Tête d’affiche de la nouvelle fiction de M6 « Un homme ordinaire », Arnaud Ducret s’offre là un grand saut à contre-courant de son registre habituel. Un humoriste et acteur, venu se glisser dans la peau de Xavier Dupont De Ligonnès. Un personnage rebaptisé Christophe Salin, aussi glaçant que l’original. Un rôle ambivalent, emmenant la star loin de sa zone de confort. Entretien.

Un homme ordinaire - Arnaud Ducret - M6

«Ça me plaît de faire autre chose que le mec drôle »

On le connaît pour son rôle de Gaby Martinet dans « Parents mode d’emploi », pour ses multiples sketchs à l’époque du « Morning Live » dans les années 2000, mais surtout pour la longue liste de comédies à son actif. Une star des cafés théâtres, et du cinéma que le public n’aurait pas soupçonné retrouver dans la peau d’un personnage aussi sombre que Xavier Dupont De Ligonnès.
Un rôle à contre-emploi qui réjoui Arnaud Ducret. « Ça m’a fait plaisir qu’on pense à moi pour ce rôle, dans lequel on ne m’attend pas » confiait-il à l’occasion de la conférence de presse de présentation de « Un homme ordinaire ».
Un artiste, qui n’a pas beaucoup hésité avant d’accepter ce nouveau défi. « C’est une opportunité superbe pour moi » se ravit-il.
L’occasion pour lui de proposer une autre facette de sa personnalité, loin du bon père de famille un peu farceur.
Une image qui n’a pas fait peur à Pierre Aknine à l’origine de la fiction. Un réalisateur et créateur qui s’est vu conforter dans son choix, au regard de la prestation divergente et bouleversante d’Arnaud Ducret dans le rôle d’un coach de foot en charge de son neveu autiste Asperger dans le long-métrage « Monsieur je sais tout ».
Un changement de cap auquel l’acteur semble s’habituer et se fortifier. Ayant offert aussi une prestation convaincante dans le rôle du père de Grégory Lemarchal au sein du téléfilm « Pourquoi je vis » diffusé il y a peu sur TF1. « ça me plaît de faire autre chose que le mec drôle » confirme-t-il.

Un homme ordinaire - Arnaud Ducret - M6

« Même un psychologue a dit que Xavier Dupont De Ligonnès était difficile à cerner »

Incarner un suspect aussi obscur est loin d’être une mince affaire. Arnaud Ducret en est bien conscient. « J’appréhende un peu ce que les gens peuvent penser » admet-il.
Pour ne pas décevoir le public, il s’est d’ailleurs lancé dans un véritable marathon au préalable. « J’ai consulté beaucoup des livres, regardé des documentaires sur l’affaire, des dépositions officielles… » nous détaille-t-il quand on lui demande comment il s’est préparé à ce rôle. « Je me suis informé au maximum. J’ai construit et essayé de comprendre au mieux la psychologie de ce personnage incroyable » poursuit-il confirmant sa véritable implication. « J’ai préféré aller au bout du rôle en travaillant ma ressemblance physique avec l’homme de l’époque » enchaîne-t-il. Une apparence troublante, mais nécessaire pour entraîner les téléspectateurs. « Je trouvais important d’y aller à fond » émet-il. Nous racontant même qu’il a eu l’idée de se faire faire les mêmes lunettes que lui chez son opticien, pour coller au mieux à la réalité. Un détail essentiel venu s’ajouter à sa barbe rasée de très près, et au port de tenues vestimentaires rétro. « Vocalement j’ai baissé un peu la voix » confie-t-il au passage.
Un travail de forme, mais de fond aussi avec la nécessité de se plonger dans la tête du suspect. Imaginer son ressenti, tenter de comprendre son comportement aussi, pas sans difficultés. « Même un psychologue a dit qu’il était difficile à cerner » déplore Arnaud Ducret qui a dû se recentrer pour ce rôle plus mental.

Un homme ordinaire - Arnaud Ducret - M6

« Je me dis qu’il y a de nombreux éléments troublants»

Un personnage auquel il croit, et qui l’a toujours intrigué au même titre que le public. « C’est un sujet qui fascine, qui anime même entre copains » affirme-t-il en se rappelant ces débats entre potes au cours de soirées. « En refaisant son parcours dans tous les sens je me dis qu’il y a de nombreux éléments troublants » reconnaît-il en pointant du doigt notamment le coup de la serpillère encore humide retrouvée deux semaines après les faits. Comme beaucoup il doute, se questionne mais ne peut que s’indigner devant tant d’horreur. En n’imaginant pourtant pas une seule seconde que le prétendu criminel puisse le voir à l’écran. « Pour moi il est mort » répond-t-il sans sourciller.

DROUIN ALICIA