On a assisté ces derniers temps à pas mal de retours étincelants en jeu vidéo, mais l’univers du manga lui aussi tente parfois le difficile pari de faire revenir sur le devant de la scène les hits d’il y a quelques années. C’est le cas de Nobuhiro Watsuki, qui depuis quelques mois a repris sa célèbre série Kenshin le Vagabond.

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Kenshin le Vagabond est un best-seller du manga des années 90 au Japon, racontant les aventures d’un épéiste repenti durant l’ère Meiji. La perspective historique remarquablement riche et précise, ainsi que des scènes de combat de toute beauté ont très vite propulsé l’œuvre de Nobuhiro Watsuki au rang de chef-d’œuvre mondial. Encore aujourd’hui, cette série en 28 volumes reste une référence absolue du manga historique. Il y a donc toujours un peu d’appréhension à rouvrir une série qui s’est achevée au sommet de la popularité et de la gloire.

Un casting renouvelé pour l’occasion

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Le nouveau trio fait beaucoup rire… mais c’est tout!

Fini Tokyo et Kyoto. Comme son nom l’indique, Kenshin le Vagabond – Hokkaidô emmène le lecteur dans l’île septentrionale du Japon. En plus du changement de décor, le mangaka se doit d’introduire de nouveaux personnages : un ancien sbire du terrible Makoto Shishio prénommé Ashitarô, le très occidentalisé Aran et une ancienne espionne du Shôgun, Asahi. Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que le trio concentre l’essentiel du récit, ces derniers héritent d’un rôle relativement mineur.

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Ashitarô est loin d’avoir atteint son potentiel

Ashitarô, jeune et fougueux, est l’archétype-même du héros shônen. Il hérite même du sabre (maudit) de Makoto Shishio, l’ancien ennemi mortel de Kenshin. On devine donc qu’il détient la clé du récit, mais dans les quatre premiers volumes, il ne pense qu’à manger. Pas très original… Lui et ses deux camarades ont plutôt jusque-là un rôle humoristique dans le manga, réussi qui plus est : Nobuhiro Watsuki sort de bonnes blagues à un rythme incroyable, comme au bon vieux temps!

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Très jeune dans la première série de mangas, Eiji est totalement transformé dans cette suite

Du coup, ce grand chapitre “Hokkaidô” laisse une très grande place aux anciens personnages, ce qui ne déplaira évidemment pas aux fans de longue date. Quel plaisir de voir les entrées en scène magistrales de Kenshin, Sanosuke ou Hajime Saito! Ces derniers n’ont rien perdu en charisme, et on se replonge sans mal dans l’ambiance avec le même plaisir qu’il y a vingt ans! D’autres intervenants plus mineurs dans l’original reviennent plus âgés avec un plus grand rôle. C’est le cas de Eiji, très convaincant dans le rôle du militaire de l’armée de Meiji. Par lui et bien d’autres, le manga transmet toujours aussi bien cet idéal de droiture et de justice qui rend la série tellement émouvante.

Quand les anciens mènent la danse

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L’alliance ultime. Vous l’avez rêvé, Watsuki l’ai fait!

Mais ce n’est pas tout, puisque Kenshin le Vagabond – Hokkaidô va même jusqu’à réintroduire les anciens ennemis de Kenshin, mais du “bon” côté cette fois-ci. Qui n’a jamais rêvé de revoir l’énigmatique Sôjirô Seta dans d’autres circonstances ? C’est désormais chose faite et même en allié, Seta garde cet esprit impassible et impitoyable qui a fait sa légende.

Le manga introduit donc de nouveaux antagonistes, des rebelles surpuissants ayant pris position dans les montagnes derrière Hakodate. Accusant le gouvernement Meiji d’être faible, ils prétendent vouloir créer une force de véritables guerriers capables de protéger le Japon contre l’étranger. On ne connaît toujours pas très bien ces nouveaux méchants, en partie parce qu’il y a eu jusque-là relativement peu de combats sérieux. C’est probablement la principale (et seule) déception à ce stade : peu de scènes d’action sont vraiment à la hauteur de l’original pour l’instant.

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A l’ère Meiji, le parc avait un rôle de forteresse

Néanmoins, il est toujours aussi agréable de découvrir en images le Japon de Meiji, une période qui reste encore peu abordée dans les médias de divertissement. On y apprend donc beaucoup choses, comme la vie à Hakodate à cette époque : le célèbre parc en étoile Goryôka était par exemple une forteresse militaire. On découvre non sans étonnement que 200 yens valaient 4 million yens d’aujourd’hui, entre autres différences entre les ères.

Du point du vue du fan, Kenshin le Vagabond – Hokkaido est un retour des plus excitants. L’esprit de l’original est parfaitement conservé (et ce n’est jamais facile) si bien qu’on retrouve immédiatement le même plaisir de lecture qu’au “bon vieux temps”. Même si on ne voit pas encore très bien où Nobuhiro Watsuki veut en venir avec la pléthore de personnages arrivant tous en même temps, on peut faire confiance au mangaka pour nous sortir des chapitres sensationnels par la suite.

kenshin le vagabond manga jump histoire aventure samourai ashitaro asahi sanosuke hajime saito nobuhiro watsuki japon meiji hokkaido hakodateKenshin le Vagabond – Hokkaidô

Editeur : Shûeisha (Japon)
Genre : Action, histoire
Sortie au Japon : 2018 (série en cours)

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.