Avec The Caligula Effect sur PSVita, Furyu avait réussi pari d’apporter un RPG japonais neuf aux traits de caractères uniques. Avec The Caligula Effect Overdose, il était parvenu comme nul autre à produire un remake passionnant pour tous. Après ces succès, The Caligula Effect 2 est naturellement attendu par les fans de JRPG, mais cette fois, on ne voit pas vraiment ce que l’éditeur visait avec cette suite.
Caligula 2 JRPG Furyu PS4 Switch science fiction vocaloid nis america jeu de role
L’intrigue ne se démarque guère des précédents.

Comme sa préquelle, The Caligula Effect 2 est l’histoire d’un monde parfait. Redo est un monde virtuel qui accueille (malgré eux) les personnes qui souffrent dans le monde réel, et leur offre une vie virtuelle idéale sans qu’ils s’en rendent compte. Le héros (ou l’héroïne) de The Caligula Effect 2 est un de ceux-là, sauf qu’une chanteuse bizarre du nom de Kii vient lui remettre les idées en place. Comme Moebius dans The Caligula Effect Overdose, Redo est dirigé par une chanteuse virtuelle. Kii est en fait la descendante de la chanteuse de Moebius, μ, et veut abattre celle de Redo, Regret. Tous deux voulant mettre un terme à ce monde factice, ils se mettent à la recherche de Regret.

Un train-train trop fade

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Le personnage principal et Kii vont préparer leur résistance planqués dans un métro qui tourne en rond, un peu comme le chef des services secrets japonais dans le James Bond On ne vit que deux fois. Ils vont d’abord sonder les élèves de l’écoles pour trouver des alliés au cerveau pas complètement lavé par Regret, puis affronter les ses puissants lieutenants, les Gakushi. Composant la musique pour Regret, les Gakushi approuvent Redo et transforment les habitants en monstres difformes, les Marioheads, qu’ils lancent à la poursuite du groupe de Kii. Chaque donjon se résume donc peu ou prou à d’interminables combat contre les Marioheads avant de rencontrer le boss. Le level design, qui n’était pas le point fort de The Caligula Effect, n’a que peu progressé et seules des énigmes basiques viendront atténuer la sensation de dirigisme.

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Les boss ne resteront pas dans les annales du genre.

Le problème de fond de The Caligula Effect 2 par rapport à The Caligula Effect, c’est que la structure du jeu est absolument semblable. Quand le premier était une immense surprise dans le monde du JRPG, quand The Caligula Effect Overdose doublait le contenu du jeu avec une vision également novatrice, The Caligula Effect 2 n’a ni l’effet de surprise, ni la générosité en termes de contenu. C’est juste The Caligula Effect avec d’autres personnages, quasiment la même histoire, et tout le reste beaucoup moins bien fait. Les personnages sont d’ailleurs la première manifestation de cela puisque les Gakushi, autrefois extrêmement charismatiques et dont chaque personnalité avait une signification forte, ne sont là que des antagonistes dilettants et superficiels. On en apprend très peu sur eux, sinon des histoires personnelles à la limite du risible.

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Le relationnel avec les alliés est franchement décevant.

Le pire est que l’on ne peut que dire la même chose des alliés. Le titre garde les moments en tête à tête entre le personnage principal et les autres membres du groupes, dans lesquels on explore les raisons de leur arrivée dans Redo. On n’est pas impressionné : Kiriko par exemple rejoint Redo après une carrière d’Idol trop dure… C’est un exemple un peu caricatural mais globalement le caractère émotionnel ne prend pas comme dans le premier. Le volume de texte est déjà infiniment plus court, laissant peu de place à l’immersion dans l’histoire. La différence avec The Caligula Effect Overdose est criante, il y a un effondrement de la qualité et du volume d’écriture dans cette suite. L’absence d’épilogue est sidérante : on ne sait pas du tout comment se passe le retour des héros dans les réalité, ce qui quand même le but de tout le jeu! On a le sentiment que ni le scénariste, ni l’éditeur n’ont essayé ne serait-ce que d’égaler les standards qu’ils ont établis eux-mêmes dans le remake.

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Les combats sont vraiment éprouvants… dans le mauvais sens du terme!

The Caligula Effect 2 conserve son système de combat intéressant, mais là encore plus rien n’est nouveau. Tour par tour assez stratégique, il propose de décaler les attaques des personnages dans le temps pour en maximiser l’effet. Concrètement, beaucoup d’attaques sont boostées par des conditions particulières (ennemi à terre, en l’air, contre, niveau de risque…). Entre les tours, vous pouvez prévisualiser le combat pour être le plus précis possible. Par exemple, contrer un ennemi, le projeter en l’air et utiliser un technique aérienne est un combo classique. Il est aussi possible de gérer le niveau de risque de l’adversaire (qui augmente avec les dommages qu’il reçoit) pour faire plus de dégâts. Kiriko avec son job Samurai à des coups dévastateurs à haut risque. La défense et les capacités de soutien sont également nombreuses. Le système est toujours très riche et intéressant.

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Ce qui l’est moins, c’est l’équilibre général du système et la courbe de progression épouvantable des personnages. Déjà les combats sont excessivement longs, mais en plus il faut en faire énormément pour être au même niveau que les boss surpuissants. Cela casse complètement le rythme du jeu. Chose amusante, la difficulté semble réajustée au environs du chapitre 8, comme si les développeurs avaient fait marche arrière. Bref, The Caligula Effect 2 n’est plus aussi fun à jouer malgré un système de combat méritant. Dernière qualité : la musique. Furyu fait toujours appel à des artistes Vocaloid pour offrir des morceaux prenants. Les remixes lors des combats de boss sont particulièrement rythmés. Dommage qu’on ne les retrouve ni dans le jukebox de la base, ni dans le bande-originale livrée dans le collector portant hors de prix. Une nouvelle fausse note, assurément.

Une réalisation pas du tout à la hauteur

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La réalisation est inacceptable pour un jeu de 2021.

Le jeu de Furyu choque par une réalisation vraiment très en retard. La modélisation fait penser à des jeux d’il y a 10 ans, si ce n’est plus. Les animations monstrueusement raides sont encore pires. On a en mémoire un The Caligula Effect Overdose un chouïa plus fin quand même, et où les personnages bougeaient mieux. Même mes menus ont perdu en agrément. La console de référence pour le développement n’est plus la PS4 et ça ressent malheureusement. Peut-on tolérer les gestes scriptés, les décors simplistes, les personnages aux regard vide quand les éditeurs de même taille (Gust, Compile Heart, Falcom) vont de l’avant sur le plan technique? La modestie n’excuse pas l’insuffisance.

The Caligula Effect 2 n’est guère que The Caligula Effect Overdose avec d’autres personnages, mais moins de contenu et moins de fun. Cette suite n’innove pas comme ses prédécesseurs et de nombreux aspects déplaisants (graphismes, écriture, équilibre du gameplay) sont autant de symptômes d’un jeu fini à la hâte. Le système de combat hors pair et l’univers novateur de la franchise méritaient infiniment mieux, mais Furyu semble l’envoyer dans une voie sans issue.

The Caligula Effect 2

Editeur/développeur : NIS America
Genre : Jeu de rôles
Modes : Solo uniquement
Sortie France : 22 octobre 2021 
Machine : PS4, Switch

 

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.