Un demi siècle que Nicoletta vibre sur scène. Un anniversaire symbolique à côté duquel cette grande figure de la chanson française ne pouvait pas passer. Agrandissant pour l’occasion sa riche discographie de « Amours and Pianos ». Un album intimiste revisitant version piano-voix ses plus grands classiques.

Nicoletta - Amours & Pianos - Il est mort le soleil - Marina Kaye -

Une voix de velours

23 albums, plus de 3000 concerts et de nombreux succès à son actif. Et pourtant après 50 belles années derrière le micro, Nicoletta n’a pas prévu de s’arrêter là. Une interprète à la voix rauque dont les nombreux succès n’ont pas pris une ride. « Les bonnes chansons on peut les chanter de façons diverses, elles restent tel que, les mélodies restent fortes » assure-t-elle dans une vidéo présentant son nouveau projet. Justement les siennes ne s’abîment pas. Des tubes emblématiques qui ont traversé les âges, qu’elle ravive sur le disque « Amours and Pianos ». En toute simplicité, l’artiste reprend sans artifices 12 pistes emblématiques piochées dans son propre répertoire avec seul un piano pour l’épauler. Des arrangements orchestraux épurés permettant de redécouvrir son grain unique. Une ambiance dépouillée visible d’entrée de jeu sur la pochette de l’album habillé d’un portrait d’elle en noir et blanc. Donnant la tonalité à ses interprétations tout en retenu. Une idée née de son envie de prouver à la jeune génération qu’aujourd’hui à l’heure de l’auto-tune il est encore possible de faire de la musique pure. Elaboré avec Jean-Jacques Geneyard son pianiste depuis 30 ans disparu il y a peu, et Johan un jeune prodige qui y a injecté une notion plus actuelle.
Sans sombrer dans l’austérité, Nicoletta berce les coeurs de sa voix chaude et forte. Réconfortant ses adeptes sans les dérouter. Dans sa tracklist « Un Homme », « Je Ne Vous Aime Plus », « Liberté mon amour » ou encore l’indémodable « Mamy Blue » auquel elle ne peut pas échapper. Mais aussi « La musique » que le public des années « Star Academy » connaît par coeur. Une chaleureuse fête à laquelle elle a convié quelques invités de prestige. Le trompettiste-jazzman star Erik Truffaz dépoussiérant « Où-es tu passé mon Saint-Germain-des-Près ? » et « La Solitude ça n’Existe Pas ». Et où elle s’est vu offrir un cadeau touchant de la plume de Carla Bruni. Un inédit baptisé « Mon Jésus-Christ » aux accords blues racontant une rencontre majeure de la vie de cette grande croyante. Mais la plus grosse surprise on la trouve au niveau de sa collaboration inattendue avec un talent actuel. Avec dés l’ouverture du disque un duo tout en finesse avec Marina Kaye sur le très réputé « Il est mort le soleil ». Harmonieusement les deux femmes ravive ce titre 54 ans après sa sortie initiale. Nouant élégemment ce joli cadeau de Noël.

Nicoletta - Amours & Pianos -

50 ans de souvenirs

« L’important c’est de continuer à avoir du désir de chanter et d’aimer ça » explique Nicoletta dans la vidéo EPK de son album. Une idole des années 60 débarquée de sa Haute-Savoie natale pour conquérir Paris. Remarquée en 1961 derrière les platines d’un club par Léo Missir directeur artistique de ’époque chez Barclay. De là son chemin s’est éclairé d’un premier EP 45 tours de reprises. Touchée entre tant par le décès de sa mère handicapée la jeune femme a tenté de mettre fin à ses jours par culpabilité. Avant de se relever et se lancer avec « La Musique » en 1967 puis d’enchaîner rapidement avec « Il est mort le soleil » et « Ma vie c’est un manège ». Mais c’est bel et bien « Mamy Blue » inspiré de son histoire, et son air gospel qui l’ont propulsé au sommet. Un domaine qu’elle a appris à maîtriser durant son enfance à la chorale de l’église du village. Un style récurrent dans sa musique mêlant variété française mais aussi blues et soul. Plus étonnant, on l’a même vu s’allier il y a dix ans au rap de Joey Star sur le titre « Mamy ». Un choix résumant bien toute la liberté du parcours de cette ainée de 77 ans qui en a encore sous le micro pour prolonger son succès.

DROUIN ALICIA