Cette nouvelle version de La Belle et la Bête débute à la manière d’un Broadway Show ! Au programme : chansons, paillettes et chorégraphie qui, certes, sont impeccables mais nous transportent à mille lieues du conte de fée traditionnel. Fort heureusement une fois passé le bal d’ouverture un peu trop bling-bling, la magie enfantine reprend doucement sa place.

Tout commence donc dans un beau château où un prince égoïste se voit transformé en horrible bête par une enchanteresse. L’unique façon d’échapper à ce sortilège est d’être aimé par une âme pure avant que ne fane le dernier pétale d’une rose magique. Contre toute attente ce sera Belle, une jeune paysanne, qui viendra contrer la malediction en voulant délivrer son propre père des griffes de la Bête. Devenant à son tour captive de son féroce geôlier, elle en tombera peu à peu amoureuse …

C’est à Emma Watson que revient le rôle tant convoité de Belle. Affublée de jupons et de longs tabliers, la jeune britannique s’amuse allègrement à jouer les jolies fermières. Avec son petit nez mutin et son air ingénu, elle nous renvoie inévitablement au personnage d’Hermione mais nous fait aussi penser à la fabuleuse Julie Andrews dans le film de Stevenson, Mary Poppins. A l’exemple de cette comédie musicale des années 70, La Belle et la Belle est une production qui mise énormement sur la musique. Faisant fi de toute timidité, Emma Watson pousse donc la chansonnette durant tout le conte accompagnée en choeur par l’ensemble des comédiens.

Aux côtés de Belle déambule son vieux père inventeur (Kevin Kline) ainsi que le bellâtre Gaston qui rêve de l’épouser: butor et narcissique, ce “Captain Gaston” est interprété avec humour et arrogance par Luke Evans qui apporte beaucoup de panache à cette aventure. La gaillardise est aussi présente à travers le profil bedonnant du Fou joué sans complexe par l’humoriste Josh Gad. Reste enfin le personnage de La Bête qui ressemble à un Minotaure aux magnifiques yeux bleus (ceux de Dan Stevens !). Dans cette adaptation signée Bill Condon, l’animal se révèle nettement plus humain que dans les versions précédentes ce qui, avouons-le, rend un peu plus rationnel le penchant amoureux de sa Belle…

Par-delà ces êtres de chair, il faut aussi saluer l’ensemble des techniciens qui ont su donner vie à tous les objets animés de l’histoire. Grâce à une foule d’effets spéciaux, d’images de synthèse et de captures d’expressions faciales, l’on voit ainsi redéfiler devant nos yeux les figures mythiques de Madame Samovar et son petit Zip, le beau clavecin bleu Cadenza, l’amusant pendule Big Ben, sans parler du Majordome Lumière dont le terrible accent à la Maurice Chevalier apporte une touche très “cabaret” à toute cette faune féerique. On ne vous dira pas quels sont les acteurs qui se cachent derrière ces créatures enchantées mais le casting est vraiment splendide : si vous regardez bien le générique final vous aurez soudain l’impression de voir apparaitre quelques uns des meilleurs protagonistes d’Harry Potter, de Star Wars et du Seigneur des Anneaux !

Alors oui, c’est un conte de fée. Oui, les décors sont un peu kitsch. Et oui, la jolie princesse finit par épouser son prince charmant. Mais il n’y a pas de mal à se faire du bien ! Le temps d’une séance, redevenez donc des enfants et laissez-vous rêver : c’est facile, vous êtes chez Disney !

D’ailleurs si vous en doutez, cherchez donc les initiales des armoiries du château…

La Belle et la Bête
Un film de Bill Condon
Avec Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Kevin Kline, Josh Gad, Ewan McGregor, Emma Thompson, Audra McDonald, Stanley Tucci, Gugu Mbatha-Raw, Sir Ian McKellen
Musique d’Alan Menken
Chansons titres : Céline Dion – Ariana Grande & John Legend
USA – 2017 – 2h09
Sortie nationale: le 22 mars 2017 

Photo © Disney Enterprises inc

Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.