Fine Arts Paris : un salon d’esthète aux allures de musée éphémère

Quatrième édition pour ce sublime salon parisien qui met essentiellement en avant la peinture ancienne et la sculpture à travers les oeuvres phares d’une cinquantaine de galeries. Un régal pour les yeux à savourer durant 6 jours avant que tout ne disparaisse chez des collectionneurs !

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Maternité – Henri Taurel (1879) – Huile sur toile – Galerie Talabardon & Gautier

Installé au Carrousel du Louvre jusqu’au 11 novembre, Fine Arts Paris présente cette année cinquante-cinq exposants parmi lesquels se distinguent une douzaine de galeries étrangères. Nouveauté également, le salon s’étend à des disciplines comme les arts premiers, la joaillerie et les arts asiatiques.

Renaissance italienne et XVIIe siècle

Le salon s’ouvre avec la Galerie G. Sarti qui propose des œuvres allant de la période des primitifs italiens à la fin de la Renaissance. Entre un portrait de Sainte Catherine d’Alexandrie signé Lupicini et une Adoration de Rosselli, laissez-vous happer par le magnifique tableau de Tosini représentant Cléopâtre dans un style librement inspiré de Michel-Ange et de Vasari.

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Cléopâtre (détail) – Michele Tosini (1565) – Galerie G. Sarti

Art flamand et Maitres nordiques

La visite se poursuit auprès de la Galerie De Jonckheere qui nous offre comme toujours des merveilles flamandes ou allemandes à contempler de très près : entre un diptyque de Bouts, un lumineux portrait de Luther par Cranach l’Ancien, et une composition du Christ aux Limbes peinte par un suiveur de Hieronymus Bosch, on a tout simplement l’impression d’être au Louvre face aux primitifs nordiques.

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Le Christ aux Limbes (détail) – Suiveur de Hieronymus Bosch (Vers 1500) – Galerie De Jonckheere

La Galerie Florence de Voldère (dont nous avions parlée lors du Salon International du Livre d’Art) fait également honneur à ces grands maitres du Nord avec une scène de Noce de Brueghel le Jeune, un paysage de Jacob Grimmer et une étonnante représentation des saisons déclinée par son fils, Abel Grimmer, sur six petits tondi.

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Les six mois de l’année – Abel Grimmer (1609) – Galerie Florence de Voldère

XVIIIe siècle

Avec les Galeries Didier Aaron & Cie et De Bayser, on voit se profiler des maîtres du XVIIIe siècle tels que Greuse ou François Boucher. Les amateurs de dessins à la pierre noire ou au pastel seront ravis de pouvoir dénicher un portrait de jeune femme ou une étude de Mars réalisée pour le tableau de la Wallace Collection “Mars et Vénus surpris par Vulcain”.

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Étude de Mars par François Boucher (Galerie Didier Aaron & Cie) – Portrait de jeune femme assise (Galerie De Bayser)

Une étude de tête d’homme de Jean-Baptiste Wicar présentée par la Galerie Eric Coatalem a aussi attiré toute notre attention tant par sa maitrise des lumières que par la beauté puissante et caractérielle qui émane de son protagoniste.

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Étude de tête d’homme – Jean-Baptiste Wicar – Galerie Éric Coatalem

XIXe siècle

Le XIXe siècle est somptueusement présent sur le stand de la Galerie Talabardon & Gautier via des toiles de Meissonier (Le peintre à son chevalet), de Michel Garnier (Pommes de cajou) et une superbe scène de Maternité signée Henri Taurel (voir notre photo titre)

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Pommes de cajou (Anacardium occidentale – Détail) – Michel Garnier (vers 1805) – Galerie Talabardon & Gautier

Malgré la cinquantaine d’antiquaires et de marchands d’Art présents sur ce salon, difficile d’atteindre le faste de la Galerie Steinitz : entre une multitude de statues de marbres et de pièces d’orfèvreries émergent une sirène antique, des vases Borghèse de la collection de Rothschild ainsi que deux bustes de figures asiatiques d’une rare beauté.

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Galerie Steinitz

On aime également un portrait en pied d’Un jeune garçon avec un bilboquet signé Julien Bastien-Lepage : la Galerie Edouard Ambroselli qui l’expose vous propose, de surcroît, une mise en parallèle de l’huile finale avec son étude préparatoire. 

