L’immense plébiscite de son intense duo avec Grand Corps Malade aura conforté Camille Lellouche dans son envie de garder le micro en main pour se confier. Une artiste ultra suivie sur les réseaux sociaux entre autre pour son humour, levant le voile en musique sur la face « A » de ses émotions. Un disque bouleversant et incisif au coeur de sa vie intime et ses maux les plus profonds. Chronique musicale.

Camille Lellouche - A - T'es où -

A comme abimée

« Et si j’te racontais qui j’étais ? ». Sur une délicate mélodie au piano Camille Lellouche immortalise la première ligne de son album « A » comme amour. Une lettre de l’alphabet symbolique rembobinant son histoire depuis le début. Une artiste se revoyant à l’âge de 4 ans encore insouciante, les pieds balançant sur un tabouret lors de sa première leçon de piano. Un instrument devenu son refuge et exutoire pour adoucir ses maux. « J’ai pas envie de faire croire que ma vie c’est faire rire, Avant ça mon premier amour c’est la musique » avertit-elle d’entrée de jeu dans les paroles intimes de « Parle encore ». Une passion pensant ses blessures les plus profondes. À commencer par les déboires sentimentaux et la maltraitance conjugale qu’elle a subi. Des violences sur lesquelles elle se confie à demi-mot sur le poignant « N’insiste pas ». Avec fébrilité la jeune femme dépeint durement et justement le malêtre frappant les victimes. Replongée entre les coups physiques et moraux l’interprète lève le voile sur cette page sombre pour mieux la déchirer. Un titre thérapeutique et engagé riche en émotions. De sa voix grave et forte, la chanteuse lâche enfin prise sur vingts ans de silence et pudeur. Laissant résonner ses sanglots, perdue dans le noir à la recherche de l’homme de sa vie. « T’es où » s’interroge-t-elle au cours de cette ballade vibrante. Une chanson à l’orchestration solennelle et minimaliste livrée avec fragilité. Un véritable cri du coeur loin de l’humour et l’ironie auquel la majeure partie du public l’associe. Une cible qu’elle invite à passer au-delà des apparences. « Vos regards sur moi, vous qui me jugez vite, Vous qui ne me connaissez pas » propose-t-elle délibérément sur « Ne me jugez pas ». « Pardon pour qui je suis, j’ai des failles mais j’suis sincère » assure-t-elle dans « Allô » tenant au bout du fil sa mère. « Maman, tu m’as donné ma chance, Alors fais-moi confiance » lui conjure-t-elle avec intensité et puissance sur « Fais-moi confiance ». Avant d’adresser à son père « Je te l’écris » évoquant leur relation un peu tendue et ces sept ans où ils avaient totalement coupé les ponts. Puis d’ouvrir grand son coeur pour « Tout te dire » sur son besoin d’amour et de reconnaissance en laissant couler des larmes dans sa voix et sur son clavier.

Camille Lellouche - A - Fumette -

A comme acharnée

Loin de se laisser accabler par son parcours cabossé, Camille Lellouche laisse partir en «Fumette » ses traumatismes pour repartir à zéro. Balançant ses quatre vérités en face à un ex qui s’est joué de ses sentiments sur ce titre incisif démontrant toute la complexité de l’amour. Une chanteuse tirant un trait sur les fausses promesses de ce «Cow-boy » et ses déceptions amoureuses à coup d’interprétation théâtrales parfois quasi mécaniques. Reprenant du poil de la bête dans l’ambiance bondissante de « Si » et ses sonorités pop r’n’b. Après avoir envoyé valser énergiquement les « Jaloux » autour d’elle. «T’imaginais que j’avais vite percé, t’imaginais que j’étais pistonnée » rétorque-t-elle aux haters lui lançant des messages incendiaires sur les réseaux sociaux. « J’tai pas forcé à t’abonner, j’tai pas forcé à pas m’aimer non plus » poursuit celle taxée de « diva » sur le tranchant «Dans ma tête ». Avant d’enfoncer le clou une bonne fois pour toute au cours d’une «Outro » rappée percutante destinée au public. « J’fais tout pour être la meilleure dans plusieurs domaines, Je sais que je dérange trop, la lumière vous gêne, J’ai attendu longtemps que mes rêves deviennent réalité, Aujourd’hui j’suis en plein dedans, presque en train d’regretter » déplore amèrement cette artiste aux multiples facettes liée cette fois quoi qu’il arrive « pour le meilleur et pour le pire » à la lumière de la scène.

DROUIN ALICIA