La musique vivra tant que vivra le blues clamait Johnny Hallyday. Un style auquel trinque Ahmed Mouici avec « Une pinte de blues ». Un album authentique aux sonorités rétros sur la vie et les émotions de ce cette grande voix masculine française marquante des Dix Commandements. Entretien.

Ahmed Mouici - Une pinte de blues -

« On a enregistré l’album dans des conditions live »

SYMA : Cela fait de nombreuses années que vous êtes dans le milieu de la musique, mais c’est la première fois que vous vous lancez véritablement en solo. Qu’est ce qui vous a motivé dans ce choix ?

Ahmed Mouici : Je l’étais déjà mais plutôt dans un style blues en anglais donc forcément j’étais moins visible. Cette fois j’ai travaillé un album en français par soucis de compréhension, j’avais besoin que les gens comprennent ce que je raconte.

Vous démarrez cette aventure avec l’album « Une Pinte de Blues », c’est un titre symbolique pour porter un toast à ce renouveau ?

Exactement. Pour l’anecdote, l’idée est née lors de ma participation à l’émission « La boîte à secrets » en tant que surprise de Pascal Obispo. Je devais parler de ma promo et j’ai eu cette idée de titre. Le nom a été annoncé à l’antenne donc je me suis dit que cette fois j’étais obligé d’aller au bout de l’idée et d’arrêter de repousser.

Comment est né ce projet ?

On a investi dans un studio et du matériel de qualité pour travailler mes chansons. J’ai reçu des textes de pas mal d’auteurs, c’était l’idée de Marjorie (sa femme, productrice de l’album). Parce que autant je suis à l’aise en anglais mais en français je me trouve mauvais auteur, je suis un peu difficile là dessus. Donc j’ai eu deux auteurs « Ptitmachin » qui est Marjorie même si elle ne veut pas que je dise que c’est elle. Et puis il y a eu ce concours d’auteurs amateurs sur Facebook où on a reçu des centaines de textes, et j’ai commencé à sélectionner ceux qui me parlaient le plus.

Au fond vous n’avez pas mis si longtemps à le concrétiser ?

C’est allé très vite. On essayait de travailler sur une chanson par jour. Et on a fait écouter le tout à Fred Chapelier, un chanteur guitariste de blues très connu qui a notamment travaillé avec Jacques Dutronc dans les Vieilles Canailles. Il a trouvé ça super bien du coup je lui ai proposé de réunir son équipe. En une semaine on a enregistré l’album dans des conditions live, les musiciens jouaient tous en même temps et je faisais ma voix témoin avec différents choeurs.

Pourquoi avoir choisi cette ambiance blues pas énormément mise en avant dans la musique actuelle ?

C’est plus un gimmick, un mot d’appel parce que dans l’album on a aussi de la chanson française. C’est plus la façon de jouer qui est blues. On associe trop souvent le blues à quelques chose de triste alors que mon album est assez gaie. Il y a plusieurs humeurs mais on peut l’écouter sans forcément être aficionado du blues.

Vous pensez pouvoir toucher un public jeune ?

Oui, le but est un peu de prévenir le maximum de gens en France, les faire adhérer et leur faire découvrir ce style de musique. Il n’y a pas d’auto tune, pas de machine, que des vrais instruments de vrais morceaux de musiciens autours.

Quels sont les thèmes majeurs que vous abordez ?

Je parle de la vie en général, puisque j’ai commencé à le composer durant le confinement après le décès de mon père que j’aborde notamment dans la chanson « Sans toi » sur notre relation père/fils et les non dits entre nous. Il y a aussi de l’amour sur « Elle veut un p’tit nom » dédié à Marjorie qui me réclamait un petit nom. « Humeur animal » parle de la mauvaise humeur, il est très blues avec une voix éraillée. Le titre « Je suis de ce pays » est plutôt une réflexion sur le sort des migrants. Et plus léger et dansant on a « Pour 2 3 vers de trop » ou « à l’aube je m’en vais ».

Ahmed Mouici - Daniel Levi - Pascal Obispo - La boîte à secrets

« J’assume totalement mon rôle dans Les Dix Commandements et j’en suis fier »

Vous faites parti des grandes voix de la masculines françaises, c’est un atout que vous continuez de cultiver ?

C’est une chance c’est sûr mais je n’en fais pas une démonstration vocale sur l’album. Plutôt à l’envers, c’est-à-dire que les chansons sont difficiles à chanter de façon douce et dans certaines quand il y a eu besoin j’ai poussé un peu plus.

Le public vous associe aussi encore fortement à votre rôle de Ramsés dans « Les Dix Commandements ». Cette comédie musicale a été un moment phare de votre carrière ?

Bien sûr, je l’assume totalement et j’en suis fier !

Ça ne vous lasse pas qu’on continue de vous en parler 20 ans plus tard ?

Non, je préfère qu’on me parle des choses bien que j’ai faite.

Une chanson comme « Mon frère » que vous interprétiez avec Daniel Levi est devenu un classique du répertoire français ? Vous avez toujours autant d’émotions à la chanter ?

On m’en parle toujours aussi. Forcément je la chante moins souvent, tout dépend de l’interprète que j’ai en face de moi. Mais ça me renvoie directement aux sensations que j’ai eu la première fois en la chantant.

Vous êtes resté en contact avec Daniel Levi ? D’ailleurs vous le retrouver lui et une partie de la troupe sur sa prochaine tournée ?

Entre autre. Il m’a appelé en me parlant de son projet de tournée et son envie de réunir un peu tout le monde. Ça fait plaisir de revoir l’équipe, même si ça n’est pas mon objectif principal prochain.

Ahmed Mouici - Une pinte de blues -

« J’ai toujours la légèreté que j’avais à l’époque de Pow Wow »

Autre aventure en bande votre ancien groupe Pow Wow à qui l’on doit des tubes comme « Le Lion est mort ce soir » et « Le Chat » !

Effectivement. C’était énorme. Alain Chennevière qui était la voix basse du groupe avec qui je suis tout le temps en contact, est venu découvrir mon nouvel album et me soutenir. Il était très content et moi également.

Vous aimeriez que l’industrie de la musique retrouve cette légèreté ? Vous vous sentez en phase avec l’époque actuelle ?

C’était une époque, une énergie différente. J’ai toujours la légèreté que j’avais à l’époque mais j’ai envie d’autres choses et nouvelles choses.

Vous avez d’autres envies pour la suite ?

De la bossa nova, non je plaisante. Le truc c’est que le blues a donné naissance au rock N roll, à la soul au reggae. J’aime bien le jazz, j’aime plein de choses. Et maintenant que je me suis un peu décontracté grâce à mon équipe pour faire des albums en français je pense que je ne m’interdirais rien dans l’avenir.

Merci à Ahmed Mouici

Ahmed Mouici - Une pinte de blues

 

Album « Une pinte de blues » disponible
Un disque intime et chaleureux tant par ses sonorités brutes que par le timbre mélodieux du chanteur.

 

 

 

 

DROUIN ALICIA