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Le portrait de Jules Watelet (1883) et son étude préparatoire (Aquarelle et crayon sur papier) – Jules Bastien-Lepage – Galerie Edouard Ambroselli

Dans un style bien plus académique, on apprécie les nus de l’École Française accrochés par la Galleria dei Coronari. Ces huiles un peu statiques mais fort séduisantes nous donnent l’impression d’être littéralement plongés dans un atelier du XIXe siècle.

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Académie d’homme sur fond gris – École française (vers 1890) – Galleria dei Coronari

XXe siècle

La Galerie Charvet rend hommage à Lubin de Beauvais à travers des pastels et des aquarelles sur papier. Son vieillard auréolé de petits points aux couleurs chaudes est une pièce féérique qui évoque par certains aspects la douceur de Noël. Un très bel exemple de technique néo-impressionniste traitée à la gouache et au pastel. 

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Le vieillard – Lubin de Beauvais (Pastel et gouache sur papier) – Galerie Charvet

Dans un tout autre style, ne ratez pas le portrait d’Henri Gervex mettant en scène une belle rousse à la peau nacrée se contemplant presque amoureusement dans son petit miroir.

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Le Miroir (Huile due toile)- Henri Gervex – Galerie Charvet

La Galerie Enrico Frascione présente une ravissante composition aquatique de l’artiste italien Filippo Omegna (Voluttà). Cette déclinaison sensuelle de femmes aux corps laiteux sur fond bleu nous fait songer à des naïades antiques dont la beauté tortueuse nous rappelle l’esprit de Klimt.

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Voluttà – Filippo Omegna (1925)

La Galerie Mendes décline une série d’oeuvres de la peintre chilo-portugaise Aurélia de Sousa. Sa splendide figure de jeune fille composée dans tes tonalités ocres nous montre le merveilleux talent de portraitiste de cette artiste encore trop peu connue.

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Portrait de jeune fille – Aurélia de Sousa – Galerie Mendes

La Galerie Michel Descours met en avant plusieurs aquarelles de l’artiste suédois Oskar Bergman dont deux paysages miniatures d’une très grande finesse.

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Bouleaux – Oskar Bergman – Galerie Michel

Elle expose également un immense diptyque signé Léonie Humbert-Vignot représentant des ouvriers du siècle dernier. À travers cette oeuvre poignante d’un rare réalisme se ressent toute la détresse des sans-travail et de ces ouvriers qui fuient une usine en feu.

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Sans travail & L’Usine en feu – Léonie Humbert-Vignot – Galerie Michel Descours

Pour finir en beauté : révérence à la Galerie Tanayaka qui présente un élégant accrochage de rares estampes japonaises. Parmi ces pépites venues du Soleil Levant, ne ratez pas deux oeuvres exceptionnelles : une jeune femme se maquillant d’Itô Shinsui et une Femme à la coiffure de Torii Kotondo.

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Sur cette estampe rarissime, l’artiste Itô Shinsui a représenté une jeune femme se maquillant (Mayuzumi – 1928).  Le sujet est exceptionnel mais aussi la maitrise technique : une partie de la coiffe est en relief dans l’esprit des luxueux surimono du XVIIIe siècle et il a fallu plus sept couches successives pour obtenir un fond rouge d’une telle intensité.
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Femme à la coiffure – Torii Kotondo (1933) – Cette oeuvre fait partie des cinq estampes japonaises les plus recherchées du XXe siècle. De par l’élégance de sa composition, la beauté de la figure, le choix précieux des couleurs mais aussi le travail du fond bleu marqué par les rainures du bois qui donnent un relief inattendu au papier.

On vous le dit et on vous le répète : avec Fine Arts Paris, vous entrez dans le monde du sublime !

Florence Gopikian-Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr

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Galerie Steinitz

Fine Arts Paris

Carrousel du Louvre – Paris1er

Du 6 au 11 novembre 2021

De 12h à 22h le mardi 9 novembre, de 11h à 19h le jeudi 11 novembre et de 12h à 20h les autres jours

Florence Gopikian Yérémian est journaliste culturelle. Rédactrice auprès de Muséart, Paris Capitale, L’Oeil ou le BSC News, elle couvre l’actualité parisienne depuis plus de vingt ans. Historienne d’Art de formation (Paris Sorbonne & Harvard University), correspondante en Suisse et à Moscou, elle a progressivement étendu ses chroniques au septième art, à la musique et au monde du théâtre. Passionnée par la scène et la vie artistique, elle possède à son actif plus de 10000 articles et interviews.