Très longtemps en accès anticipé, World of Horror est sorti officiellement fin octobre, pile pour Halloween évidemment. Ce tour de force réalisé un seul développeur indépendant, le polonais Panstasz, impressionne mais le jeu indé est-il taillé pour faire peur?

world of horror ysbryd games panstasz

Après seulement quelques minutes de World of Horror, on ne peut que louer le génie artistique et marketing de Panstasz. Le jeu indé est réalisé intégralement dans un style dit “1-bit” qui recrée l’esthétique du début de l’industrie vidéoludique dans les années 70, quand le jeu vidéo était encore bicolore. World of Horror est donc 100% en pixel art noir et blanc. L’impression de revenir quelques 45 ans en arrière est absolument hypnotique. Même si, on ne va pas se le cacher, ce n’est pas toujours très lisible car les informations viennent sous la forme d’une myriade petits icônes qu’il faut apprendre à gérer.

Jeu de rôle et horreur, un mix rare

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Il y a une infinité de choix à faire et autant de cheminements possibles.

Contrairement à nombre de jeux de suspense ou d’épouvante, World of Horror n’est pas un jeu narratif mais un jeu de rôle roguelike. Cela signifie deux choses : vous incarnez un personnage dont les capacités sont représentées par des statistiques chiffrées (points de vie, etc.) et l’évolution du personnage ne peut être sauvegardée. Quand vous terminez le jeu ou perdez, le personnage repart à zéro en perdant armes et capacités. Le principe veut que l’aventure puisse être jouée de multiples fois avec à chaque tentative un cheminement différent. En effet, quasiment toutes les scènes du jeu donnent des choix au joueur qui sont autant d’embranchements de scénario.

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Concrètement, le joueur va se voir confier cinq enquêtes au hasard (le jeu en contient bien plus) qu’il doit compléter avant de gravir un phare où se déroule l’ultime combat pour sauver le monde. Chaque affaire présente un thème paranormal inquiétant tel qu’un culte satanique ou une école hantée. On navigue ensuite parmi divers lieux renfermant de multiples scènes sur écran fixe qui font avancer l’histoire jusqu’à sa résolution.

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Il faut du temps pour trouver toutes les fins.

Si chaque chapitre a plusieurs dénouements possibles, World of Horror n’en est pas moins vécu comme horriblement dirigiste et scripté. Le jeu vous dit exactement là où il faut aller scène après scène, ce qui installe vite une certaine monotonie. Les mini scenarii vont globalement bien trop vite et on aurait bien aimé chercher un peu plus, surtout que les énigmes ne sont pas légion contrairement à ce qu’annonce le développeur. On regrette en outre l’absence de séquences animées, pourtant mis en avant dans la bande-annonce de lancement.

Un jeu très technique sur bien des points

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C’est d’autant plus dommage que le gameplay des combats est plutôt travaillé. Le joueur part de rien et doit trouver armes et alliés en fouillant partout, gérer ses blessures et autres malédictions, choisir soigneusement les capacités à acquérir et utiliser… Les boutiques sont pleines d’objets clé, et de nombreux autres sont à découvrir à l’issue des choix.

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Les bonnes armes sont rares et précieuses.

Seulement, le gestion des ressources (notamment l’argent) est confuse au possible. Le style roguelike est du reste frustrant : on aimerait pouvoir garder au moins nos meilleures armes ainsi que les capacités du personnage. Il y a une chance sur cent d’avoir la bonne capacité au bon moment pour débloquer une fin spéciale. Enfin, World of Horror n’est pas optimisé pour Steam Deck puisque le curseur n’atteint pas le bord droit de l’écran. Il reste jouable mais cela oblige à le redémarrer dans de rares cas, les boutons n’étant pas pris en compte. En revanche, la version PS4 est elle carrément inutilisable : la sauvegarde ne fonctionne toujours pas et certaines manipulations effacent tout l’historique du jeu! La version Switch connaissant d’autres bug, le mieux est encore d’y jouer sur un PC classique.

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Le design est assez fin.

Malgré ces travers, on a plutôt envie de voir le verre à moitié plein. Le fait est que le jeu publié par Ysbryd Games fait beaucoup plus que le jeu en pixel art moyen. Les objets, les personnages, les monstres, etc. sont représentés avec une précision assez bluffante pour un enchevêtrement de pixels noirs et blancs. Par le soin infini apporté aux décors, l’inventivité extraordinaire de scènes plus étranges et oppressantes les unes que les autres, l’expérience vaut l’investissement.

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On tressaille un peu quand même…

Si le rythme de l’aventure ne lui permet pas de faire peur comme un Resident Evil par exemple, ce titre indépendant attise la curiosité par son impressionnante galerie d’événements dérangeants. Une figure menaçante à la fenêtre, un mystérieux astre noir, un cierge diabolique… Il y a paradoxalement beaucoup à découvrir malgré le dirigisme. La musique en revanche est trop discrète pour soutenir la narration.

En dépit de son titre et à cause d’un rythme de progression qui ne s’y prête pas vraiment, World of Horror ne fait pas très peur mais il n’en demeure pas moins un roguelike passionnant et une immense prouesse artistique. Le style “1-bit” est sensationnel et la densité des tableaux ainsi que des choix force l’admiration. On est envoûté par ce jeu de rôle qui paraît quasi-infini et dont l’ambiance unique n’est pas en reste.

world of horror ysbryd games panstaszWorld of Horror

Editeur/développeur : Ysbryd Games/Panstasz
Genre : Jeu de rôles, Horreur 
Modes : Solo uniquement
Sortie France : 19 octobre 2023
Machine(s) : PC (Steam), PS4, Switch

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.