Depuis presque deux ans, le feuilleton PS5 n’a pas arrêté de faire couler de l’encre et Sony a manifestement envie de rajouter un chapitre. Mais en cette rentrée, le sujet n’est pas la disponibilité (toujours faible), mais le prix.

Le géant japonais jette en effet un pavé dans la mare en augmentant le prix de la Playstation 5 de cinquante euros, soit 10% de hausse pour le modèle avec lecteur de disque et 12,5% pour la PS5 digital edition. L’entreprise a beau citer “l’environnement économique mondial”, la nouvelle passe mal même pour ceux qui possèdent déjà la machine. Le public est fou de rage (à raison) pour un autre point : la hausse concerne le monde entier… sauf les Etats-Unis! En gros, Sony veut gonfler sa marge là où PlayStation est majoritaire et rester compétitif là où son concurrent est populaire. La demande pour la console est certes forte mais Sony a-t-il les atouts pour faire passer la pilule sur le long terme?

En effet, Microsoft et Nintendo ont déjà sauté sur cette trop belle occasion d’abîmer le concurrent, en faisant savoir qu’aucune hausse n’était à l’ordre du jour chez eux. PlayStation ne peut pas ignorer que le marché reste très concurrentiel, avec une Switch difficile à déloger et une Xbox Series X qui tient la dragée haute à la PS5 même au Japon. La hausse du prix conseillé d’une console est une première dans l’histoire du jeu vidéo : jusqu’à maintenant, les prix allaient toujours dans l’autre sens. De facto et comme on peut le voir dans les commentaires du Blog PlayStation, même ceux qui possèdent déjà une PS5 sont ulcérés.

Mais il faut quelques fois quitter le simple ressenti pour examiner une polémique. Sony peut sembler cupide, il est indéniable que l’inflation existe. L’entreprise est en droit de répercuter le coût du produit sur l’acheteur afin de conserver sa marge et ne pas rater ses objectifs de rentabilité. C’est plus facile pour Nintendo (qui sous-investit à la fois dans le hardware et le software) et Microsoft (qui a une activité ultra-lucrative hors jeu vidéo) de prendre l’inflation sur eux. Mais l’inflation existe aussi aux Etats-Unis, d’où une part de mauvaise foi qui met le feu aux poudres.

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Les prix de revente de la PS5 sont toujours très au-dessus du prix conseillé.

Si l’on regarde la demande actuelle, on constate que la PS5 se négocie sur le marché secondaire toujours autour de 600, 700 voire 800€. Sony regarde donc l’état de la demande et constate simplement que la console n’est pas assez chère par rapport à ce que les acheteurs sont prêts à mettre. Si le consommateur consent à acheter la PS5 700€, il l’achètera très certainement à 550€. Et ce alors que la firme a, sans le dire, amélioré sa machine. Polygon rapporte effectivement que la série de modèles fabriqués récemment serait plus légère et consommerait moins d’énergie. On n’a pas entendu de cris d’orfray quand Nintendo positionné le prix de la Switch OLED au-dessus du modèle de base. Signalons encore que Sony aura un catalogue d’exclusivités de haut niveau (Final fantasy VII Rebirth, Rise of the Rônin…), là où les concurrents ne peuvent vraiment pas en dire autant. Les griefs faits à Sony relèvent donc en partie d’un tribunal du peuple à deux vitesses.

Cet épisode de hausse de prix est au mieux une erreur de communication monumentale de la part de Sony. Même les plus mauvaises nouvelles doivent être annoncées avec diplomatie. Le constructeur a la rationalité pour lui et n’a aucune raison de céder à la grogne. De toute manière, ce sont les clients de demain, et non les réseaux sociaux d’aujourd’hui, qui décideront si la décision était fondée ou non. Pour juger, il faut regarder la valeur et non le prix.

Thomas Froehlicher est chroniqueur Japon & Gaming. Rédacteur pour plusieurs sites spécialisés dans le jeu vidéo, il intervient sur l'actualité vidéo-ludique depuis trois ans. Sa passion pour la culture japonaise, aussi bien classique que moderne, l'a poussé à en étudier la langue en parallèle de sa majeure en finance, puis à effectuer un semestre d'échange universitaire à Sophia University à Tokyo. Il est titulaire du Japanese Language Proficiency Test niveau 1 depuis 2012, et depuis ne jure que par les versions originales en japonais.