Ecran noir pour Thierry Ardisson. Couleur qui collait à la peau de cet homme de télé décédé ce 14 juillet 2025 à l’âge de 2025 des suites d’un cancer. Une figure historique libre et hors du temps qui fédérait une large audience en zappant avec créativité et audace entre culture et divertissement.
Un générique de fin programmé
Encens, enfants de choeur, playlist de la cérémonie. Thierry Ardisson avait composé son générique de fin dans le moindre détail. Sans contrôle en revanche sur la date de diffusion de sa mort. Un homme en noir parti pourtant comme le souhaitait ce royaliste, sous les multicolores des feux d’artifices du 14 juillet, après des mois de combat dans l’ombre contre un cancer du foie. « Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu’à son dernier souffle » a confié sa femme, la journaliste Audrey Crespo-Mara. Un signal brouillé dans l’ombre à l’abri des caméras du moins presque, le couple ayant tourné depuis des mois « La face cachée de l’homme en noir ». Un portrait intime mettant en lumière la vie côté coulisses de l’animateur et producteur. Documentaire réalisé en famille envoyé depuis plusieurs jours à TF1 qui le diffusera ce mercredi 16 juillet à 22H50. Un format posthume programmé par Thierry Ardisson lui-même qui en plus des instructions laissés à ses proches avait adressé un « kit » à la presse ainsi que des images best-of à rediffuser. « Le jour où je sentirai la fin approcher, je déciderai de tous les détails pour mon enterrement » confessait ce natif du 6 janvier 1949 au moment de la sortie de son dernier ouvrage « L’homme en noir ». Un livre-testament où il romançait un jugement dernier sous acideface à un défilé de personnalités et proches. Tout en laissant sous silence la maladie dont il souffrait. « Je ne pense pas qu’on remplisse toute une église avec des gens qui viendront chanter mes louanges ! Ou alors peut-être une petite chapelle ! » pensait-il sans imaginer la longue série d’hommages tournant en boucle sur les réseaux sociaux et médias.
Tout le monde en parlera encore longtemps
« Il était flamboyant, érudit, excessif, provocateur évidemment. Il savait que « Dieu n’aime pas les tièdes » et il n’était pas tiède » a entre autre réagi à chaud Léa Salamé. Consœur qui avait reçu cette figure historique du paf sur le plateau de « Quelle époque ! » sans savoir que cette intervention publique serait sa dernière. Un comble pour celui qui aura capté bien plus que celle d’hier. Un précurseur qui rêvait de voir son nom inscrit dans le dictionnaire, ayant laissé une empreinte indélébile sur plusieurs pages de l’Histoire du paf. Un visionnaire passionné et exigeant désireux de diffuser une télé à la fois cultivée et divertissante, avec souvent un coup d’avance. Avec parmi ses projets futuristes Free One, première chaîne IRL diffusée en direct 24H/24. Un brillant inventeur laissant derrière lui une véritableœuvre télé intemporelle. Un catalogue d’émissions cultes allant de « Paris dernière » à l’émission mondaine « 93 faubourg Saint-Honoré » en passant par « Lunettes noires pour nuits blanches » dévoilant des personnalités sous un angle différent. Ou encore « Tout le monde en parle » resté huit saisons sur France 2. Même longévité pour son célèbre rendez-vous « Salut les Terriens ! » qui agitait les humains à coup d’interviews aussi insolites qu’insolentes et vannes piquantes avec son acolyte Laurent Baffie.Un animateur tout autant élégamment à l’aise dans son costume noir qu’avec sa casquette de producteur. Aux manettes de succès comme « On a tout essayé » ou « Frou-Frou ». Au total plus de 30 émissions crées. Des formats conceptuels et un objectif bien précis : dynamiter un système télévisuel qui à ses yeux n’évoluait pas assez vite. Un homme caché derrière ses lunettes noires qui a su amener un nouveau regard sur le monde cathodique. Une créativité sans limite qu’il devait à son poste de publicitaire à l’origine de slogans efficaces comme « Lapeyre, y’en a pas deux » ou « Quand c’est trop, c’est Tropico ! ». Un homme de médias qui a traversé les décennies avec une liberté de ton rare, loin de l’image des animateurs lisses. Un amoureux des mots et du débat qui a su faire preuve d’audace avec intelligence. Parvenu à questionner avec profondeur et impertinence à la fois ses invités de divers horizons ainsi que son époque. Le tout en s’adressant à toutes les générations. Un homme hors du temps autant que les nombreux moments cultes dont tout le monde parlera encore longtemps.
L’info + : A évènement spécial programmation spéciale pour France 2 diffusant ce mardi 15 juillet à 21H10 « Ardisson, l’homme en noir : l’hommage ». Un prime retraçant en compagnie d’invités le parcours professionnel de Thierry Ardisson.
Paris Première programme elle une « Grande Soirée Thierry Ardisson » samedi 19 juillet à partir de 21H saluant « 30 ans de création et d’émissions qui ne ressemblent à aucune autre ».
DROUIN ALICIA