. Un groupe qui se sert de ces précieux souvenirs de ce temps d’avant comme pour mieux se projeter vers un avenir meilleur. Livrant un objet complet et dense de 24 pistes où s’entremêlent entre deux duos 12 inédits. Un album éclectique et cohérent à écouter dans son entièreté confortablement installé pour une immersion totale au sein de l’histoire de la joyeuse bande. Un carnet de bord de 17 ans d’échanges, d’écritures, de scènes qui s’ouvre étonnement par un bilan intitulé « Et nous vraiment ». Un hit rétrospectif replongeant Sylvain Duthu et ses musiciens au moment de leur formation. Un projet hybride d’un groupe qui se laisse porter au gré ses envies et qui ne se cantonne pas à des cases, osant privilégier cette fois le slam plutôt que le chant. Avec comme meilleure réponse à leur audace le titre « Abécédaire » énumérant le « Mélange » de leurs inspirations diverse et variées. Se remémorant avec une certaine nostalgie « Des centaines de lieux magiques, de rencontres, de public en folie » dans « Sacré Michel ! » Que ça soit les Festivals devant des milliers de spectateurs ou un concert dans un parc central chez eux à Tarbes, tous ont leur importance. Une date symbolique où le témoignage d’un jeune de foyer les a chamboulé. Un migrant dont ils retranscrivent les paroles dans le poignant « Va-t-en ». Rêvant d’humanisme dans le doux et fédérateur « Mais depuis quand ». Quand « Cent histoires » revient sur tous ces titres qui ne verront jamais le jour, à peine ébauchés. Pertinemment conscients pourtant que chaque chanson qui sort est une histoire qui leur échappe. « Les mots vont et viennent, et parfois quittent le sens » décrivent-ils joliment dans « Le déserteur ». Des bouts de papiers précieusement conservés dans un tiroir par les garçons pour l’heure qui leur appartient encore, comme chacune de leur performance live demeurant intacte dans leur esprit. Des moments de communion face à la foule qu’ils attentent impatiemment de revivre. Espérant un jour faire vibrer les spectateurs au son de l’entêtant et léger « Dis-moi comment tu danses ». Un public fidèle qui s’agrandit un peu plus chaque année de nouvelles générations, à qui ils envoient une réponse « Au début de vos lettres ». Clôturant cet hommage « A nos belles années » avec cet espoir « Que tout ça recommence ». « Les concerts, les embrassades, mais aussi « les faux plans, les galères et le froid ». Des moments uniques de leur vie d’artistes qu’ils garderont éternellement près du coeur.

DROUIN ALICIA