Hugo écrit « Dieu n’avait fait que l’eau, mais l’homme a fait le vin ! » et combien de vins ! Les vins français à eux seuls, c’est une infinité de possibles, et pour les néophytes que nous sommes, un réel embarras du choix.
Car s’il est bien agréable et idéal de rendre visite à son petit caviste pour discuter des heures millésimes et appellations, c’est souvent pressé qu’on se retrouve chez Monoprix au rayon vin. Devant cent cinquante noms de bouteilles inconnues. Et là, c’est la panique.

Tout goûter est, malheureusement, impossible, voici donc cinq étapes pour aiguiller une décision profane en temps record. Suivi de leur application « sur le terrain ».

1. Rouge ou Blanc ?

L’art d’offrir un vin ou de l’accorder avec un met précis font l’objet de milliers d’ouvrages que vous n’avez pas le temps de lire assis dans le Monoprix. Alors règle simple :

On préférera un blanc sur du poisson, des crustacés, un plat à base de crème;
Un blanc ou un rouge léger sur une viande blanche ou des légumes ;
Un rouge plus fort sur une viande rouge et un plat relevé.

Mais n’oublions pas qu’un vin se déguste aussi seul et que personne ne sait mieux que vous ce que vous voulez boire. Faire ce choix entre blanc et rouge discrimine d’emblée la moitié des bouteilles inconnues devant vous.

2. Qu’attendre du vin ? Choisir une région

Pour les rouges, on peut commencer par discriminer la puissance du vin recherché.
Pour les blancs, il s’agit de se demander si l’on veut un vin plus ou moins sucré (liquoreux ou sec), et plus ou moins « riche ».

De manière générale, plus on descend vers le Sud, plus les rouges sont puissants, plus les blancs sont « riches ».

Ainsi, de façon non exhaustive et caricaturale :

Carte vin france

  • Les vins de Loire (blancs secs, demi-secs et rouges) et d’Alsace (blancs sec à liquoreux) sont généralement légers, abordables et accessibles au goût du néophyte.
  • En Bourgogne, on retrouve autant de blancs secs que de rouges plutôt légers, complexes et majoritairement assez onéreux.
  • En Bordelais, les rouges se font un peu plus puissants pour une très large gamme et les blancs secs rares. La région du Sauternais offre des vins liquoreux reconnus.
  • En Vallée du Rhône, les rouges sont puissants et épicés et les blancs secs riches. Pour le Sud-Ouest, Languedoc, Roussillon, Provence on aura une majorité de rouges puissants et épicés.

Il n’y a aucun secret pour se faire une idée sur les subtilités d’une région : il faut essayer !

Maintenant que cette décision est prise, il doit rester devant vous quelques bouteilles (toujours aussi inconnues). Pour sélectionner l’heureuse élue il va falloir faire le meilleur compromis entre les étapes suivantes.

3. Le budget ?

A moins de 7€ en grande surface achetez une vodka, c’est plus efficace. Au-delà de 40€, prenez le temps d’aller chez un caviste, il pourra vous faire découvrir des producteurs exceptionnels et la bouteille aura connu une bien meilleure conservation.

4. Quel millésime ?

On ne trouve pas de vins âgés en grande surface, maximum dix ans et pas les meilleures années pour les plus anciens.

Globalement un vin de l’année la plus récente de l’étalage est trop jeune, surtout un rouge.

Si un vin blanc peut être bu facilement lorsqu’il est jeune, un rouge aura tendance à être tannique, c’est-à-dire astringent, « râpeux », à cause de la présence des tannins qui n’ont pas suffisamment vieilli pour s’assouplir. Cela peut très bien être recherché mais pour les rouges puissants notamment, ça peut prendre le dessus sur le goût fruité généralement attendu d’un vin jeune.

L’idée est donc de faire le meilleur compromis entre votre budget et un des vins de la région voulue qui aura entre 2 et 6 ans.

NB : 2015 et 2016 sont deux très belles années dans toute la France.

5. L’intuition ?

Le nom retient votre attention ? Vous trouvez l’étiquette originale ? Cela fait aussi partie de l’esthétisme inhérent à votre future dégustation, si la bouteille vous parle, il n’y a plus d’hésitation.

 

Partons maintenant essayer ça « sur le terrain »

  • Cas 1 : Apéro improvisé chez des amis à l’instant, je n’ai a priori aucune idée de ce que je vais apporter

Aucune idée de ce qui est prévu, aucune idée de qui vient, aucune idée de ce que les autres apportent….
On n’aura probablement pas le temps de faire refroidir le blanc. Je dois donc plaire au maximum avec un rouge. Partons sur un vin ni trop léger ni trop puissant : par exemple un Bordeaux.

J’arrive aux Bordeaux. 43 références. Je veux quelque chose de bon mais je ne peux pas me ruiner : entre 10 et 15€ il me reste 11 bouteilles.

Après élimination des années trop jeunes et des vins qui ne me parlent pas particulièrement, trois sortent du lot :

  • Un Graves 2014 à 15€
  • Un Graves 2016 à 12€
  • Un Moulis en Médoc 2018 à 13€

Même si son étiquette est superbe, le dernier est peut-être un peu jeune, le meilleur compromis doit être le deuxième : partons sur le Graves 2016, Château Prieuré-Les-Tours.

 

Cas 2 : J’ai préparé un plateau de crustacé pour ce soir, je viens de me rappeler qu’il nous faut un joli vin blanc, le caviste est fermé…

Je pense à quelque chose de léger et de facile à aborder, entre 10 et 20€. Le rayon est plutôt restreint, survolons à la fois l’Alsace, la Loire et la Bourgogne, 35 références en tout.

L’Alsace ne me convainc pas, le seul Riesling est en dessous de ma gamme pour cette fois. En Loire je trouve :

  • Un Pouilly Fumé 2018, à 16€
  • Un Sancerre 2018, à 15€

En Bourgogne je trouve :

  • Deux différents Chablis 2018, à 17 et 20€
  • Un Pouilly-Fuissé 2017, 18€

En blanc ces millésimes conviennent tous, mais pour la balance qualité / prix, je penche vers le Pouilly-Fuissé 2017, Domaine de Beauregard, Cuvée Prestige.

 

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Auteur : ©MY

 

Mazarine Yérémian est actuellement en innovation technologique à l’École polytechnique. Après un premier diplôme d’ingénieur à AgroParisTech où elle a étudié les biotechnologies, la viticulture et l’environnement, elle s’est intéressée à l’œnologie et la gemmologie. Passionnée par le lien entre modernité et tradition, elle a accepté de rejoindre l’équipe rédactionnelle de Syma News en créant sa rubrique Art de vivre.