À l’heure du reconfinement, c’est tout un monde culturel qui souffre un peu plus chaque jour. Concerts annulés, reportés, films déprogrammés des salles de cinéma ou fortement impactés par la crise sanitaire. Le long-métrage « J’irai décrocher la lune » est de ces derniers. Ultime solution de rattrapage : se procurer son DVD sorti ce jour. L’occasion d’amener de la lumière sur ce documentaire d’utilité publique sur la vie de jeunes trentenaires atteints de trisomie 21.

J'irai décrocher la lune - trisomie 21 - Laurent Boileau

Un quotidien ordinaire

Ils s’appellent Stéphanie, Elise, Robin ou encore Mario, trois hommes et trois femmes âgés entre 28 et 36 ans. Des jeunes adultes se lançant peu à peu dans la vie active. Acquisition d’un appartement, projets professionnels et loisirs du quotidien, une chose est sûre ce n’est pas leur chromosome supplémentaire qui va les freiner dans leur élan. Des jeunes gens attachants, autonomes et uniques qui se racontent à travers « J’irai décrocher la lune ». Un film construit à la manière d’un documentaire, ancré dans la réalité oscillant entre séquences de vie et interviews face caméra.
Pendant près d’une heure et demi, les spectateurs sont guidés dans les univers respectifs et le quotidien de ces six personnages dynamiques, un peu différents mais qui ne sont pas ceux que les ignorants imaginent ou craignent. L’une travaille à la mairie, d’autres dans une exploitation agricole ou dans une école sans aucun soucis d’acceptation. Tous sont actifs et ordinaires, prouvant l’importance de leur intégration dans la société au même titre que n’importe qui. Sans difficultés ils s’affirment et s’épanouissent non pas sans une certaine fierté. Le reste de leur temps ils le passent à peindre, faire du sport, jouer de la musique ou lire. Des passions qui leur permettent de s’exprimer et s’évader. Leur enthousiasme fait plaisir à voir et leur bonne humeur communicative, et leurs rêves porteurs d’espoir.

J'irai décrocher la lune - trisomie 21 - Laurent Boileau

Une belle leçon de vie

En tout simplicité, « J’irai décrocher la lune » rassure aussi sur leur handicap, apportant un regard différent loin des jugements souvent trop hâtifs dont ces jeunes gens doivent encore trop souvent faire face. Sans jamais sombrer dans le pathos, le documentaire s’avère parfois émouvant mais en majorité drôle et tendre. Un long-métrage léger, profondément humain s’intéressant de près à ces atteints de trisomie 21. Des êtres enrichissants qui témoignent à coeur ouvert, sans filtre. Parfois en compagnie de leurs proches, ils partagent leurs forces, leurs faiblesses, mettant des mots aussi sur leur différence. Ils ne demandent qu’une chose : être traité comme tout le monde et avancer dans la vie. Être indépendants, et acceptés tels qu’ils sont. Un objectif partagé par Laurent Boileau, réalisateur du film. Un défenseur de causes qui a fait de la différence le thème majeur de sa filmographie. Dans sa bibliothèque entre autre « Un collège pas comme les autres » au coeur d’un établissement jésuite, ou encore « C’est pour la vie » sorti en 2018 où il y recueillait déjà la parole de jeunes adultes porteurs de Trisomie 21. Un terrain donc connu pour ce pro des Médias qui aime mettre en lumière la diversité sans pour autant la transformer ni l’idéaliser. « Il ne s’agissait pas pour moi de faire un film militant sur la trisomie, ni de glorifier l’être porteur de trisomie, car celui-ci n’est pas désincarné mais bien pétri de la même humanité que nous tous, les personnes dites normales » assure-t-il au sein du communiqué de presse.
Se questionnant aussi « Faut-il les considérer comme tout le monde ? Peut-être devrions-nous plutôt nous considérer comme eux », se demande-t-il pertinemment. Une idée en tout cas à fortement envisager au regard de ce film authentique derrière lequel se cache une véritable belle leçon de vie.

DROUIN ALICIA