Une semaine qu’une grosse partie de la « Civilisation » vibre au son du nouvel opus d’Orelsan. Un rappeur débarqué au sommet des ventes physiques et streaming avec un record juteux fruit d’une stratégie bien rodée mais aussi de sa liberté de paroles et son flow incisif.
L’odeur du succès
138 929 c’est le nombre d’exemplaires écoulés du nouvel album d’Orelsan en seulement sept jours. Un score impressionnant déjouant toute concurrence, y compris Adele et son retour sur les chapeaux de roue avec « 30 ». Un accueil solide qui s’est installé dés la mise en pré-commande de « Civilisation » réservé d’emblée à 50 000 reprises. Arraché ensuite sans plus tarder par 94 306 auditeurs en seulement trois jours de mise en vente. Des chiffres certifiés d’un « disque de platine » en à peine une semaine de commercialisation. Plus incroyable encore, le rappeur signe là le meilleur démarrage de l’année 2021 tous artistes confondus, devant la compile des Enfoirés ou encore SCH et Booba. L’interprète de « La Terre est ronde » se payant même le luxe de détrôner le record historique détenu jusqu’alors par « Deux frères » de PNL et ses 113 214 copies. Se surclassant aussi lui-même en faisant mieux que les 96 974 ventes de son précédent opus « La fête est finie » sorti il y a quatre ans. Il faut dire que pour dominer les charts l’artiste a mis toutes les chances de son côté en mettant au point une stratégie aux petits oignons. D’abord en envahissant la plateforme Amazon Prime avec son documentaire « Montre jamais ça à personne » constitué d’archives personnelles. Avant de lâcher une annonce de taille : une tournée évènement laissant présager d’une nouvelle ère à venir. Un post dans lequel figurait un drapeau, précieux indice sur la future pochette de disque. Seconde étape après l’officialisation : disperser pas moins de quinze versions en édition très limitées de son album aux visuels uniques. Dont une dédicacée, disponible pour seulement 500 chanceux. Cette dernière se revendant déjà jusqu’à 10 000 euros sur Ebay. Plus exceptionnel encore Orelsan y a caché au hasard cinq tickets d’or donnant accès aux futurs détenteurs à un accès à tous ses concerts à vie.
Aux armes, « Civilisation »
Mais que les fans du rappeur se rassurent, non « Civilisation » n’est pas réduit à un projet marketing. La musique demeurant le coeur même du projet. Si « La fête est finie » avait bénéficié de l’effet booster de « Basique », Orelsan surfe là sur la même méthode avec le très engagé « L’odeur de l’essence » révélé avant le grand jour. Un clip incendiaire déjà visionné par plus de 6,8 millions d’internautes en 10 jours. « (Re-re-regarde) La nostalgie leur faire miroiter la grandeur d’une France qu’ils ont fantasmée » lâche-t-il sur un texte très social dirigé vers notre système dirigean. Un hit coup de poing au penchant politique qui a vite fait le tour des Médias et réseaux sociaux, donnant le ton de l’ensemble des autres pistes. La société dans le viseur, le chanteur « Baise le monde » de sa plume affutée. Un futur quarantenaire revenant d’abord sur « La quête » qui l’animait durant sa jeunesse où il rêvassait devant le manga « Shonen ». Usant de punchlines tranchantes et de spleen ambiant. Un messager désabusé avançant «Seul avec du monde autour » dans cette ville parisienne où il « Manifeste » durant plus de 7 minutes au milieu des gilets jaunes dans l’espoir d’un « Jour meilleur ». « Tout va s’arranger, c’est faux, je sais qu’tu sais » ironise-t-il. Avant d’accorder un « Dernier verre » au groupe The Neptunes puis à son frère de coeur Gringe sur l’amical « Casseurs Flowters Infinity ». Puis de trouver du réconfort dans les bras de sa femme qu’il compare à la déesse grecque « Athéna ». « Viens on reste ensemble » lui glisse-t-il sur la piste précédente en lui promettant de garder les pieds sur Terre pour l’emmener dans les étoiles, loin de cette « Civilisation » égarée.
DROUIN ALICIA
