Le plus célèbre des rouquins est de retour. Après avoir pris du temps pour sa vie d’homme, Ed Sheeran vient remettre la planète sur pied muni de sa guitare. Un homme et artiste à l’aise dans ses baskets, partageant son équilibre à coups de ballades intimes et tubes en puissance dans « Equals ». Chronique musicale.

Ed Sheeran - Equals - Visiting hours -

Au bras d’un homme doux et stable

Une intro bondissante au rythme de riffs effrénés. Pas de doute nous sommes bien en train d’écouter le nouvel album d’Ed Sheeran. Un disque baptisé « = » (Equals) venant compléter sa discographie aux symboles arithmétiques. « I have grown up, I am a father now, Everything has changed, but I am still the same somehow » prévient d’entrée de jeu la superstar anglaise sur « Tides ». Comprenez « J’ai grandi, je suis père maintenant, Tout a changé, mais je suis toujours le même en quelque sorte ». En clin d’oeil à ce nouveau rôle si cher à ses yeux. Un chanteur mettant sa carrière sur pause à chaque fois qu’il prend sa fille dans bras. Une petite Lyra Antartica qui a changé sa vision sur la vie d’un seul regard lors de sa naissance en août 2020. Un bonheur familial qui occupe toutes ses pensées et logiquement donc une bonne partie de ses nouvelles compositions. À commencer par le tendre « Leave Your Life » transmis à la manière d’une lettre à coeur ouvert à sa descendante. Plus émotif que jamais le jeune papa ralentit la cadence à coups de berceuses enchantées, dont la petite ritournelle « Sandman » écrite spécifiquement pour envoyer sa petite princesse au pays des rêves. Un Roi qui n’a d’yeux que pour elle et sa femme Cherry Seabon à qui il dédie « The Joker And The Queen » (Le Joker et la Reine). Une tendre déclaration loin d’être isolée sur le disque. Résonne alors « Love In Slow Motion » nous transportant dans une comédie romantique. Un véritable slow tamisé pour éteindre l’agitation du quotidien le temps d’une parenthèse enchantée. Toujours aussi fusionnel avec son instrument à cordes, Ed Sheeran livre des mélodies toutes plus belles les unes que les autres. Des pépites ramenant le chanteur vers ce qu’il sait faire de mieux : des ballades romantiques. Parmi elles « First times » sur lequel il gratte des accords apaisants au rythme d’évènements inoubliables d’une vie. Du premier baiser, à la première danse avec LA bonne personne Des plus beaux accomplissements à ses yeux que le fait de remplir des Stades toujours plus imposants. Souhaitant pointer du doigt l’importance de savourer ces instants si précieux. Un jeune trentenaire conscient de la vitesse à laquelle la vie défile. Encore plus depuis la disparition de son mentor Michael Gudinski. Un géant de la musique à qui il a tenu à adresser directement le nostalgique « Visiting Hours » lors de ses funérailles en mars dernier. « I wish that heaven had visiting hours » (« Je souhaite que le ciel ait des heures de visite ») murmure-t-il sur ce bouleversant paradis blanc musical fait pour aider à surmonter la perte d’un être cher.

Ed Sheeran - Equals - Shivers -

Machine à tubes réenclenchée

Si le lead-single « Bad Habits » semblait redistribuer les cartes de l’univers musical de prédilection d’Ed Sheeran, l’ensemble du projet s’équilibre, contrebalancé par deux ambiances bien distinctes. Tantôt romantique, tantôt déchainé, le célèbre roux jongle entre pistes plus intimes et hits radiophoniques. Loin de stagner dans sa zone de confort, l’immense faiseur de tubes vole déjà au sommet depuis plusieurs semaines déjà avec l’efficace « Shivers ». Propulsé par une ambiance électro-pop et un refrain entêtant, l’interprète de « Shape of you » s’agite au bras d’une relation passionnelle. Avant d’immortaliser une rupture à laquelle on s’accroche sur le punchy « Overpass Graffiti » aux sonorités 80’s. Une blessure désormais lointaine pour celui qui n’est plus un coeur à prendre. Un mari amoureux et épanoui injectant une dose de soleil et d’optimisme à son album à travers le lumineux « Collide » dédié à son âme sœur. Une compagne qui l’a aidé à devenir un homme équilibré, loin de sa vie d’ado. Une étape qu’il sabre en se désarticulant sur le dansant « 2step ». Titre sur lequel on imagine parfaitement le public agiter ses bras lors de sa prochaine tournée. Et si il n’est plus en quête sentimental, la star brave d’autres tempêtes à coups de basse funky sur « Stop The Rain ». Faisant monter puis redescendre la cadence avant l’ultime « Be Right Now ». Un hit pop électro savourant l’urgence de réapprendre à vivre pleinement et ne manquer aucune étape. Une belle conclusion en douceur ponctué par le petit cri libérateur d’un homme et artiste accompli.

DROUIN ALICIA