Le Roi Arthur
La pièce s’ouvre au son d’incantations et du doux roulis d’un bâton de pluie. Seul sur scène, Merlin le Mage nous replonge dans les légendes anciennes des chevaliers de la Table ronde. Vêtu d’une longue cape et d’une jupe en tartan, l’enchanteur nous raconte avec grandiloquence que le temps d’Arthur est enfin venu. Armé d’Excalibur et épaulé de ses braves guerriers, ce jeune roi va faire face aux envahisseurs saxons pour libérer sa précieuse Bretagne. Ainsi commence la légende …
La magie de Brocéliande
En mettant en scène cette épopée merveilleuse, Jean-Philippe Bêche a voulu nous faire voyager du côté de Brocéliande et de sa magie séculaire. Tout y est : Camelot, le souffle du dragon, le Saint Graal, la Dame du Lac…
Grâce au texte, aux costumes et à l’atmosphère de la splendide salle du théâtre de l’Épée de bois, l’on est immédiatement plongé dans ces contrées légendaires qui ont nourri toute notre enfance !
Certains se remémorent les livres de Zimmer Bradley, d’autres visualisent l’adaptation cinématographique de Guy Ritchie, d’autres enfin se rappellent le film rugueux de John Boorman porté par la si puissante musique de Karl Orff…
Une mise en scène ambitieuse mais qui manque unité
Au fil de la représentation et de ses tableaux successifs l’on revit la Genèse de la Table ronde, la lutte entre Morgane et Merlin, l’amour de Guenièvre pour Arthur, sans oublier sa trahison auprès de Lancelot. En dépit de toutes ces péripéties, la pièce de Jean-Philippe Bêche manque d’unité pour faire vraiment illusion : en fusionnant la langue courtoise de cette histoire médiévale avec un rythme trop vif et des intonations contemporaines, le metteur en scène joue sur trop de registres et s’écarte de la pureté de cette légende celtique.
D’un point de vue de la composition sonore, il est aussi difficile de comprendre la présence du percussionniste sur scène : Aidje Tafial joue fabuleusement bien et y met toute son âme mais le charme de sa batterie se marie difficilement avec un conte du Moyen-Âge. Peut-être que notre esprit s’est trop accoutumé aux harmonies médiévales d’une harpe ou d’un bodhran pour pouvoir transposer l’histoire du Roi Arthur aux côtés d’une batterie ? Peut-être faudrait-il également que les effets créés par Aidje Tafial soient plus synchronisés afin de se fondre pleinement avec le jeu des acteurs sans couvrir leurs voix ?
.Une troupe pleine d’élan
Quoi qu’il en soit, l’enthousiasme et l’entente fraternelle des comédiens confèrent à cette fresque théâtrale un bel élan. Qu’ils soient seigneurs ou magiciens, les acteurs de la Compagnie du Rameau d’Or investissent leurs rôles avec beaucoup de fougue et d’héroïsme.
Le Roi Arthur est interprété par Jean-Philippe Bêche avec une belle constance tant dans ses ambitions que ses déchirements. Sa Reine Guenièvre est incarnée par Morgane Cabot qui nous livre un émouvant discours de repentance envers son époux.
Dans un autre registre, la Fée Morgane manque de noirceur et de distinction, et l’on regrette que le beau Lancelot soit si discret.
A l’inverse la figure machiavélique de Mordred est fort bien rendue par Fabian Wolfrom qui possède une assurance scénique à la limite de l’arrogance.
L’on aime enfin Jérôme Keen qui campe un Merlin ensorceleur : véritable figure prophétique de cette grande légende, l’on voudrait qu’il soit encore plus imposant pour apporter d’avantage de mysticisme et de dramaturgie à la pièce.
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Entre romance et épopée
Cette adaptation scénique du Roi Arthur est un beau spectacle qui repose sur une adoration évidente de la légende par la troupe et le metteur en scène. Avant de vous y rendre, sachez juste que la pièce favorise d’avantage la romance que l’aspect épique du récit. En dépit des combats d’épée et des discours belliqueux, le texte s’attarde excessivement sur la passion de Guenièvre envers Lancelot. Ce parti pris « sentimental » risque de déplaire aux amateurs d’épopées guerrières et viriles, il peut cependant séduire les demoiselles en quête d’adultère ou d’amour courtois …
Au théâtre, il en faut pour tous les goûts !
Le Roi Arthur
Une pièce de Jean-Philippe Bêche
Avec la Compagnie du Rameau d’or : Jean-Philippe Bêche, Antoine Bobbera, Lucas Gonzales, Jérôme Keen, Erwan Zamor, Marianne Giraud-Martinez, Marie-Hèle Viau, Franck Monsigny, Fabian Wolfrom et Aidje Tafial aux percussions
1h45
Théâtre de l’Épée de bois
La Cartoucherie – Route du champs de manœuvre – Paris 12e
Réservations : 0148083974
www.epeedebois.com
Jusqu’au 23 septembre 2018
Jeudi-Vendredi-Samedi à 21h30 – Dimanche à 16h
PROLONGATIONS JUSQU’AU 14 OCTOBRE 2018 !
(Sauf le 27 septembre et les 4 & 5 octobre)
Le Roi Arthur – PDF Syma News – Florence Ye?re?mian
Crédit Photos : Cédric Vasnier