Personne n’a manqué cette petite phrase de Sony la semaine dernière. La firme déclare penser “[qu’]une nouvelle génération de consoles est nécessaire”. En d’autres termes, le constructeur travaille déjà à l’architecture de la Playstation 5.

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Microsoft avait lancé les hostilités à l’E3 2018, le grand salon californien du jeu vidéo, en déclarant “préparer la prochaine génération de console Xbox”. C’est un secret de polichinelle : tout le monde sait que les constructeurs lancent la recherche & développement pour une nouvelle machine bien avant la fin d’une génération. Mais probablement Sony n’avait-il pas envie de laisser trop le champ libre à son rival sur la prochaine génération. On se souvient qu’en 2005, l’américain avait fait beaucoup de mal à Sony en sortant sa Xbox 360 un an avant la Playstation 3. Le souvenir en est sans doute encore vivace à Tokyo, d’où cette sortie en un banal matin d’octobre.

Avant l’heure, c’est pas l’heure!

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Mais Sony ne s’avance-t-il pas un peu trop tôt à mettre la Playstation 5 sur le devant de la scène? La Playstation 4 se vend toujours à un rythme très élevé : 19 millions de machines sur le dernier exercice. Le marché n’est pas encore demandeur d’une technologie améliorée. Il est très probable que même en 2019, la console de Sony reste très au-dessus des 10 millions de ventes (le constructeur prévoit d’en livrer 17 millions). Si la Playstation 5 débarquait à ce moment, les deux machines ne feraient que se manger des parts du même marché. La Playstation 5 serait alors davantage concurrente que successeur de la Playstation 4, une situation qui ne profiterait en rien à Sony. Pour ces raisons, il est difficile d’imaginer l’arrivée de la Playstation 5 avant 2020.

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Mais alors, pourquoi Sony enfonce-t-il des portes ouvertes maintenant ? Il s’avère que depuis l’E3 2018, des voix s’élèvent pour remettre en question le modèle économique des consoles de salon. Déjà très présent dans le domaine de la vidéo, le streaming menacerait de s’emparer du monde du jeu vidéo. Cela consiste à jouer à un jeu, n’importe lequel, via internet moyennant un abonnement. La puissance de calcul est assurée par des serveurs éloignés, et le joueur peut ainsi être dispensé de l’achat du jeu et de la console. Yves Guillemot, le charismatique PDG d’Ubisoft, avait lancé un pavé dans la mare à l’E3 2018 en déclarant “[qu’]il y aura encore une génération de consoles et après ça, nous serons tous passés au streaming”, provoquant immédiatement l’ire des vétérans du gaming, pour qui la vie sans jeu en boîte est inconcevable.

Révolution industrielle?

Néanmoins, la remarque de M. Guillemot est fondée économiquement : à mesure que les foyers s’équipent en internet haut-débit, le jeu en streaming est une option incontournable. Nintendo expérimente en ce moment sur Switch, avec Ubisoft en particulier, un système de streaming pour que les possesseurs de la console hybride puissent jouer à des jeux trop gourmands pour la faible puissance de la machine. Ainsi, Assassin’s Creed Odyssey, le tout dernier épisode de la célèbre franchise tourne sur Switch en streaming (uniquement au Japon). Alors qu’officiellement, aucune version Switch n’existe. Fait notable, Sony possède lui-même son propre service de streaming (Playstation Now), disponible notamment sur PC.

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Il n’en reste pas moins que le Playstation Now est très discret. En tous cas moins présent que le business florissant des éditions collector : très chères (souvent plus de 100€) et très rentables, ces versions spéciales agrémentées de bonus comme des figurines se sont multipliées ces dernières années (ci-dessus celle de Code Vein). Pas sûr que les joueurs, ou même les éditeurs qui font beaucoup de marge dessus, veuillent s’en séparer… Le constructeur ménage donc comme à son habitude la chèvre et le chou, conscient que les modes de consommation ne changeront pas du jour au lendemain.

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.