Il est de ces artistes profondément inspirés par le confinement. Trois ans après « Liberté chérie » Calogero s’autorise une nouvelle évasion en plein « Centre ville », un lieu de vie en peine en cette période délicate. Livrant un disque lumineux tourné vers de meilleurs lendemains que l’on espère tous. Chronique musicale.

Calogero - La rumeur

Le monde d’après

Une virée en « Centre ville » en toute liberté, c’est tout ce dont le public souhaite à l’heure du reconfinement. Des êtres abimés par ce climat pesant qui s’éternise. Un enfermement et lourd silence qui ont inspiré Calogero en mars dernier. Un artiste qui a laissé fuser ses doigts sur son piano, saisissant sa plume pour faire naître le poignant « On fait comme si ». Une douceur épurée devenue le point de départ de sa nouvelle ère. Une chanson de circonstance mais pas pour autant morose. Car oui, le chanteur veut croire à cette sortie de l’ombre. Partageant son optimisme au public à travers cet album lumineux, tourné vers l’avenir.
Un premier pas matinal sur les pavés dés « Cinq heure et quart » au son de « « C’était mieux après » invitant chacun à oser outrepasser ses peurs pour ensuite pleinement respirer de satisfaction. Un clin d’oeil subtil aussi à ce fameux monde post-confinement vendu par quelques rêveurs.
Une vie d’avant pourtant que regrette l’interprète de « Un jour au mauvais endroit » dans « Centre ville » du même nom que l’album. Une ode aux joies urbaines de ce lieu rassurant, vivant où il fait toujours bon flâner. Un hit fédérateur et humain, construit autour d’un pop électro dynamique et de choeurs parmi lesquels la voix berçante de Clara Luciani.
Un artiste qui comme beaucoup pendant le confinement a visiblement eu le temps de faire plus ample connaissance avec « Celui d’en bas », ou plutôt celle. Une voisine fictive à qui il dédie un morceau langoureux ambiance jazzy inspiré de ses émois de jeunesse.
Ayant trouvé le temps d’écrire et composer à profusion en se lançant en parallèle dans un vaste travail de mélodies et mélange d’univers dans son home studio construit sur mesure. Un véritable lieu de refuge apaisant, loin de cette société ultra-connectée où «La rumeur » circule à vive allure, et où nombreux sont ceux à se laisser envahir par les nouvelles technologies. Une addiction « Vidéo » que regrette Calogero sur fond de sonorités effrénées électro pop.

Calogero - Centre ville

Une douce bulle d’évasion

Mais ce que retient aussi Calogero de cette période particulière c’est aussi ce calme inspirant. Une tranquillité interrompue en mars dernier chaque soir à 20H par les applaudissements des habitants depuis leurs fenêtres, en l’honneur des soignants. Des instants de communion et d’émotions qui l’ont atteint en plein coeur, et poussé à offrir du bien en retour. Car dans « Centre ville », le chanteur n’a pas seulement des choses à dire, il a aussi besoin de s’extérioriser se raconter avec douceur. En témoigne le délicat « Mauvais perdant » signé Benjamin Biolay sur une rupture sentimentale qui laisse un goût amer.
De l’amour qui prend l’eau il en est aussi question dans « Titanic », truffé de références et jeux de mots autour du légendaire paquebot naufragé.
Un délicieux conteur d’histoires se nourrissant des doutes d’une mère de famille pour partager ses appréhensions quant à l’avenir de ses enfants dans l’harmonieux « Peut-être ».
Des progénitures à qui il accorde quelques confidences écrites au « Stylo vert ». Une ballade piano/voix relatant les paroles d’un père illettré souhaitant un tout autre destin pour ses descendants. Une belle leçon de force de vie inspiré de son histoire personnelle, lui qui avoue avoir été en échec scolaire. Des difficultés qui ne l’ont pas empêché d’écrire des tubes et de belles pépites. À l’instar du aérien « Le temps » aussi splendide que poignant. Prouvant qu’au fil de sa carrière, Calogero reste quoi qu’il arrive un artiste mélodieux qui fait du bien à l’âme.

En bref, avec « Centre ville » Calogero parvient à s’évader loin de sa prison dorée, prenant le public par la main pour voyage suspendu aussi doux que puissant. Une balade authentique sous les luminaires extérieures d’un centre de vie.

Coups de coeur : Centre ville / Le temps

DROUIN ALICIA