Installée au 7 place Vendôme et réelle pionnière des questions écologiques, la Maison Courbet est un cas unique en joaillerie haut de gamme : elle propose des pièces en or recyclé serties de diamants exclusivement crées en laboratoire.
La mission du joaillier a toujours été de concevoir des pièces qui plaisent pour leur esthétique. Aujourd’hui, il a la possibilité de faire des choix engagés pour ses clients, tout en continuant à leur offrir une expérience exceptionnelle. Nous avons eu la chance d’échanger avec Charlotte Daehn, directrice des relations publiques chez Courbet.

MY : Quels sont les défis environnementaux de la joaillerie au XXIe siècle ?

CD : L’essence de la joaillerie repose sur les matières premières : les métaux précieux et les pierres. L’étape qui pose actuellement problème est leur extraction. Elle est extrêmement polluante et souvent éthiquement discutable pour la sécurité des travailleurs des mines. Par exemple, pour extraire les paillettes d’or de la roche, on utilise du cyanure ou du mercure qui sont toxiques pour les mineurs et rejetés dans l’environnement à travers les eaux.

En quoi la démarche de Courbet est-elle réellement pionnière ?

CD : Courbet réinvente une joaillerie sans nécessité d’extraction. Notre or 18 carats est recyclé, en partie à partir de matériel informatique obsolète, et nos diamants poussent en laboratoire. Ces derniers possèdent exactement la structure moléculaire d’un diamant de mine.

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Rivière de diamants de la Collection Céleste

Vous utilisez exclusivement des diamants de culture. Pensez-vous que c’est l’avenir du diamant ?

CD : C’est notre intime conviction chez Courbet. L’industrie minière est de plus en plus couteuse, et il devient de moins en moins rentable d’extraire. Sans dire que les diamants de culture vont remplacer les diamants miniers, nous pensons que cela devient progressivement naturel pour le client de se questionner sur son empreinte carbone. Nous souhaitons lui offrir la possibilité de faire un choix.

Le diamant de culture est assurément plus éthique. En revanche, est-il réellement plus écologique ? L’analyse du cycle de vie d’un tel diamant révèle-t-elle que l’énergie et les ressources employées en laboratoire pour sa synthèse ont moins d’impact que celles nécessaires à l’extraction d’un diamant minier ?

Bague Boucle d’oreille diamant
Collection O2. Cette pièce peut être portée en bague ou en boucle d’oreille.

CD : Pour calculer l’empreinte carbone d’un diamant, il est nécessaire de connaître la quantité d’énergie dépensée pour sa fabrication ou son extraction. La quantité de carbone alors libérée dépend ensuite du pays, car chacun a un système de production énergétique plus ou moins propre. Chez Courbet, nous sélectionnons nos fournisseurs en fonction de l’empreinte liée à l’énergie qu’ils emploient. Nos diamants poussent aux États-Unis avec de l’énergie solaire, en Russie avec de l’énergie hydraulique et en France, dont le système est relativement écologique.

Vous engagez-vous également sur l’écoconception ? Avec des packagings recyclés et/ou recyclables, ou des boutiques « vertes » ?

CD : Absolument, nos packagings sont faits en partenariat avec une entreprise bretonne qui recycle le cuir issu des chutes de l’industrie de la mode. Cette étape est l’une de celles qui a représenté le plus grand défi pour nos équipes, car le client en joaillerie a des attentes bien particulières concernant l’écrin de son bijou. Dans notre mythologie, la boite contenant une bague doit répondre à des critères précis, comme un « clap » parfait à la fermeture. Nous travaillons à apporter la meilleure solution possible et imaginons actuellement un écrin qui pourrait par la suite se convertir en un nouvel objet afin de recueillir une bougie Courbet par exemple.

Courbet vient très récemment de lever 8 millions. Quels seront les principaux axes de développement de la Maison ?

Bague Pont des Arts
Bague Pont des Arts, le premier diamant de laboratoire français

CD : Nous souhaitons développer notre marque à l’international, notamment en Chine. Courbet a également la volonté d’investir en recherche et développement, à la fois pour les bijoux, pour la production de diamants (nous investissons dans une manufacture française) et pour la digitalisation de l’expérience client, avec des technologies comme l’essayage à distance. Notre toute dernière collection, inspirée du Pont des Arts, est faite des tout premiers diamants français.

Verrons-nous bientôt des pierres de couleurs apparaître dans les collections Courbet ?

Nous proposons pour l’instant quelques diamants de couleurs dont le processus de fabrication reproduit les conditions d’apparition de diamants colorés dans la nature. Courbet prévoit aussi de lancer l’année prochaine une collection qui contiendra des pierres de couleurs comme des saphirs, des rubis ou des émeraudes, de culture bien sûr. Pour ces pierres, il est important d’expliquer que plusieurs méthodes de synthèse existent, mais qu’elles ne donnent pas les mêmes qualités, la recherche des meilleures pierres justifie des différences de prix.

Solitaire
Solitaire C de Courbet

Courbet propose d’accompagner ses clientes dans la création de pièces uniques. Cette démarche sur-mesure prend-elle une importance grandissante dans l’univers de la joaillerie ?

C’est une pratique courante en joaillerie et elle représente une part importante de nos activités. Historiquement, il y a également une idée de transformation, pour les bijoux ou les pierres de famille par exemple. On voit aussi de plus en plus de jeunes mariées soucieuses d’avoir une bague unique. C’est primordial pour Courbet de pouvoir les accompagner dans un tel moment.

Que voudriez-vous dire à une cliente qui hésite à investir dans son premier diamant de culture ?

Je répondrai par notre devise : “Sans le bien, le beau n’est rien”. Un bijou est toujours une pièce chargée de sens est de symbole. À quoi cela rime s’il ne correspond pas à notre être profond et aux valeurs que nous voulons défendre ?

A découvrir également…

Une belle initiative se profile derrière les pièces premier prix de la Maison : une collection de douze bracelets colorés grâce à laquelle la cliente peut reverser 15% à l’une des causes écologiques ou humanitaires qui lui tient le plus à cœur.

Des pièces à retrouver au Printemps Haussmann ou sur rendez-vous à l’appartement Courbet, 7 Place Vendôme.

Pour en savoir plus : Le processus de synthèse des diamants Courbet

Mazarine Yérémian est actuellement en innovation technologique à l’École polytechnique. Après un premier diplôme d’ingénieur à AgroParisTech où elle a étudié les biotechnologies, la viticulture et l’environnement, elle s’est intéressée à l’œnologie et la gemmologie. Passionnée par le lien entre modernité et tradition, elle a accepté de rejoindre l’équipe rédactionnelle de Syma News en créant sa rubrique Art de vivre.