En pleine ascension fulgurante, et encore plus depuis sa prestation remarquée lors de la dernière cérémonie des « Victoires de la Musique », Aloïse Sauvage dévoile «Dévorantes » son premier album. Un savant mélange de sonorités urbaines et de chanson française sur fond de confessions et sujets de société. Chronique musicale d’un projet décomplexé raconté avec énergie, sans filtre ni barrière.

Aloïse Sauvage - Omowi - Clip

Une audacieuse passionnée

Elle fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui osent casser les codes et dire haut et fort ce qu’ils ont sur le coeur. À l’image de Suzane ou Hoshi, Aloïse Sauvage est de celles qui sont libres et audacieuses. Une grande rêveuse aspirant à un monde rempli de couleurs, à l’image de sa pochette solaire sur laquelle elle pose de manière désarticulée. Une fonceuse aussi, totalement décomplexée qui porte son bien nom de famille. En témoigne son tube phare « À l’horizontale » dans lequel elle laisse parler avec fougue son instinct animal Un hit aussi brûlant qu’entêtant évoquant le désir charnel sans détour.
Pas seulement légère, Aloïse Sauvage est également une artiste consciente du monde qui l’entoure. Une interprète libre qui ressent parfois le besoin de pointer du doigt ce qui d’après elle ne tourne pas rond. Dans « Méga Down » elle s’interroge avec entrain sur ce besoin qu’ont certaines stars de s’étaler leur vie privée.
Plus engagé encore « Omowi » est un véritable hymne en faveur de la communauté LGBT. Un titre cash interprété avec un total franc parler, qui ne laissera personne indifférent. « Les pédés sont beaux, j’ai osé rêver que tout le monde enfin le voyait » clame-t-elle avec puissance et liberté sans passer par quatre chemins. Un message fort adressé aux adhérents de la manif pour tous, destiné à faire évoluer les mentalités.
La question du genre, une thématique également présente sur « Jimy » plus personnel mais tout autant engagé émotionnellement. Un titre inspiré de ses expériences amoureuses, sur fond de rap éclectique, également raconté sans faux-semblants.
« L’amour triomphe toujours » un dicton qui colle à la peau de la demoiselle, qui en fait le thème central de « Si on s’aime ». Une ode à la passion enthousiasmante.
Un peu moins optimiste « Tout la vie » joue la carte de la rupture couplé à une structure musicale désarticulée.

Aloïse Sauvage - A l'horizontale - clip

Confessions authentiques

En véritable caméléon de la musique, Aloïse Sauvage parvient aussi à faire parler sa plume avec sincérité. Plus nostalgique que jamais elle laisse tomber le masque dans « Papa » dédié tout simplement à son géniteur. Une déclaration subtile et pudique qui s’adresse au sien, mais aussi à tous les pères absents ou trop lointains.
Tout aussi intime et mélancolique « Tumeur » évoque la disparition d’un proche de la jeune femme des suites d’une maladie. Une épreuve éprouvante évoquée avec sincérité sur fond de musique psychédélique voire hypnotique.
Se confier sur son entourage mais aussi sur elle-même, un exercice délicat auquel se prête la chanteuse dans « Feux verts » mid-tempo rehaussé par une pointe d’électro sur ses désirs, ses insomnies aussi.
Des envies qu’elle partage aussi en clôture de « Dévorantes » sur le titre du même nom. Une composition musicalement épurée voire organique, plus parlée que chantée.
Mais c’est sans doute quand elle laisse exploser son énergie qu’on la préfère. Une facette de sa personnalité affirmée dès l’ouverture de son disque avec « Et cette tristesse » véritable pépite vitaminée afro trap abordant pourtant le thème de la dépression. Sans conteste, notre coup de coeur de l’album.

En bref, avec « Dévorantes » Aloïse Sauvage propose un opus captivant en enthousiasmant qui résume bien qui elle est. Un projet audacieux réalisé sans faux-semblants, sur lequel cette grande créative au flow percutant manie les mots avec malice et sincérité.

Coups de coeur : Et cette tristesse / Omowi / A l’horizontale

DROUIN ALICIA